«Fratelli tutti» parle de ce à quoi aspire le cœur de l’homme
La fraternité dont parle saint François d’Assise, à laquelle fera référence l’encyclique, est véritablement «ce à quoi aspire le cœur de l’homme», «cette possibilité de vivre des rapports fraternels fondés sur la gratuité», a expliqué le Père Mauro Gambetti, Custode du Sacro Convento d’Assise, à I.MEDIA le 2 octobre 2020.
Claire Guigou, I.MEDIA
La «reconnaissance de l’autre comme un don», la «réciprocité» dans les relations ou le service de l’autre figureront parmi les lignes directrices de cette troisième encyclique.
Que représente pour vous la venue du pape à Assise et son choix de signer cette troisième encyclique sur la tombe de saint François?
C’est un grand don que nous fait le pape. Pour moi, c’est un tournant dans le cheminement de l’histoire de l’humanité. Nous sommes au cœur d’un changement d’époque et il faut avoir une vision vers laquelle s’orienter sans quoi ce changement d’époque sera balayé. En nous donnant cette encyclique, Fratelli Tutti, le pape nous livre selon moi l’horizon vers lequel l’Eglise catholique mais aussi l’humanité toute entière doit s’orienter. C’est comme s’il nous disait que la voie sûre et heureuse était celle de la fraternité pour tous. La fraternité universelle.
Il s’agit de la quatrième fois que le pape vient à Assise. Le pontife argentin a un lien particulier avec Assise et saint François. On retrouve cette proximité dans l’amour qu’il porte pour la Création (Laudato si’), puis par son approche interreligieuse (»Document sur la fraternité humaine»). Le pape s’apprête à signer une nouvelle encyclique en pleine pandémie. Quelles sont les lignes directrices de ce texte?
Selon moi, la venue du pontife à Assise nous rappelle que la fraternité inspire ses pensées. Il se met dans les pas de saint François. Pour le saint ombrien, la fraternité est véritablement ce à quoi aspire le cœur de l’homme: cette possibilité de vivre ensemble, de vivre en communion et de vivre des rapports fraternels fondés sur la gratuité, sur la reconnaissance du don que l’autre représente pour nous, sur la réciprocité et enfin sur sur le soin maternel qui nous pousse à servir les autres et non à les exploiter. Il s’agit de les servir au point de les voir se réaliser au maximum de leur potentialités. Si ces composantes sont respectées, alors naît l’harmonie et le fruit de tout cela est la joie. On ne vit plus dans la compétition mais dans l’accueil de l’autre. Voici donc les lignes directrices que comprendra le document. Plus qu’une boussole, cette fraternité est le «sein» qui garde, nourrit et oriente la naissance d’une véritable humanité.
Vous allez rencontrer le pape François. Qu’allez-vous lui dire?
Je lui ai déjà dit mais je lui ferai part de mon immense gratitude. Ensuite, je lui dirai qu’il a «bien vu» les choses avec cette encyclique. Il n’a pas besoin de moi pour cela mais nous [les franciscains, ndlr] l’encourageons sur cette voie car je suis convaincu que toutes les activités de l’homme doivent s’inscrire dans cette horizon de la fraternité. Le pape est très intuitif. Si nous repensons le travail, l’éducation, la santé, le vivre-ensemble, le commerce, l’entreprise, l’écologie avec ce rapport de fraternité, nous aurons résolu les problèmes du monde.
Quelles nouveautés attendre de ce texte? Peut-on dire que la solidarité en est le cœur?
Je dirai que cela va encore plus loin. Quand nous pensons à ce à quoi chacun aspire, n’est-ce pas de vivre sans être «dévoré»? Au fond de nous, il y a ce désir de communion, d’être unis en respectant la diversité et la différence, qu’elle soit culturelle ou encore physique…toute différence qui se présente à nous. Tout ceci doit être vécu ensemble. Il s’agit de réussir à traduire les désirs les plus profonds de l’homme. (cath.ch/imedia/cg/mp)