L'archevêque de Minsk tente de s'interposer en Biélorussie
L’archevêque de Minsk, Mgr Tadeusz Kondrusiewicz a rencontré à sa demande, le 21 août 2020, le ministre de l’Intérieur biéolrusse Jurij Karaev. Il lui a fait part de l’inquiétude de l’Eglise du pays face aux violences policières contre les manifestants. De son côté, le président Loukachenko a fermement invité les prêtres orthodoxes et catholiques»à se mêler de leurs affaires».
Après plusieurs dénégations, la confirmation officielle est tombée. Une rencontre a eu lieu, le 21 août, entre le ministre biélorusse de l’Intérieur, et l’archevêque de Minsk, responsable de la communauté catholique du pays, rapporte le site asianews. La réunion avait été demandée par Mgr Tadeusz Kondrusiewicz, pour évaluer les perspectives de paix dans le conflit entre le président et l’opposition.
Mgr Kondrusiewicz a souligné le caractère insoutenable des violentes actions de répression menées par la milice locale, dénonçant la présence de provocateurs dans diverses manifestations. Il a proposé la création d’une commission mixte chargée d’examiner les conditions dans lesquelles les personnes sont arrêtées et détenues. Selon la chaîne de télévision publique ONT, les parties sont parvenues à un accord à ce propos.
Selon le site officiel de l’Eglise catholique biélorusse, Mgr Kondrusiewicz a mis l’accent sur la protection des plus faibles et des personnes sans défense. Il a exprimé son intention de parler au nom de ceux qui sont privés de la possibilité de faire entendre leur voix. Aux demandes de précisions sur le sort des personnes disparues sans laisser de traces, dont les listes sont publiées par différents organes de presse, le ministre a répondu qu’»il n’en reste aucune», et que seules 40 personnes identifiées sont encore en état d’arrestation.
L’archevêque a également demandé que les prêtres aient la possibilité de rendre visite aux prisonniers, et le ministre a promis d’examiner la question. «Nous ne sommes pas faits pour juger, mais pour appeler tous ceux qui commettent des crimes à la conversion, et tous les autres au pardon et à la miséricorde», a rappelé Mgr Kondrusiewicz.
Le prêtres priés de se mêler de leurs affaires
Le président Alexandre Loukachenko a fait preuve de beaucoup moins de bonne volonté en tonitruant contre les Églises lors d’un meeting à Grodno, le 22 août : «Je suis surpris par les positions de nos confessions religieuses. Mes chers prêtres, modérez-vous et prenez soin de vos affaires. Dans les églises, il faut aller seulement pour prier. Les églises orthodoxes et catholiques ne sont pas faites pour la politique».
Et il a ajouté: «N’allez pas à la rencontre de ceux qui fomentent la division, beaucoup d’entre vous doivent avoir honte des positions prises ces jours-ci, et l’État ne restera pas indifférent». Des prêtres catholiques, ainsi que plusieurs ministres orthodoxes, continuent entre-temps de mener des marches de protestation pacifiques.
Le soir du 23 août, Loukachenko a voulu donner une nouvelle démonstration de sa détermination, en débarquant près du Palais de l’Indépendance de Minsk en tenue militaire avec un gilet pare-balles, des portes cartouche à la ceinture et une kalachnikov à la main.
L’image a été diffusée sur les médias proches de la présidence, au moment même où se déroulait dans la capitale une nouvelle «Marche pour une nouvelle Biélorussie» qui a rassemblé plusieurs dizaines de milliers de personnes. (cath.ch/asianews/mp)