Gehrard Pfister a accepté les propositions du document "Valeurs et Etat de droit" | © zVg
Suisse

Changement de nom du PDC: Damien Clerc dénonce un procédé 'bolchévique'

L’abandon de l’adjectif chrétien dans la dénomination du PDC a suscité la controverse au sein du parti. Pour le Valaisan Damien Clerc, auteur d’un récent Petit manifeste de la démocratie chrétienne, l’opération ressemble surtout à un marketing politique assez hasardeux mené selon un procédé ‘bolchévique’.  

«A mes yeux, le déclencheur du processus du changement de nom a été le maintien d’un conseiller fédéral PDC, explique Damien Clerc à cath.ch. Selon lui, les dirigeants sont dans une logique de maintien ou de reconquête. «Mais on ignore la question de fond: un siège au CF pour faire quoi? Le moyen est devenu la fin. Nous pourrions avoir sept conseillers fédéraux, mais si ce nous proposons est nul à quoi cela sert-il?»

La raison du déclin: le consensus mou

Une vision du centre dans le sens de la médiation et du compromis fait peur à l’élu PDC à la Constituante du canton du Valais. «Proposer une solution ‘acceptable par tous’ me semble précisément inacceptable. C’est le dilemme entre un compromis mou et un consensus fort.» Pour lui, la vraie cause de la perte de l’électorat démocrate chrétien est là. En voulant contenter tout le monde, on ne contente personne.

L’auteur du Petit manifeste de la démocratie chrétienne ose un parallèle historique. Au moment de la montée des fascismes en Europe dans les années 1920-1930, la démocratie chrétienne a été écartée du jeu, par les populismes, parfois par la violence. Elle est entrée alors en résistance intellectuelle, spirituelle et culturelle. Tout en acceptant une certaine impuissance, elle a continué à développer sa vision politique. «Au sortir du chaos de la guerre, la démocratie chrétienne était capable de proposer quelque chose, ce qui a permis son succès dans les années 1950. Peut-être le PDC devrait-il retenir cette leçon?»

Le Parti démocrate chrétien PDC souhaiterait changer son nom pour devenir le Centre

Un procédé bolchévique

Pour le professeur de philosophie au collège de Sion, le changement de nom proposé par la direction du PDC relève de la manipulation: «Le parti a payé une boîte de com pour convaincre les membres que changer de nom est une bonne idée.»

Le sondage lancé auprès des membres n’abordait absolument aucune question de fond. Ce que l’on attendait du sondé, c’était le rendu émotionnel, déplore-t-il. «On affichait ainsi à l’écran deux blocs de cinq phrases sur cinq sujets différents et on demandait au sondé d’en choisir un. L’intelligence est mise sur ‘off’ et la manipulation sur un seul aspect tel que le nom peut être totale.»

Les questions essentielles éludées

Les questions essentielles: «Voulez-vous changer de nom?» ou «que signifie le C de PDC» ont été remplacées par des questions marketing du genre: «La communication du PDC doit-elle être plus agressive?» ou «Le PDC doit-il être plus provocateur?»

Tout le procédé a souffert non seulement d’un manque d’honnêteté intellectuelle mais aussi de transparence. «On prétend avoir consulté la base du parti, c’est une aberration. Nous n’avons aucune information, si ce n’est le résultat final qui veut que 53% des membres auraient dit vouloir changer le nom. Ce n’est pas seulement des méthodes marketing, c’est carrément bolchévique», s’énerve Damien Clerc.

«Pour moi, on en revient au point de départ: ‘Nous devons maintenir notre siège au Conseil fédéral. Pour cela nous devons fusionner avec le PBD et pour fusionner nous devons changer de nom.’ La boucle est bouclée», conclut-t-il. (cath.ch/mp)

Gehrard Pfister a accepté les propositions du document «Valeurs et Etat de droit» | © zVg
15 octobre 2020 | 09:00
par Maurice Page
Temps de lecture : env. 2  min.
Damien Clerc (1), démocratie (36), le centre (1), PDC (33)
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