La ronde des démons vitrail de la Cathédrale de Bourges © Maurice Page
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Pédophilie: 320 victimes déclarées dans les diocèses français

La Conférence des évêques de France (CEF), réunie en assemblée plénière par visio-conférence pour sa session d’automne, a abordé le 5 novembre 2020 le thème de la lutte contre la pédocriminalité. 320 victimes présumées se sont manifestées auprès des diocèses, entre septembre 2018 et septembre 2020.

Le troisième rapport sur la lutte contre la pédophilie dans l’Église a été présenté par Mgr Dominique Blanchet, évêque de Belfort –Montbéliard: Il fait état de 320 personnes se déclarant victimes auprès des diocèses entre septembre 2018 et septembre 2020.  Sur la même période, 110 signalements ont été adressés aux procureurs par les évêques. Sur les 191 auteurs mis en cause, 8 ont été mis en examen. Il s’agit de six prêtres diocésains et de 2 religieux. Quatre prêtres et un religieux ont été incarcérés.

Ces chiffres sont en augmentation par rapport à la période précédente. La CEF y voit un signe que la parole s’est libérée, grâce à la création des cellules d’accueil et d’écoute des diocèses. Il s’agit également du fruit des appels à témoigner auprès de la Commission indépendante sur les abus sexuels sur mineurs dans l’Église catholique (Ciase). Créée en 2018, elle a identifié près de 3 500 victimes depuis 1950.

Les évêques ont aussi fait un état des lieux des quatre chantiers lancés en 2018 : la «reconnaissance financière de la souffrance» des victimes, le travail de mémoire, la prévention et l’accompagnement des prêtres coupables.

Des indemnités toujours en débat

La question de l’aide financière aux victimes est toujours en débat. Il s’agit de nommer et quantifier «ce geste concret» marquant «l’engagement de l’Église à leur côté» a expliqué Mgr Dominique Blanchet. Le fonds serait notamment abondé par des dons de fidèles. En novembre 2019, les évêques, à une large majorité, avaient adopté le principe d’un «geste financier forfaitaire» qui aura valeur de «reconnaissance de la souffrance». Reste désormais à en fixer le montant. Or, les finances de l’Église de France, grevée par l’effet des confinements, sont déjà mises à mal. Une somme de 3’000 à 5000 euros serait à l’étude, déjà jugée comme symbolique ou même dérisoire par les victimes.

Autre chantier encore ouvert, celui de l’accompagnement des auteurs. «Que deviennent-t-ils?». L’évêque interroge sur le suicide de prêtres mis en cause, sur l’accompagnement des condamnés ayant purgé leur peine et celui de ceux mis en examen et suspendus, avant parfois d’être blanchis. Impossible, dit-il de se désintéresser de la question.

L’Église catholique a pris conscience que la place des personnes victimes, qui passe par le travail avec elles et par la prise en compte de leur parole, est essentielle dans la démarche engagée, conclut la CEF. (cath.ch/cx/com/ag/mp)

La ronde des démons vitrail de la Cathédrale de Bourges © Maurice Page
6 novembre 2020 | 14:39
par Maurice Page
Temps de lecture : env. 2  min.
Abus sexuels (1289), CEF (134), Pédophilie (149)
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