Les petits paysans du Sud peinent à faire respecter leurs droits | photo d'illustration: Aamir Mohd Khan sur Pixabay
Suisse

Droits des paysans: la Suisse doit améliorer sa cohérence

Une étude d’ONG helvétiques montre que la politique extérieure de la Suisse laisse à désirer concernant la défense des droits des paysans dans le monde. Pour les organisations, la Confédération doit se montrer davantage cohérente dans les domaines du commerce, des semences, des droits fonciers et de la coopération au développement.

«Le paradoxe est frappant: les paysans et paysannes, principaux pourvoyeurs de nourriture du monde, sont les premiers à souffrir de la faim et de l’extrême pauvreté dans de nombreux pays», souligne une coalition d’ONG, dont fait partie l’œuvre d’entraide catholique Action de Carême, dans un communiqué du 27 août 2020.

Conscientes de cette situation, les Nations Unies ont adopté en 2018 la Déclaration sur les droits des paysans et des autres personnes travaillant dans les zones rurales. Un texte que la Suisse s’est engagée à mettre en œuvre. Or, l’étude mandatée par les ONG helvétiques montre que la politique extérieure de la Confédération «laisse beaucoup à désirer dans ce domaine». Action de Carême, CETIM, EPER, FIAN Suisse, Pain pour le prochain, SWISSAID et Uniterre ont présenté le 27 août 2020 les résultats de l’étude aux offices fédéraux concernés.

Le document déplore notamment que, bien que partisane du libre-échange économique, la Suisse adopte certaines mesures pour protéger son agriculture. Une politique qui priverait d’innombrables personnes de leurs droits, entre autres, à la terre, à la biodiversité et à un environnement propre et sain. La coalition d’organisations appelle ainsi la Suisse à déterminer l’impact des accords de libre-échange, déjà en vigueur ou en préparation, sur les familles paysannes en Suisse et celles dans les pays signataires.

Aider les paysans à défendre leurs droits

Pour les ONG, il s’agit aussi de prendre l’initiative de promouvoir le droit des paysans à participer aux négociations et modifier en conséquence les règles applicables. «La Suisse doit en outre reconnaître clairement le droit aux semences et cesser de subordonner la signature d’accords de libre-échange à la promulgation de lois strictes en matière de protection des obtentions végétales».

L’étude montre que le nouveau message du Conseil fédéral sur la stratégie de coopération internationale, concernant la période 2021 à 2024, ne mentionne les droits des paysans que dans le Programme global sécurité alimentaire de la DDC et que le rôle important octroyé au secteur privé fait planer une menace importante sur le respect des droits humains et l’usage coutumier du sol.

L’étude recommande enfin que la coopération internationale aide les paysans à réclamer et à exercer leurs droits afin d’encourager et de rendre effective leur participation dans les processus et instances de décision. «La coopération internationale doit de plus soutenir la constitution et la promotion d’organisations paysannes, y compris à l’échelle nationale». (cath.ch/com/rz)

Les petits paysans du Sud peinent à faire respecter leurs droits | photo d'illustration: Aamir Mohd Khan sur Pixabay
27 août 2020 | 15:45
par Raphaël Zbinden
Temps de lecture : env. 2  min.
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