Mgr Diarmuid Martin inquiet du racisme chez les jeunes Irlandais
L’archevêque catholique de Dublin est inquiet de la montée du racisme chez les jeunes Irlandais. Depuis des années, Mgr Diarmuid Martin met en garde contre les réactions xénophobes visant les travailleurs étrangers et les requérants d’asile. L’Irlande, qui fut longtemps une terre d’émigration, attire depuis des années une importante main d’œuvre étrangère.
Dans son homélie du dimanche 16 août 2020 à la cathédrale de Dublin, l’archevêque de la capitale irlandaise a rappelé que «l’intolérance raciste est toujours un langage dangereux et est toujours une voie à sens unique vers la négativité et le manque de respect».
Se référant à «des exemples de racisme croissant et de langage intolérant ici dans notre propre pays», il s’est dit «effrayé lorsque j’entends des histoires d’intolérance raciste de la part de groupes de jeunes».Au sein de l’Eglise elle-même, a-t-il déclaré, «le langage de la haine ne peut jamais se concilier avec l’enseignement de Jésus».
Racisme également en milieu catholique
L’Irlande a vu sa population se transformer depuis quelques années en raison de son spectaculaire développement économique, qui a attiré de nombreux travailleurs venant de l’étranger. Si leur présence est globalement perçue comme un signe de dynamisme, des réactions xénophobes apparaissent toutefois, y compris au sein des communautés catholiques, note Vatican News.
Le racisme a augmenté dans toute l’Europe ces dernières années et les politiciens qui nourrissent les craintes concernant l’immigration ont alimenté la montée des partis xénophobes populistes de droite dans toute l’Europe.
L’Irlande a pour le moment échappé à ce phénomène sur le plan des propositions politiques partisanes, mais les transformations culturelles et démographiques qui ont accompagné le développement économique du pays depuis quelques années, notamment avec les opportunités de travail dans le secteur informatique, ont provoqué des tensions. L’immigration demeure un phénomène nouveau pour cette nation qui fut longtemps, inversement, une terre d’émigration.
Des agressions racistes
Plusieurs agressions racistes, notamment à l’encontre de personnes asiatiques, ont marqué l’actualité de ces derniers jours en Irlande. En commentant le récit évangélique de la rencontre entre Jésus et la Cananéenne, Mgr Martin a expliqué que «dans un dialogue complexe, Jésus a tiré de cette femme un exemple de grande foi. Elle appartient peut-être à ce qui était considéré populairement comme un peuple païen, mais elle fait preuve d’une foi profonde, mûre et déterminée».
«Jésus lui dit que c’est grâce à cette foi que sa demande a été acceptée», a commenté l’archevêque.
Le zèle chrétien ne doit pas nous piéger dans l’amertume et le rejet
«Tout au long de l’histoire de l’Eglise, nous avons vu des croyants dresser des barrières d’étroitesse et d’amertume, lorsqu’ils pensent qu’ils sont simplement zélés pour défendre le message de Jésus, a remarqué l’archevêque de Dublin.»L’enseignement de Jésus ne peut jamais envisager l’intolérance ou le sectarisme envers des personnes que nous considérons comme différentes. La vérité doit toujours être recherchée dans l’amour», a-t-il martelé.
«L’Eglise de Jésus-Christ doit être une Eglise où les gens sont accueillis, respectés et chéris, même dans leur différence, a insisté Mgr Diarmuid Martin. La haine et l’intolérance ne peuvent jamais favoriser la bonté et l’amour. (…) Lorsque les croyants et les communautés de l’Eglise deviennent étroits d’esprit et portent des jugements, ils laissent les gens marginalisés et mal aimés avec leur espoir émoussé et leur dignité brisée».
L’archevêque de Dublin regrette la «polarisation croissante» dans la société, mais aussi dans l’Eglise elle-même. «Partout où l’intolérance est entrée dans un rôle dominant dans la société, la société a été appauvrie et minée, a averti Mgr Martin. Jésus rencontre cette femme cananéenne avec laquelle les règles lui auraient interdit de parler. Elle rentre chez elle pleine d’espoir et sa vie et sa famille sont renouvelées. Toute rencontre avec Jésus et son Eglise doit avoir le même effet d’espoir», a-t-il conclu. (cath.ch/vaticannews/be)