Vingt citations pour comprendre «Un temps pour changer»
Dans son dernier livre «Un temps pour changer» (Flammarion) écrit avec le journaliste britannique Austen Ivereigh, le pape François aborde de nombreuses questions ecclésiales et sociétales. Coronavirus, place de la femme, avortement, abus, ou encore Ouïghours… L’agence I.MEDIA a sélectionné 20 citations clés.
1. L’Église face au confinement
«J’ai été vraiment impressionné par la façon dont tant de personnes dans l’Église ont réagi à la pandémie, en cherchant de nouvelles formes de proximité avec les gens tout en respectant strictement les mesures de distanciation sociale […]. C’est une époque, dans l’Église, de séparation forcée, mais c’est aussi un temps où nous pouvons nous réunir de façon nouvelle et créative en tant que peuple de Dieu.»
2. Contre le racisme et la mentalité de l’exclusion
«Jésus remet en question la mentalité qui, dans le pire des cas, conduit à l’utilisation de termes racistes, qui dénigre ceux qui n’appartiennent pas à un groupe particulier, qui dépeint les migrants comme une menace et construit des murs pour dominer et exclure.»
3. Explorer le revenu de base universel
«Je pense qu’il est temps d’explorer des concepts tels que le revenu de base universel (RBU), également connu sous le nom d’impôt négatif sur le revenu (INR): un paiement forfaitaire inconditionnel à tous les citoyens, qui pourrait être versé par le biais du système fiscal».
4. Vulnérabilité des déracinés
«Je suis préoccupé par un certain type de culture médiatique qui cherche à déraciner en particulier les plus jeunes de leurs traditions les plus riches, en les dépouillant de leur histoire, de leur culture et de leur héritage religieux. Une personne déracinée est très facile à dominer.»
5. Culture de vie
«Si tu penses que l’avortement, l’euthanasie et la peine de mort sont acceptables, ton cœur aura du mal à se soucier de la contamination des rivières et de la destruction de la forêt tropicale.»
6. Rejet de la vie à venir et de l’immigré
«Avec l’avortement comme avec la fermeture des frontières, nous refusons ce réajustement de nos priorités, sacrifiant des vies humaines pour défendre notre sécurité économique ou pour apaiser notre crainte que la parentalité ne bouleverse nos vies. […] Je me pose souvent ces deux questions: est-il juste d’éliminer une vie humaine pour résoudre un problème? Est-il juste d’engager un assassin pour résoudre un problème?»
7. La beauté de la musique synodale
«Dans la dynamique d’un synode, les différences sont exprimées et polies jusqu’à ce que l’on parvienne, sinon à un consensus, du moins à une harmonie qui conserve les fines nuances de ses différences. C’est ce qui se passe en musique: avec sept notes, leurs dièses et leurs bémols, on crée une harmonie qui permet de mieux articuler les singularités de chaque note. C’est là que réside sa beauté: l’harmonie qui en résulte peut être complexe, riche et inattendue. Dans l’Église, c’est l’Esprit-Saint qui crée cette harmonie.»
8. Les abus dans les communautés post-Vatican II
«Dans l’histoire de l’Église, il a toujours existé des groupes qui se sont retrouvés dans l’hérésie à cause de cette tentation de l’orgueil qui leur donnait le sentiment d’être supérieurs au Corps du Christ. À notre époque, depuis le concile Vatican II (1962-1965), nous avons eu des idéologies révolutionnaires suivies d’idéologies restaurationistes. Dans tous les cas, ce qui les caractérise, c’est la rigidité. […] Derrière chaque groupe qui cherche à imposer son idéologie à l’Église, on retrouve la même rigidité. Tôt ou tard, il y aura une révélation choquante concernant le sexe, l’argent et le contrôle des esprits.»
9. Femme et cléricalisme
«Peut-être à cause du cléricalisme, qui est une corruption du sacerdoce, beaucoup de gens croient à tort que la direction de l’Église est exclusivement masculine. Mais si tu vas dans n’importe quel diocèse du monde, tu verras des femmes diriger des départements, des écoles, des hôpitaux et beaucoup d’autres organisations et programmes […]. Dire qu’elles ne dirigent pas vraiment parce qu’elles ne sont pas prêtres, c’est du cléricalisme et c’est irrespectueux.»
