L'archidiocèse de Lyon est encore dans le brouillard concernant son prochain évêque | photo: la cathédrale St-Jean de Lyon: © Enrique Dans/Flickr/CC BY 2.0
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Le profil attendu du prochain archevêque de Lyon

La nomination du nouvel archevêque de Lyon pourrait avoir lieu très prochainement selon les informations recueillies par l’agence I.MEDIA. Depuis la démission du cardinal Philippe Barbarin, le 6 mars 2020, le siège épiscopal est vacant. Pour les catholiques lyonnais, cette arrivée est synonyme d’un nouveau départ après des années marquées par la question des abus sexuels.

Le nouvel archevêque de Lyon aura ainsi la charge d’apaiser un archidiocèse déchiré par «l’affaire Preynat», du nom de cet ex-prêtre lyonnais qui a perpétré des dizaines d’abus sexuels sur des jeunes garçons des années 1970 aux débuts des années 1990.

Le 24 juin 2019, Mgr Michel Dubost avait été nommé par le Saint-Siège administrateur apostolique de l’archidiocèse après le «retrait» du cardinal Philippe Barbarin, annoncé en mars 2019. Ce dernier avait alors expliqué que son diocèse avait beaucoup souffert de la question des abus sexuels dans le cadre de l’affaire de l’ex-Père Bernard Preynat. «Il est temps qu’une page se tourne» après cette «grande épreuve pour tout le monde», avait-il confié devant les caméras de KTO.

Condamné en première instance à six mois de prison pour ne pas avoir dénoncé à la justice civile l’ancien aumônier scout, le cardinal Barbarin avait finalement été relaxé en appel le 30 janvier 2020. Le pape François avait toutefois accepté sa démission le 6 mars. Qui lui succédera? Le nom du nouvel archevêque doit être bientôt dévoilé par Rome.

«Le peuple chrétien de Lyon est déboussolé»

La tâche s’annonce grande pour son successeur qui devra panser les plaies d’un archidiocèse meurtri. Rome aura probablement veillé à nommer une personne irréprochable sur la question de la lutte contre les abus dans l’Église. «Pas question de remettre une pièce dans la machine!», souffle un diocésain à ce propos.

«Car le peuple chrétien de Lyon est déboussolé», constate Natalia Trouiller, journaliste et essayiste installée à Lyon. «Tout le monde a été touché par ces abus. L’Église est un corps et quand l’un de ses membres souffre, tout le monde souffre», poursuit l’ancienne responsable de la communication du diocèse. Elle déplore que désormais, «le nom du diocèse de Lyon est uniquement associé aux abus sexuels».

Il ne s’agit pas pour autant d’oublier ce qui s’est passé. «Je souhaite que le nouvel archevêque nous ré-évangélise à la lumière de ces tragiques événements; que l’on puisse faire mémoire et bâtir mieux, afin que jamais plus cela ne se reproduise», ajoute Natalia Trouiller.

«Un archevêque à l’image de saint Irénée»

Pour insuffler ce nouvel élan dans ce «super-diocèse» qui compte 120 paroisses, le prochain Primat des Gaules devra avoir les reins solides. «J’aimerais qu’il soit à l’image de saint Irénée», confie Étienne Piquet-Gauthier, directeur de la Fondation Saint-Irénée. Arrivé en l’an 177 à Lyon, le natif de Smyrne (dans l’actuelle Turquie) avait succédé au premier évêque de la capitale des Gaules, Pothin, mort en martyre.

«Irénée est arrivé dans un contexte extrêmement troublé, où l’Église, en proie aux persécutions et aux hérésies, cherchait à se structurer. Dans un monde en perte de repères, avec sa «poigne», il a toujours recherché la paix et l’unité et je pense que sa figure peut inspirer le successeur du cardinal Barbarin», poursuit le Lyonnais.

Primat des Gaules, un personnage politique et médiatique

«Courageux», «audacieux», «solide», tels sont les qualificatifs qui reviennent lorsqu’on interroge des catholiques de la région lyonnaise sur le profil souhaité de leur futur pasteur. Avec ses 400 prêtres, ses 160 salariés et ses dizaines de bénévoles, le siège de Lyon, à qui Rome confère traditionnellement la barrette cardinalice, est considéré comme ayant le plus de poids en France après Paris.

Personnalité politique de la région lyonnaise, le Primat des Gaules est une voix qui porte au niveau national, voire international. En 2012 et 2013, le cardinal Barbarin s’était par exemple investi dans la campagne contre le Mariage pour tous. Au niveau international, il s’était notamment rendu à quatre reprises en Irak pour soutenir les chrétiens de la plaine de Ninive et avait contribué à alerter sur le drame de ces populations faisant face au groupe djihadiste de l’État islamique (EI).

«On aimerait un évêque qui soit d’abord prêtre et qui prenne du temps pour prier»

L’archidiocèse est aussi réputé pour avoir un clergé parfois «frondeur». «Certains prêtres ont leur caractère», reconnaît une fidèle. «Mais je crois que cela vient davantage du fait d’être Lyonnais», sourit-elle avant de lâcher: «Saint Irénée ou bien l’abbé Pierre nous montrent que cela a aussi parfois du bon d’être frondeur».

Pour beaucoup, le successeur du cardinal Barbarin devra surtout être un spirituel. «On aimerait un évêque qui soit d’abord prêtre et qui prenne du temps pour prier avant d’être un gestionnaire ou un administratif», confie une paroissienne de Saint-Nizier, au cœur de la métropole. «Il faudrait qu’il prenne le temps de rencontrer les gens, les personnes pratiquantes et puis celles qui sont plus éloignées de l’Église; que tout le monde se sente accueilli», conclut cette catholique engagée dans la pastorale du diocèse. (cath.ch/imedia/hl/rz)

L'archidiocèse de Lyon est encore dans le brouillard concernant son prochain évêque | photo: la cathédrale St-Jean de Lyon: © Enrique Dans/Flickr/CC BY 2.0
15 octobre 2020 | 10:42
par I.MEDIA
Temps de lecture : env. 3  min.
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