Restrictions pour les messes: des Valaisans au Tribunal fédéral
Alors que le nombre de décès en Suisse dépasse désormais les 3’600, des milieux catholiques se mobilisent pour que les sévères restrictions concernant les messes soient levées. Dans le canton du Valais, l’interdiction de célébrer des messes à plus de dix personnes est contestée devant le Tribunal fédéral, tandis que d’autres démarches sont entreprises dans divers cantons.
Agissant au nom de «cinq jeunes fidèles du diocèse de Sion qui avaient mis sur pied une fois par mois à Saint-Pierre-de-Clages une messe en latin», l’avocat et notaire Marc-André Mabillard interpelle le Tribunal fédéral à Lausanne. Il conteste devant les juges de Mont-Repos la décision du Conseil d’Etat valaisan du 21 octobre 2020 d’interdire toute cérémonie religieuse à plus de dix personnes dans les églises valaisannes.
Pas plus de dix personnes
A partir du 22 octobre 2020, et au moins jusqu’au 30 novembre, la participation aux messes et offices religieux en Valais sera limitée à 10 personnes, avait annoncé à la même date l’abbé Pierre-Yves Maillard, vicaire général du diocèse de Sion.
L’avocat valaisan veut se battre pour que la liberté de pratiquer soit prise en considération, estimant comme les jeunes recourants, ne pas comprendre que le gouvernement valaisan ne tienne pas compte de la taille des lieux de culte pour exiger une limite de fréquentation, comme cela peut se faire dans les magasins.
A Fribourg et Genève aussi
Le Tribunal cantonal valaisan ayant refusé sa demande provisionnelle visant à permettre l’accès de plus de dix fidèles aux cérémonies religieuses, l’avocat de Leytron a déposé un recours auprès du Tribunal fédéral contre cette décision.
A Fribourg, des personnalités, comme Dominique de Buman, s’insurgent également contre la limitation du nombre de fidèles autorisés. Le politicien démocrate-chrétien fribourgeois, qui convient qu’il faut absolument respecter les mesures sanitaires, est partisan de mesures plus nuancées et moins linéaires.
Les centres commerciaux sont ouverts
«La restriction à 30 du nombre de personnes pouvant assister aux services religieux dans les églises du canton de Fribourg n’a pas de sens», estime-t-il, considérant que le nombre doit être adapté à la taille des églises. «Les fidèles doivent être au centre de l’attention et non pas les interdits». Il relève également que les centres commerciaux sont ouverts.
Dans la cité de Calvin, le conseiller municipal UDC de Genève Eric Bertinat, aux côtés de l’abbé Jean de Loÿe, prieur de l’Oratoire Saint-Joseph, de la Fraternité sacerdotale Saint Pie X (FSSPX), est à l’origine de plusieurs démarches visant les mesures de restriction concernant les messes en Suisse romande.
Manifs en France voisine
Les messes sont suspendues pour les cantons de Genève, Neuchâtel et Vaud: dans le cadre privé, 5 personnes – célébrant compris – peuvent se rassembler. Dans les autres cantons, les messes sont encore pratiquées en public, avec une limite de 10 personnes pour le Valais, 15 pour la partie francophone de Berne, 30 pour Fribourg et 50 pour le Jura, comme pour la plupart des cantons du diocèse de Bâle.
Dans d’autres pays, comme la France voisine, des centaines de catholiques se sont rassemblés le week-end dernier dans une quinzaine de diocèses de l’Hexagone, sur le parvis des églises, pour réclamer le retour de la messe publique. Interdites pendant le confinement, les cérémonies pourraient reprendre à partir du 1er décembre – «en respectant les protocoles nécessaires à une reprise maîtrisée», si les conditions sanitaires le permettent.
Tristesse mais désapprobation
Mgr Pierre-Yves Michel, évêque de Valence, a rencontré des organisateurs d’un rassemblement pour le retour de la messe dans son diocèse et dit partager leur tristesse et leur déception.
Mais il ne soutient pas leur initiative pour autant: «Je pense qu’elle n’envoie pas le bon signal pour notre Eglise, qui, selon moi, doit prendre le chemin du service plutôt que celui de la confrontation. Je préférerais que les catholiques montrent qu’ils prennent leur part de souffrance en ces temps difficiles et qu’ils dépassent ce sentiment d’injustice. Dimanche [15 novembre, ndlr], nous célébrerons la Journée mondiale des pauvres, je crois qu’il faut y voir un signe et une opportunité pour les chrétiens, pour comprendre où nous sommes appelés». (cath.ch/be)