Les Conseils des aumôneries œcuméniques et interreligieuses du canton de Vaud ont été installés en mars 2015 à la cathédrale de Lausanne | ©  Gérard Jaton / EERV
Vatican

Vademecum pour guider l'évêque dans ses responsabilités œcuméniques

Le Conseil pontifical pour la promotion de l’unité des chrétiens publie, le 4 décembre 2020, un vademecum sur l’œcuménisme destiné aux évêques. Ce document vise à encourager et guider les prélats dans l’exercice de leurs responsabilités œcuméniques. Deux mois après la publication de l’encyclique Fratelli tutti, ce texte propose des pistes concrètes pour mettre en œuvre la fraternité avec les «frères et sœurs en Christ».

Publié vingt-cinq ans après l’encyclique Ut unum sint du pape Jean Paul II, le texte d’une trentaine de pages ne comporte pas de nouveautés particulières. Il est avant tout un rappel des principes fondamentaux de l’œcuménisme et un encouragement à prendre des initiatives concrètes en faveur de l’unité.

L’œcuménisme comme devoir

Intitulé «L’évêque et l’unité des chrétiens», ce vademecum rappelle que les évêques en sont les premiers responsables. Il leur appartient d’apprécier les défis et les opportunités du contexte dans lequel ils se trouvent et de discerner les façons d’appliquer les principes catholiques de l’œcuménisme. Pour le Conseil pontifical pour l’unité des chrétiens, ce document élaboré en trois ans est un encouragement et un guide permettant aux évêques d’exercer leurs responsabilités en matière d’œcuménisme. Cette charge, insiste le Conseil, n’est pas pour l’évêque une «dimension facultative de son ministère mais un devoir et une obligation».

Le rôle de l’évêque revêt une importance capitale concernant notamment la question de l’administration et de la réception des sacrements – en particulier celui de l’Eucharistie. Sur ce point, lui revient la capacité d’évaluer s’il est possible de l’administrer à un chrétien non-catholique.

Pour effectuer ce discernement, le Directoire œcuménique de 1993 s’inspire de deux principes de base énoncés par Unitatis redintegratio – décret sur l’œcuménisme de Vatican II. Le premier principe veut que la célébration des sacrements dans une communauté «exprime l’unité de l’Église»; le second, que les sacrements fassent «participer aux moyens de grâce».

Prudence pour l’intercommunion

Ainsi, dans certaines circonstances, de façon exceptionnelle et à certaines conditions, l’admission à ces sacrements peut être autorisée ou même recommandée à des chrétiens d’autres Églises. L’évaluation de l’applicabilité de ces principes dépend donc de l’évêque qui devra garder à l’esprit que les possibilités diffèrent selon les Églises.

Le vademecum souligne encore que le jugement de l’évêque «est toujours un discernement pastoral, autrement dit, un discernement qui a trait au soin et au salut des âmes». Le «partage des sacrements ne doit en aucun cas advenir par pure politesse». Dans tous les cas, la «prudence est de mise» pour éviter que cela ne crée la confusion ou le scandale parmi les fidèles. 

Par ailleurs, l’évêque diocésain est appelé à autoriser les mariages mixtes et peut, dans certains cas, concéder une dispense de forme canonique. Les mariages interconfessionnels ne doivent pas être considérés comme un problème «car ils sont souvent un lieu privilégié où se bâtit l’unité des chrétiens». Cependant, il convient d’être attentif à la souffrance que la division des chrétiens cause dans ces familles. Un effort spécial doit donc être consenti pour les encourager à participer aux activités œcuméniques paroissiales ou diocésaines.

Appliquer le principe de subsidiarité

Pour aider l’évêque dans sa mission, le vademecum lui recommande de nommer un délégué diocésain pour les questions œcuméniques. Ce dernier pourra représenter le diocèse auprès des autres communautés chrétiennes locales. Si possible, «ce rôle devra être distinct de celui du délégué au dialogue interreligieux».

Le Directoire œcuménique invite aussi chaque diocèse à se doter d’une commission chargée de superviser la formation œcuménique, d’organiser des consultations avec les autres communautés chrétiennes, et de promouvoir avec elles un témoignage de foi commun. Il s’agit également pour l’évêque d’encourager la nomination d’assistants paroissiaux à l’œcuménisme. Chaque paroisse devrait être le lieu de l’authentique témoignage œcuménique. Dès lors, il serait bon qu’un paroissien soit chargé des relations œcuméniques locales.

