De jeunes chrétiens vaudois prêchent sur leur chaîne YouTube
La communauté chrétienne Open Source Church, fondée à Lausanne, a lancé sa propre chaîne YouTube. Objectif: faire le lien entre la Bible et la culture geek.
Par Estelle Pastoris, Protestinfo
Open Source Church, c’est une communauté chrétienne créée par des geeks pour les geeks. Fondée au sein de la paroisse réformée de Saint-François – Saint-Jacques, à Lausanne, elle tisse sa toile derrière les écrans. Elle vient de lancer sa propre chaîne YouTube avec le pari un peu fou de faire le lien entre la Bible et la culture geek. Les nouvelles vidéos paraîtront à un rythme hebdomadaire. La communauté n’en est pas à son coup d’essai: depuis 2019, elle publie un blog, les podcasts «In Fabula Veritas», et organise des soirées «JeudreGeeks».
«Open Source Church, ce sont des gens passionnés par la culture geek et l’Évangile, qui pensent que ces deux mondes peuvent cohabiter et carrément bien s’entendre», présente Noémie Émery, animatrice spirituelle à l’origine des vidéos, dans le trailer de la chaîne. Pour elle, l’articulation proposée est relativement inédite.
Avec la chaîne YouTube, les membres testent et explorent, amenant des thèmes tels que le Cantique des Cantique ou encore l’engagement écologique dans la foi. «Le principe de la chaîne est de produire des vidéos courtes, denses et avec du contenu théologique accessible», souligne Benoît Ischer, un des jeunes engagés dans le projet.
Le manga et la Bible
En quoi la culture geek est-elle un canal accessible pour transmettre l’Évangile? «En partant de cette culture, on peut parler de personnages qui nous interpellent, voire qui évoquent le Christ. Aujourd’hui, un manga est souvent plus parlant que la Bible, mais les deux univers peuvent se superposer, donnant des clés de lecture de la foi chrétienne», explique Noémie Émery. Dans une des vidéos, Clément Estrabaud met d’ailleurs en lien l’élection du chrétien – une personne choisie pour grandir dans l’amour de Dieu – et celle d’un personnage de fiction, choisi pour faire régner la justice.
Selon Olivier Keshavjee, pasteur et fondateur de la communauté Open Source Church, la culture geek se définit en trois pôles: le jeu (vidéo, de rôle, de société), l’imaginaire (fantaisie, légende, fiction) et la technologie (sciences, informatique). Il ajoute que, «dans la société actuelle, les gens passent énormément de temps derrière les écrans; il serait dommage que l’Église n’en tienne pas compte».
Un constat partagé par Matthieu Pellet. Ce maître d’enseignement et de recherche (MER) en histoire des religions à l’Université de Lausanne, également concepteur de jeux vidéo, affirme que ces derniers sont un des produits les plus prisés du monde du divertissement, avec 93% de consommateurs à travers le monde. Noémie Émery constate elle aussi que la culture geek touche un public de plus en plus large. «A l’origine, la culture geek était marginale, désignant caricaturalement des personnes passionnées d’informatique et cachées dans leur cave. Aujourd’hui, tout le monde a accès à l’informatique.»
Vecteur de la foi
Passionné de culture japonaise et de gaming, Matthieu Pellet comprend tout à fait que la culture geek soit aujourd’hui un vecteur de la foi chrétienne. Selon lui, le christianisme a une place de longue date dans les jeux vidéo. «A partir du moment où un concepteur de jeux traite du Moyen Age, il est automatiquement immergé dans le christianisme. Même dans la série américaine Game of Thrones, le personnage de Jon Snow rappelle le Christ.» (cath.ch/protestinfo/ep/rz)