Les scandales d'abus sexuels ont endommagé l'image de l'Eglise. | © Pixabay
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Le Mouvement des Focolari mis en cause dans une affaire d'abus sexuels

Le Mouvement international des Focolari a décidé d’ouvrir une enquête extraordinaire, qui sera confiée à un organe indépendant, sur le traitement des cas d’abus sexuels sur une trentaine de mineurs commis dans les années 1980 par un ex-membre laïc consacré du mouvement des Focolari en France. L’enquête devra déterminer les éventuelles omissions et couvertures des responsables du mouvement, indique un communiqué du 22 octobre 2020.  

La tâche de la commission d’enquête sera l’écoute des victimes présumées et un nouveau recueil de témoignages, ainsi que la recherche d’éventuelles omissions, couvertures ou silences de la part de responsables du Mouvement. Au terme de l’enquête, l’organe indépendant rendra public son rapport final, indique le bureau de communication du mouvement à Rome.

Démission des responsables français des Focolari

Dans le but de permettre le déroulement complet de l’enquête et d’en garantir la transparence totale, la présidente du Mouvement des Focolari, Maria Voce, a accepté le 21 octobre 2020 la démission de Bernard Bréchet et Claude (Christiane-Marie) Goffinet, co-responsables du Mouvement des Focolari en France, et d’Henri-Louis Roche, co-responsable du Mouvement des Focolari pour l’Europe Occidentale, de leurs mandats respectifs.

Pour une pleine reconnaissance des victimes

Le Mouvement des Focolari exprime sa plus profonde douleur, sa proximité et son soutien aux victimes et à leurs familles. «Face à cette immense souffrance – affirme Maria Voce, nous sommes convaincus que l’unique voie à parcourir est d’offrir aux victimes une écoute entière et la reconnaissance pleine des dommages subis. C’est pourquoi je veux réaffirmer la collaboration pleine et inconditionnelle du Mouvement, afin que toute la lumière soit apportée sur les faits et que justice soit faite aux victimes.»

Un très long parcours pour les victimes

J.M.M, membre laïc consacré des Focolari, résidant en France s’est rendu coupable de plusieurs abus sexuels sur mineurs dans les années 1980. Mais ce n’est qu’en 2016 qu’il a été renvoyé du de la section membres consacrés des Focolarini.

Selon la chronologie des Focolari, en 1994 une victime a déposé plainte en se constituant partie civile, pour des faits d’agressions sexuelles commis par J.M.M. en 1981 et 1982 alors qu’il était âgé de 15 ans. Suite à cette dénonciation, J.M.M. a été déchargé de toute responsabilité vis-à-vis des jeunes. La procédure d’instruction s’est cependant terminée par un non-lieu, la tentative de viol n’étant pas suffisamment prouvée et les agressions sexuelles étant prescrites. J.M.M. avait alors reconnu les faits.

En décembre 1996 J.M.M. a été soumis à un procès civil au cours duquel il a admis les agressions mais non la tentative de viol. Il a été condamné, en 1998, à la réparation des dommages. À l’invitation des responsables du Mouvement, J.M.M. a suivi pendant plusieurs années un parcours psychothérapeutique.

En 2015, suite à une nouvelle démarche de la victime auprès des responsables du Mouvement des Focolari en France et de la Conférence des évêques, le dossier a été transmis au Dicastère des laïcs du Vatican. Le cas a été examiné parallèlement par la Commission de la protection des mineurs du Mouvement des Focolari, constituée en 2014.

Renvoyé en 2016

Après examen, la Commission a proposé en 2016 aux dirigeants du Mouvement la démission de J.M.M. de la section des focolarini, membres consacrés. Cette démission est devenue effective au cours de la même année.

En novembre 2019, des signalements concernant l’existence d’autres victimes présumées de J.M.M. sont arrivés à la Commission indépendante sur les abus sexuels dans l’Église de France (CIASE). Toujours en novembre 2019, la commission des Focolari a rouvert le dossier de J.M.M. dans le but de contacter les victimes déjà identifiées, de recueillir leurs témoignages et de donner à chacune d’entre elles une pleine reconnaissance.

À la demande d’une des victimes, une rencontre s’est tenue à Nantes le 18 septembre 2020 avec plusieurs victimes, en présence du co-président du Mouvement des Focolari, Jesús Morán, et des responsables du Mouvement en France. À cette occasion, Jesús Morán a exprimé sa douleur et sa honte pour les abus subis «de même que pour le silence ou le manque d’initiatives maintenus pendant des années de la part de divers responsables».

Les membres du Mouvement des Focolari en France sont désormais invités à signaler toute information utile qu’ils pourraient connaître. (cath.ch/com/mp)

Les scandales d'abus sexuels ont endommagé l'image de l'Eglise. | © Pixabay
23 octobre 2020 | 16:55
par Maurice Page
Temps de lecture : env. 3  min.
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