Sœur Marie-Paule

Evangiles de dimanche: produire du fruit

Au début du chapitre 21 où se trouve cette péricope, nous voyons l’entrée triomphale de Jésus à Jérusalem. Nous autres, savons la suite… Nous sommes donc à un moment charnière de la vie du Messie et de l’histoire du salut que décrit la parabole des vignerons homicides.

Après avoir parlé sans se lasser, par ses prophètes, aux responsables de la Vigne d’Israël, comprendre le peuple de Dieu, ce dernier s’adresse finalement à eux par son Fils. Avec une autorité sans égale, Jésus leur annonce l’approche des vendanges des derniers temps. Il faudrait que la terre donne son fruit, que le peuple de Dieu accueille son Messie!

Mais les enfants ne valent pas mieux que leurs pères. Comme ceux-ci ont rejeté les justes et les prophètes, ainsi scribes et pharisiens se préparent-ils à assassiner l’héritier de la Vigne si chère au cœur de Dieu. A cause d’eux, le peuple de la promesse risque de perdre le privilège de son élection, de rompre l’Alliance par laquelle devait s’accomplir le dessein de Dieu.

«La parabole s’achève sur une menace, elle aussi prophétique: l’Eglise du Ressuscité reprendra bientôt la mission dévolue jadis à Israël.»

Nul doute que Jésus n’annonce ici sa mort. Il est venu dans le monde, et les siens ne l’ont pas reçu: ils ont fini par rejeter le Fils-héritier, et même par le crucifier hors de la ville. La parabole s’achève sur une menace, elle aussi prophétique: l’Eglise du Ressuscité reprendra bientôt la mission dévolue jadis à Israël. Matthieu exprime la conviction que ce peuple nouveau fera produire son fruit à la Vigne.

Encore faut-il que ces autres vignerons ne déçoivent pas, à leur tour, le Seigneur qui ne cesse de réclamer les fruits de son vignoble. On ne se rappellera jamais assez que l’Eglise s’est édifiée sur la pierre rejetée: fondée par un exclu et sur son exclusion même, elle doit s’ouvrir, comme son Maître, aux bannis de ce monde, et faire, comme lui, des choix que sanctionnera peut-être une mort hors les murs. Sinon, de ces pierres, Dieu pourrait susciter encore d’autres enfants à Abraham.

Mais l’annonce la plus importante, ce n’est pas que le Royaume soit enlevé à qui que ce soit. Ce qui compte, c’est que malgré les obstacles donnés par les hommes, le Royaume produise son fruit. Ce qui importe, ce n’est pas tant le vigneron que le raisin, celui qui est produit par le nouveau peuple qui se rassemblera autour du Fils.

Sœur Marie-Paule | Vendredi 2 octobre 2020


Mt 21, 33-43

En ce temps-là,
Jésus disait aux grands prêtres et aux anciens du peuple :
    « Écoutez cette parabole :
Un homme était propriétaire d’un domaine ;
il planta une vigne,
l’entoura d’une clôture,
y creusa un pressoir et bâtit une tour de garde.
Puis il loua cette vigne à des vignerons,
et partit en voyage.
    Quand arriva le temps des fruits,
il envoya ses serviteurs auprès des vignerons
pour se faire remettre le produit de sa vigne.
    Mais les vignerons se saisirent des serviteurs,
frappèrent l’un,
tuèrent l’autre,
lapidèrent le troisième.
    De nouveau, le propriétaire envoya d’autres serviteurs
plus nombreux que les premiers ;
mais on les traita de la même façon.
    Finalement, il leur envoya son fils,
en se disant :
›Ils respecteront mon fils.’
    Mais, voyant le fils, les vignerons se dirent entre eux :
›Voici l’héritier :
venez ! tuons-le,
nous aurons son héritage !’
    Ils se saisirent de lui,
le jetèrent hors de la vigne
et le tuèrent.
    Eh bien ! quand le maître de la vigne viendra,
que fera-t-il à ces vignerons ? »
    On lui répond :
« Ces misérables, il les fera périr misérablement.
Il louera la vigne à d’autres vignerons,
qui lui en remettront le produit en temps voulu. »
    Jésus leur dit :
« N’avez-vous jamais lu dans les Écritures :
La pierre qu’ont rejetée les bâtisseurs
est devenue la pierre d’angle :
c’est là l’œuvre du Seigneur,
la merveille devant nos yeux !

    Aussi, je vous le dis :
Le royaume de Dieu vous sera enlevé
pour être donné à une nation
qui lui fera produire ses fruits. »

| © Bernard Hallet
2 octobre 2020 | 17:00
par Sœur Marie-Paule
Temps de lecture : env. 3  min.
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