Lorsque les conférences épiscopales sont suffisamment importantes, le Directoire œcuménique recommande par ailleurs la création d’une commission épiscopale chargée de promouvoir l’activité œcuménique. Cette instance sera assistée par une équipe d’experts et dotée, si possible, d’un sec ne présuprétariat permanent, détaille encore le texte.

L’œcuménisme ne présuppose pas le compromis

Le document insiste sur le fait que «l’œcuménisme ne présuppose pas le compromis». Au contraire, la quête de l’unité doit conduire à une meilleure appréciation de la vérité révélée de Dieu. D’où l’importance que les catholiques soient bien formés et capables d’»expliquer la foi catholique de façon plus profonde et plus juste, en utilisant une manière de parler et un langage qui soient facilement accessibles, même aux frères séparés».

Aussi, concernant la formation des séminaristes, il est important que tous les séminaires et toutes les facultés catholiques de théologie disposent d’un cours obligatoire sur l’œcuménisme.

L’importance accrue des médias sociaux et d’internet

Autre point rappelé aux évêques, l’usage des médias sociaux et des sites internet diocésains peut jouer un rôle essentiel dans le rapprochement des chrétiens divisés. Cette présence dans les médias doit démontrer que les catholiques estiment leurs frères et sœurs chrétiens.

Le document insiste sur la responsabilité de ceux qui administrent les sites diocésains et rappelle que la page œcuménique du site diocésain est un excellent endroit pour faire connaître les événements et les nouvelles.

Les catholiques doivent faire le premier pas

Le document rappelle en outre la nécessité de rechercher des occasions de prier avec les autres communautés. À ce titre, le Notre-Père constitue une prière appropriée à réciter avec les autres chrétiens avec qui « nous partageons le baptême ». Tout en soulignant que les fidèles «doivent être conscients que certaines communautés chrétiennes ne pratiquent pas la prière avec d’autres chrétiens». Les catholiques ne doivent pas attendre que les autres chrétiens viennent à leur rencontre  au contraire, ils doivent toujours être prêts à faire le premier pas vers les autres.

Invitant les évêques à marquer la Semaine pour l’unité des chrétiens, (célébré habituellement en janvier ndlr) le vademecum préconise l’organisation conjointe d’événements – pèlerinages, processions œcuméniques ou encore échanges de reliques. Les prêtres catholiques et les autres ministres chrétiens peuvent, lorsque cela est approprié, s’inviter mutuellement à partager le ministère de la prédication. Ces invitations devant toutefois être réalisées dans le cadre de célébrations non-eucharistiques.

Les catholiques doivent poursuivre un dialogue constant, qu’il soit théologique ou pratique, est-il demandé, pas seulement pour mieux connaître les autres chrétiens mais d’abord pour «recueillir ce que l’Esprit a semé en eux comme don aussi pour nous ». Dans ce cadre, ils sont invités à affronter les mêmes défis et à partager leurs expériences pastorales. À ce titre, l’évêque peut permettre à une autre communauté chrétienne d’utiliser une église catholique. Une telle décision doit cependant être prise après discernement pour s’assurer que cela ne créera pas de scandale ou de confusion.

Un travail de purification de la mémoire

Le travail de purification de la mémoire entre les communautés doit être poursuivi, souligne le Vatican en érigeant en exemple la commémoration du 500e anniversaire de la Réforme par les catholiques et les luthériens en 2017. Les catholiques sont aussi appelés à reconnaître un «œcuménisme de sang», selon l’expression consacrée du pape François, et à honorer ainsi les chrétiens issus d’une autre tradition qui ont subi le martyre.

Le vademecum insiste enfin sur le rôle des consacrés en matière d’œcuménisme, rappelant qu’aucun institut de vie consacrée ne doit se sentir dispensé de travailler pour cette cause. (cath.ch/imedia/mp)

Les Conseils des aumôneries œcuméniques et interreligieuses du canton de Vaud ont été installés en mars 2015 à la cathédrale de Lausanne | © Gérard Jaton / EERV
4 décembre 2020 | 14:55
par I.MEDIA
Temps de lecture : env. 5  min.
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