Hongkong: après l'arrestation de Jimmy Lai, l'Eglise menacée?

Le géant de la presse hongkongais Jimmy Lai a été arrêté le 10 août 2020 par les autorités chinoises. Certains pensent que des personnalités de l’Eglise catholique pourraient être les prochaines victimes de la nouvelle loi sur la sécurité.

Le richissime Jimmy Lai a été libéré sous caution quelques jours après son arrestation. Le magnat de la presse, âgé de 71 ans, est propriétaire du tabloïd Apple Daily, très critique envers Pékin. Jimmy Lai faisait partie des 10 personnes interpellées dans un vaste coup de filet contre la mouvance pro-démocratie. Ces personnalités sont accusées d’avoir conspiré avec des étrangers pour «provoquer le chaos». Leur arrestation a été rendue possible suite à l’entrée en vigueur, le 30 juin 2020, de la nouvelle loi nationale sur la sécurité, qui a réduit à néant le modèle «un pays deux systèmes» qui était de mise jusque là. D’après la loi, Jimmy Lai est passible de la prison à perpétuité.

20 millions pour le cardinal Zen

Le magnat de la presse, lui-même catholique, est connu pour être un fervent soutien de personnalités de l’Eglise à Hongkong, note la journaliste Ellen Ann Allen, du site internet américain Crux. Il s’agit le plus souvent de personnalités qui ont critiqué publiquement la nouvelle loi. L’une d’elles est le cardinal Joseph Zen, archevêque émérite de Hongkong. Ce dernier est un opposant de la première heure du régime de Pékin. Il s’est également soulevé contre l’accord passé entre le Vatican et la Chine, en 2018, sur la nomination des évêques du pays.

Jimmy Lai aurait réalisé des dons à hauteur de 20 millions de dollars en faveur du cardinal, qui les a utilisés pour soutenir l’Eglise catholique dite «souterraine» (non-officielle) de Chine. L’argent donné à Mgr Zen équivaudrait à près du tiers de toutes les donations de soutien réalisées par Jimmy Lai, selon le journal South China Morning Post. La plus grande part de ces fonds a servi à renforcer le mouvement pro-démocratie à Hongkong. Le cardinal Zen a déclaré à plusieurs reprises qu’il était prêt à être arrêté.

Le «silence» du pape François?

Le cardinal John Tong, archevêque de Hongkong, n’a pour l’instant pas pris position sur la nouvelle loi de sécurité. Il a seulement affirmé dans l’hebdomadaire du diocèse ne pas croire que la nouvelle loi menaçait la liberté religieuse. Mgr Zen a considéré que son successeur avait fait cette déclaration pour apaiser les autorités chinoises, mais qu’elle ne reflétait pas sa position d’origine.

Le cardinal Zen a également critiqué à plusieurs reprises le «silence» du pape François en rapport aux agissements de Pékin dans l’ancienne colonie britannique. On ne sait pas encore quelle sera l’attitude du pape face à cette situation délicate, où toute position «négative» du Vatican fait courir le risque d’un accroissement de la pression sur les catholiques chinois. (cath.ch/crux/ag/rz)