Réouverture des Musées du Vatican: entre tristesse et émerveillement
Avez-vous déjà visité la Chapelle Sixtine dans le silence le plus complet? C’est l’expérience unique qu’a pu réaliser une poignée de visiteurs chanceux ce 1er février 2021, jour de la réouverture des Musées du Vatican. Moins de 400 personnes ont contemplé dans l’intimité les millions d’œuvres d’arts que les Musées du pape renferment.
«On dirait que nous sommes dans un univers parallèle, un autre monde, c’est très beau d’admirer des fresques sans personne», murmure Marina. Devant les fresques de la chambre de Constantin – l’une des quatre chambres de Raphaël – elle lâche un soupir d’émerveillement. Pour ce professeur et guide touristique, fine connaisseuse des musées, cette situation est pour le moins exceptionnelle. «Dans la Galerie des cartes géographiques, j’ai pu m’arrêter pour lire les descriptions et me remémorer mon latin. C’est un rêve, quelque chose d’irréel».
Des touristes moins nombreux que les gardiens
En cette première journée d’ouverture des Musées du Vatican, il faut s’aventurer parmi les nombreuses galeries pour apercevoir quelques touristes, moins nombreux que les gardiens. Si le Vatican ne souhaite pas communiquer sur le nombre de visiteurs, il semblerait que moins de 400 personnes se soient déplacées pour cette réouverture, bon nombre d’entre elles ayant préféré venir le matin. Un chiffre très faible par rapport à l’affluence habituelle (23’000 personnes par jour en 2019), mais qui semble déjà encourageant à en croire certains employés, soulagés de voir revenir les visiteurs après ces longues semaines de fermeture.
«Nous pensions qu’il y allait avoir très peu de personnes et en réalité il y a eu un bel afflux», estime Claudio, qui s’occupe d’alimenter les machines à café de l’ensemble de la structure. L’impossibilité pour les touristes de se rendre en Italie et le fait que de nombreux Romains travaillent ce 1er février explique selon lui que peu de personnes soient au rendez-vous. «Les gens vont revenir, espère une employée en charge de délivrer les audioguides. Beaucoup ne sont pas au courant de cette ouverture ou bien ont encore peur». En face de la Bibliothèque vaticane, une vendeuse se réjouit pour sa part des premières ventes qu’elle a pu réaliser ce matin.
«Plus tard, les touristes reviendront»
Parmi ceux qui ont profité de cette occasion unique, figurent de nombreux guides touristiques, privés de travail depuis maintenant un an. Muni d’une perche à selfie, Harvey prend plaisir à filmer les détails d’œuvres antiques. «Comme guides, nous vivons pour la culture et les musées sont fermés depuis des mois. C’est triste pour nous. Je suis venu ici dès le premier jour de la réouverture car je m’y sens comme à la maison. Je viens revoir tous mes lieux préférés, m’en imprégner. Demain je vais au Forum et au Colisée. Plus tard les touristes reviendront…».
Propriétaire d’une agence de voyage, Valentina n’a pas non plus pu exercer depuis plus d’un an. Elle tente aussi de profiter du bon côté de cette situation. «Comme nous avons du temps, nous sommes venues aujourd’hui voir les œuvres d’arts et cette visite me procure une émotion unique, assure-t-elle. Je pense que c’est une occasion qui n’arrivera sans doute jamais plus dans ma vie».
Se sachant chanceuse, son amie fait part toutefois de son malaise face à cette situation. «Je trouve cela triste qu’il n’y ait personne, j’espère que toutes ces œuvres pourront à nouveau être admirées. Une sensation que partage ce couple de Romains exerçant une profession libérale: «C’est triste car cela signifie que l’économie est à l’arrêt». Ayant une journée de libre, ils en ont profité pour faire un peu de tourisme, une manière selon eux «d’aider» l’économie de leur pays.
Cette journée a également été une véritable aubaine pour les nombreux étudiants bien souvent coincés derrière leur écran faute de pouvoir assister aux cours. Chiara et Sephano ont ainsi décidé de «fêter» la fin de leurs examens de droit en s’immergeant au cœur des merveilles du Vatican. Un moment qu’ils sont loin d’oublier: «toutes les œuvres d’art qui sont là semblent seulement pour nous», se réjouissent-ils.
Mais le clou du spectacle reste sans doute la visite de la Chapelle Sixtine, dans le calme le plus complet. Pas de guides touristiques bruyants ni de problèmes pour se mouvoir. Chacun peut librement s’entretenir avec Michel-Ange et Botticelli et, comble du luxe, s’assoir et lever les yeux pour admirer la voûte. Même les gardiens de cette salle plus que prisée l’avouent: «Cette occasion est unique». (cath.ch/imedia/cg/bh)