Frère Alois de Taizé salue la préoccupation des jeunes pour le climat
Cette semaine d’août 2020 marque à Taizé un double anniversaire: les 80 ans de la première arrivée de frère Roger à Taizé, en Bourgogne, le 20 août 1940, et les 15 ans du décès du fondateur de la Communauté, le 16 août 2005. A cette occasion, Frère Alois, son actuel prieur, salue les préoccupations de la jeune génération pour la sauvegarde de la planète.
«Pour nous les frères, explique Frère Alois sur le site de l’Eglise catholique en France, ce double anniversaire est l’occasion d’exprimer, d’abord à Dieu dans nos cœurs, notre reconnaissance qui reste très vive pour Frère Roger et pour tout ce que Dieu lui a donné de vivre. Reconnaissance aussi pour la continuité avec laquelle nous essayons de poursuivre ensemble en communauté et aussi avec les jeunes qui viennent en pèlerinage sur notre colline».
Sauvegarde de la création
Frère Alois, prieur de Taizé depuis 2005, relève que ces dernières années, beaucoup d’entre eux partagent avec les frères de la Communauté leurs engagements et leur recherche pour la sauvegarde de la planète. «Ils sont vivement conscients que c’est une urgence face au changement climatique qui s’aggrave. Avec eux, nous abordons ces questions à partir de la foi, pour que la peur ne soit pas notre seul guide. Et c’est pour moi une véritable espérance de voir combien tant de jeunes sont prêts à prendre un engagement bien motivé dans ce domaine».
D’origine bavaroise – il est né Alois Löser le 11 juin 1954 à Nördlingen – Frère Alois constate effectivement une forte demande de changement de la part des jeunes générations face à l’urgence climatique. Ces derniers mois, à Taizé, «la Communauté mène une réflexion écologique, où les jeunes sont une force motrice».
Simplicité n’est pas absence de joie
«Nous sommes probablement confrontés à un véritable moment de conversion: simplifier tout ce qui peut se trouver dans notre mode de vie, sans attendre que les changements soient imposés d’en haut. Nous rappelons en même temps que la simplicité ne signifie jamais une absence de joie, mais peut plutôt coïncider avec un esprit de fête. Il me semble que l’Eglise a un rôle important à jouer dans la communication de ces valeurs qui viennent directement de l’Evangile», insiste Frère Alois dans une autre interview accordée au journal du Vatican L’Osservatore Romano.
Le prieur de Taizé développe sa réflexion sur les défis du monde contemporain. Il relève que 80 ans après la fondation de la Communauté œcuménique dans ce petit village de Bourgogne, «ce sont maintenant les fils, les parents et les grands-parents de tous les continents qui prient ensemble à Taizé».
L’héritage de Frère Roger perdure
En 1940, Frère Roger était seul à porter le projet de création d’une communauté. Aujourd’hui, elle rassemble une centaine de frères et accueille également chaque année des milliers de jeunes de tous les continents. «C’est une autre grande évolution qui nous étonne encore aujourd’hui. Ce qui n’a pas changé, cependant, c’est le cœur de notre vocation».
Lorsque Frère Roger est arrivé à Taizé en août 1940, la situation mondiale n’avait pas grand-chose à voir avec la situation actuelle. Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, il y avait une priorité: la réconciliation entre des peuples divisés. «Bien que les problèmes aient évidemment changé, je crois que l’importance de l’unité de notre famille humaine reste plus urgente que jamais».
Une vie frugale
«Sa première intuition reste profondément pertinente: insuffler une vie spirituelle, une recherche de Dieu, là où se trouvent les fractures du monde. Il s’agissait à l’époque d’accueillir des réfugiés – en particulier des juifs – pendant la Seconde Guerre mondiale. Aujourd’hui encore, nous accueillons des réfugiés à Taizé et certains de nos frères et sœurs vivent dans de petites fraternités dans des endroits particulièrement sans défense dans le monde d’aujourd’hui».
Dans les années qui ont suivi la création de la Communauté, les premiers frères qui ont rejoint Frère Roger ont vécu du travail agricole, dans des conditions très simples. «Aujourd’hui, nous continuons à gagner notre vie, de différentes manières, sans accepter de dons, de cadeaux ou d’héritages».
Recherche de l’unité entre les chrétiens
La règle que le fondateur de la Communauté a écrite au début des années 1950 continue de l’inspirer aujourd’hui. «Il y a noté les intuitions spirituelles essentielles qu’il avait envers ses frères. Parmi celles-ci, je voudrais en isoler deux: le désir d’être présent dans notre temps, en restant toujours attentif aux appels que l’Evangile nous adresse; et la recherche de l’unité entre les chrétiens, non pas comme une fin en soi, mais comme un témoignage de l’Evangile et aussi comme un facteur de paix pour toute l’humanité».
«Ce qui n’a finalement jamais changé, affirme le prieur, c’est la régularité de notre prière commune, trois fois par jour, même si ses formes d’expression ont changé, notamment à travers ce que l’on appelle les chants de Taizé».
Etablir un lieu entre la foi et l’écologie
Frère Alois relève encore une fois dans cette interview que pour les jeunes générations, la foi est souvent liée à un engagement concret, comme la question écologique. «Non seulement ils en parlent, mais ils veulent prendre un engagement concret pour sauvegarder l’environnement. Il nous appartient donc de marcher à leurs côtés et de les aider à établir un lien avec la foi. Ils attendent souvent des mots forts de l’Eglise sur ces thèmes!» (cath.ch/cef/osservatore/be)