Le cardinal Farrell appelle à des changements en pastorale familiale
Généralement considérées comme des «objets» de la pastorale, les familles doivent en devenir les «sujets», a souhaité le cardinal Kevin Farrell, préfet du Dicastère pour la famille, les laïcs et la vie, lors d’une conférence de presse présentant l’année Amoris laetitia le 18 mars 2021. Gabriella Gambino, sous-secrétaire du même dicastère, y a invité à lire l’exhortation de 2016 comme un «tout», déplorant la manière dont elle avait été abordée jusqu’à présent.
À la veille du lancement de l’année Amoris laetitia, décrétée par le pape François, le préfet du Dicastère pour la famille, les laïcs et la vie a présenté les enjeux de cette année spéciale qui doit débuter le 19 mars. En matière d’accompagnement pastoral des familles, l’Église n’en est qu’au début, a reconnu le prélat irlandais, qui possède aussi la nationalité américaine. Cette année est d’abord une occasion «d’aider de nombreuses familles à découvrir dans les souffrances de la vie le lieu de la présence du Christ et de son amour miséricordieux», a-t-il considéré, en notant que la pandémie avait accentué les souffrances des familles.
Moins de discours abstrait
Le renouvellement pastoral demandé par le pape François suppose un «changement de mentalité», a préconisé le chef de dicastère: il ne s’agit plus de penser les familles comme de «simples objets» de la pastorale des familles mais d’en faire les «sujets». Les familles sont de véritables «catéchèses vivantes» et l’Église doit davantage valoriser le message d’espérance qui émane de leur vie.
Le haut prélat a également insisté sur la nécessité de renouveler la formation des opérateurs pastoraux en charge des familles: ces derniers doivent être en mesure de montrer aux familles en quoi la grâce qui découle du sacrement du mariage peut répondre aux défis de la vie pratique et ne pas en rester à un discours abstrait.
Les prêtres doivent apprendre à recevoir des familles
Il a également invité les prêtres à «apprendre» des familles en cette année spéciale. Il existe «une grâce particulière qui jaillit des couples mariés et des familles», la grâce de la vie conjugale, a-t-il considéré. Elle consiste à vivre l’amour comme un don de soi pour les autres, «en faisant de cette attitude le moteur de toute action». Au contact de cette grâce, les prêtres ne peuvent que ressortir enrichis, a relevé le cardinal: ils doivent comprendre que s’il y a beaucoup à donner aux familles, «il y a encore plus à recevoir d’elles».
Pour Gabriella Gambino, cette année est l’occasion de renouveler les «stratégies» de la pastorale familiale, mais aussi de repenser sa finalité: plutôt que de se concentrer sur les échecs, elle doit mettre en lumière la beauté du sacrement du mariage. Face à la peur que suscite ce sacrement, l’Église doit savoir «aborder avec délicatesse les questions les plus graves des familles» et repartir des fondements de la foi pour faire découvrir la beauté de la vocation du mariage.
Un appel universel
Déplorant que les échanges autour d’Amoris laetitia se soient concentrés sur une seule partie du document (le chapitre 8, nldr), elle a invité à considérer l’exhortation apostolique comme un tout, et donc à valoriser tous les aspects spirituels et pastoraux du document. Lire ce texte en ayant seulement en tête le critère de ce qui est permis ou défendu conduit à s’égarer, a-t-elle mis en garde. «Nous vivons aujourd’hui une urgence vocationnelle», qui concerne non seulement la vie religieuse mais aussi le mariage, a résumé l’Italienne. Cette année doit donc selon elle permettre de «donner un nouveau souffle à l’institution de la famille, non seulement dans l’Église mais aussi dans le monde».
Également présents, Valentina et Leonardo Nepi, mari et femme, ont évoqué l’universalité du message du pape pour cette année. Si cette invitation en faveur de l’amour et de l’harmonie familiale peut être accueillie favorablement par ceux qui vivent le mariage comme un sacrement, c’est aussi un appel universellement valable. «Il s’agit avant tout d’une période propice pour cultiver de bonnes relations conjugales et familiales», ont-ils déclaré. (cath.ch/imedia/cg/rz)