10. Se protéger de tous les virus
«Regarde-nous maintenant: nous mettons des masques pour nous protéger et protéger les autres d’un virus que nous ne pouvons pas voir. Mais qu’en est-il de tous ces autres virus invisibles dont nous devons nous protéger? Comment nous comporterons-nous contre les pandémies cachées de ce monde, les pandémies de la faim, de la violence et du changement climatique?»
11. Faux messies
«Fais attention à ceux qui prétendent aujourd’hui prédire l’avenir avec une sorte de clarté et de sécurité. Dans les crises apparaissent toujours de ‘faux messies’ qui ignorent la liberté du peuple à construire son propre avenir, et qui se ferment à l’action de Dieu […]. Dieu agit dans la simplicité des cœurs ouverts, dans la patience de ceux qui savent s’arrêter tant qu’ils n’y voient pas clair.»
12. La Tradition n’est pas un musée
«La Tradition n’est pas un musée, la vraie religion n’est pas un congélateur, et la doctrine n’est pas statique mais elle grandit et se développe, comme un arbre qui reste le même mais qui grandit et porte toujours plus de fruits. Certains prétendent que Dieu a parlé une fois pour toutes – presque toujours exclusivement de la manière et sous la forme que ceux-là connaissent déjà bien.»
13. Le pape et le diable
«Le retour du diable sous forme de tentation est une longue tradition dans l’Église. Pense aux tentations de saint Antoine, par exemple, ou de sainte Thérèse de Lisieux qui demande qu’on lui jette de l’eau bénite parce que le diable l’encercle en espérant qu’elle finira par trébucher. À mon âge, je devrais avoir des lunettes spéciales pour voir quand le diable m’environne pour me faire trébucher à la fin, parce que c’est là où je suis: je suis à la fin de ma vie.»
14. La stérilité du bien-être
«Le fruit du bien-être égoïste est la stérilité. L’hiver démographique que vivent actuellement de nombreux pays occidentaux est le fruit de cette culture complaisante du bien-être. Il est difficile pour les gens de comprendre comment le ‘benessere’ [bien-être, en italie, ndlr], qui semble être une chose souhaitable, devrait être l’état dont nous avons désespérément besoin d’être sauvés.»
15. L’écologie n’est pas une idéologie
«[L’écologie est] une prise de conscience, pas une idéologie. Il existe des mouvements verts qui transforment l’expérience écologique en idéologie, mais la conscience écologique n’est que cela: une conscience, pas une idéologie. C’est être conscient de ce qui est en jeu dans le destin de l’humanité.»
16. L’Histoire est ce qu’elle est
«L’Histoire est ce qu’elle est, et non ce que nous voudrions qu’elle soit; et quand nous essayons de la camoufler sous une idéologie, nous opacifions la perception de ce qui, dans notre présent, doit changer en vue d’un avenir meilleur.»
17. Critique de la politisation des mouvements pro-vie
«Encore une fois, malheureusement, nous ne pouvons pas ignorer ceux qui, dans notre Église, tombent dans cet état d’esprit. Certains prêtres et laïcs ont perdu le sens de la solidarité et de la fraternité avec le reste de leurs frères et sœurs. Ils ont transformé en une bataille culturelle ce qui était en réalité un effort pour assurer la protection de la vie.»
18. Abus et #Metoo
«Il ne doit plus y avoir d’abus – qu’ils soient sexuels, ou de pouvoir et de conscience – que ce soit à l’intérieur ou à l’extérieur de l’Église. Nous voyons le même réveil dans toute la société: dans le mouvement #MeToo, dans les nombreux scandales autour des politiciens puissants et riches, des magnats des médias et des hommes d’affaires – prédateurs de leur peuple.»
19. Première dénonciation des persécutions contre les Ouïghours
«Je pense souvent aux peuples persécutés : les Rohingyas, les pauvres Ouïghours, les Yazidis – ce que Daesh leur a fait est proprement cruel – ou les chrétiens d’Égypte et du Pakistan tués par des bombes qui ont explosé pendant qu’ils priaient à l’église.»
20. Le style de vie à éviter pour s’engager
«Si tu as un penchant pour la bonne chair, les voitures de luxe et autres, ne t’approche pas des mouvements populaires et de la politique (et, s’il te plaît, du séminaire non plus). Un style de vie sobre et humble dédié au service vaut bien plus que les milliers de followers sur les réseaux sociaux.» (cath.ch/imedia/cd/rz)