Multinationales responsables: Karin Keller-Sutter critique les Eglises
La conseillère fédérale Karin Keller-Sutter regrette que les Eglises soutiennent l’initiative «Pour des multinationales responsables». Elle estime que les communautés religieuses ne doivent pas se mêler de politique.
La radicale Karin Keller-Sutter s’est faite la porte-drapeau des opposants à l’initiative «Pour des multinationales responsables», soumise au peuple suisse le 29 novembre 2020. Dans le journal Le Matin Dimanche du 1er novembre 2020, elle critique ainsi la prise de position de la Conférence des évêques suisses (CES) et de l’Eglise évanglique réformée de Suisse (EERS) en faveur du texte.
Considérant qu’elle est «probablement la conseillère fédérale la plus proche des Églises», Karin Keller-Sutter juge que ce ne sont pas ces dernières qui définissent qui est un bon chrétien «mais le bon Dieu!» Elle rappelle avoir toujours dit que «leur tâche [des Eglises] n’était pas de se mêler de l’actualité politique mais d’accompagner les croyants et de traiter des questions éthiques qui les touchent directement». Elle ne comprend ainsi pas pourquoi les Eglises se mêlent tant du débat sur l’initiative «pour des multinationales responsables», alors qu’elles ne parlent pas de la discrimination des homosexuels ou encore du mariage pour tous.
Une initiative «arrogante»?
Le texte demande que les entreprises qui ont leur siège en Suisse rendent des comptes devant les tribunaux du pays pour d’éventuels dommages à l’environnement ou violation des droits humains commis par leurs filiales à l’étranger. Sous l’auspice de la cheffe du Département de Justice et Police, le Conseil fédéral a élaboré un contre-projet moins contraignant.
Karin Keller-Sutter assure qu’il ne s’agit pas d’un vote pour ou contre les droits humains ou la protection de l’environnement, mais «sur les instruments juridiques que la Suisse choisit pour faire respecter ces droits». Pour la conseillère fédérale, l’initiative «va trop loin». Elle avertit que des entreprises suisses pourraient, si le texte était accepté, quitter les pays où elles sont actives, et être remplacées par des multinationales d’autres pays moins «attentives» aux droits humains et à l’environnement. La femme politique saint-galloise qualifie par ailleurs l’initiative «d’arrogante», dans la mesure où elle pourrait porter atteinte à la souveraineté juridique d’autres pays. (cath.ch/matin/24h/rz)