Eric Caboussat | © Bernard Litzler
Suisse

Le credo d’un éditeur heureux: Eric Caboussat

L’éditeur Eric Caboussat, 72 ans, ancien directeur de Cabédita, sort d’une année 2020 particulière. Sans ambages, il se livre sur ses activités, la marche des affaires stimulée par le confinement, sa collection consacrée à la spiritualité et formule ses vœux pour 2021. Rencontre à Bière, dans le Jura vaudois.

Il reçoit en short… On est pourtant bien à Bière, dans le Jura vaudois, et c’est l’hiver. Mais il est ainsi, Eric Caboussat. Simple, convivial et inattendu. Dans son antre peuplé de bouquins, l’ex-patron de Cabédita virevolte, plaide, montre ses livres, parle encore et encore. Le rencontrer, c’est approcher une bibliothèque, dont il connaît tous les recoins. «Cabédita, c’est 973 livres édités», annonce-t-il. Et l’histoire ne s’arrête pas là. A 72 ans, «l’éditeur à la retraite» qui a cédé sa société au Genevois Slatkine continue d’œuvrer avec son épouse Valérie, devenue la patronne de Cabédita.

Eric Caboussat, par Micha Grin: le livre paru en 2004 revient sur la vie de l’éditeur © DR

«On publie toujours, dit-il. Regardez les derniers titres: il y a des bandes dessinées, un livre sur les «Vaudoiseries» qui marche super bien, avec 24’000 tirages. Et on prépare, pour l’an prochain, des bouquins sur les Bourbakis, sur la clinique de La Lignière, sur le gruyère d’alpage de Charmey, entre autres», confie-t-il, intarissable.

2,5 millions de titres vendus

L’esprit en éveil, constamment. Sur des sujets variés, sur la région et ses particularités, sur la Suisse romande et les terroirs francophones voisins. Eric Caboussat, c’est une intelligence à l’affût, un goût du risque assumé, un regard curieux sur le monde. Et la crise sanitaire de 2020 lui a donné raison. «La crise, j’adore… Nous avons eu une hausse de nos commandes de livres. Grâce à la vente par correspondance.»

Nouveauté dans le catalogue de Cabédita: la bande dessinée qui revient sur les années de guerre, vues de Suisse © DR

Il est loin le temps où l’ancien facteur et syndicaliste quittait la Poste de Morges, à la fin des années 1980, pour se lancer dans l’édition. 33 ans ont passé depuis. Il a aussi été élu à la commune de Morges et au Grand Conseil vaudois. Mais le passionné d’écriture a surtout troqué la distribution postale contre l’édition: «J’ai toujours voulu offrir aux gens ce qui leur manquait», résume-t-il. Résultat: 2,5 millions de livres vendus. Avec une maxime: «Le passé au service de l’avenir». Son premier livre comme éditeur: une histoire de la commune de Gland d’où il est originaire. Le bouquin marcha bien et, fort de ce premier succès, il a continué.

50 titres religieux

Il se lança dans un tourbillon éditorial incessant. Avec un intérêt constant et marqué pour la culture locale. Les collections sur l’histoire et le patrimoine, la cuisine régionale, les combats des femmes, sur le Pays romand, puis la Savoie et la Franche-Comté, la faune et la flore, l’histoire militaire, les contes et légendes régionales, se sont succédé. «J’ai appris par les livres et je voulais partager mes passions au grand public». Nouvelle perle, récente, à la collection: la bande dessinée avec les deux guerres mondiales vues de Suisse.

Son atout commercial: les salons. «Pour être vu des gens, être senti. On faisait 8 à 10 salons ou marchés par trimestre. C’est à ce prix que tu réussis…». Proche du public, en interaction permanente avec le terrain. Et les choix éditoriaux se sont enchaînés, entre coups de cœur, invitations et sollicitations qu’il faisait aux auteurs. «J’aime éditer des livres qui me motivent»….

Au Salon du Livre 2017 à Genève, Eric Caboussat et son épouse, sur le stand de Cabédita | © Bernard Litzler

La spiritualité a également poussé notre Vaudois, chrétien engagé. Depuis 2014, plus de 50 titres religieux ont enrichi son catalogue. Le bibliste protestant Daniel Marguerat a servi de détonateur et un diffuseur, trouvé en France, a permis le développement de ces titres. La série est en cours: Bible, histoire de l’Eglise, méditations… Cabédita est devenu un éditeur religieux qui compte.

«Davantage de place à la seule Présence»

Les années passant, Eric Caboussat le concède: «Aujourd’hui je donne beaucoup plus à ce Dieu qui m’habite. Cela prend du temps, mais quelle renaissance permanente: une jouissance grandissante de l’esprit dans un corps qui faiblit». Il évoque aussi son aventure de couple: «Quand Dieu s’invita dans notre couple, nous l’avons accueilli sans intermédiaire. Un vrai cœur à cœur avec le Vivant, d’où le sentiment merveilleux de côtoyer une part d’éternité».

Et c’est en ce sens, qu’il envisage l’année qui s’ouvre. Pour 2021, il espère «continuer à entretenir des sentiments essentiels comme la reconnaissance, car les dons reçus ne sont que cadeaux de Dieu». Et il espère «voir le vieil homme qui m’habite encore laisser encore plus de place à la seule Présence». (cath.ch/bl)

Eric Caboussat | © Bernard Litzler
4 janvier 2021 | 17:00
par Bernard Litzler
Temps de lecture : env. 3  min.
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