Action collective pour abus visant les Sœurs de la Charité de Québec
La Cour supérieure du Québec a autorisé le 6 août 2020 l’action collective de centaines d’anciens pensionnaires violentés durant leur séjour à l’orphelinat du Mont d’Youville, à Beauport, un arrondissement de la ville de Québec. L’établissement était à l’époque des faits géré par les Sœurs de la Charité de Québec.
Le tribunal a accepté une action collective regroupant plus de 330 victimes d’agressions sexuelles, physiques et psychologiques commises par des personnes travaillant dans cet orphelinat entre 1925 (date de la création de l’institution) et 1996, rapporte Radio Canada. Après le retrait des Sœurs de la Charité en 1996, l’orphelinat du Mont d’Youville a été fusionné avec d’autres organismes au sein du Centre jeunesse de Québec. En 2015, ce dernier a été absorbé par le Centre intégré universitaire de santé et de services sociaux (CIUSSS).
330 garçons et filles «abusés»
Agées de 6 à 10 ans à l’époque des faits, ces 330 garçons et filles ont déclaré avoir été «agressés sexuellement, physiquement ou psychologiquement» par 71 adultes – dont 55 religieuses – au sein de cet établissement aux mains de cette congrégation féminine enseignante et hospitalière de droit pontifical fondée en 1831.
Une requête avait d’abord été déposée en avril 2018 par Jean Simard, un ancien du Mont d’Youville aujourd’hui âgé d’une cinquantaine d’années, réclamant des compensations pour les sévices subis. Par la suite, 330 autres anciens pensionnaires de l’institution se sont manifestés. Quand a débuté la procédure judiciaire, les religieuses s’étaient dites «complètement étonnées» par les allégations faisant état d’abus sexuels qui auraient été perpétrés sur des enfants admis à l’orphelinat Mont d’Youville, à Québec, durant plusieurs décennies.
Les Sœurs de la Charité de Québec ont une longue histoire d’aide à la communauté et aux plus vulnérables. Elles ont été troublées de prendre connaissance des allégations et de la procédure impliquant leur congrégation. Avant ces procédures judiciaires, ces religieuses n’avaient jamais été informées de telles accusations.
Deux millions de dollars
Le groupe de victimes demande deux millions de dollars canadiens (1,371 millions CHF), dont 500’000 dollars à titre de dommages et intérêts, pour «compenser la douleur et la souffrance de ces abus». Le juge Etienne Parent, de la Cour supérieure du Québec, a estimé, jeudi 6 août, que «l’ensemble des allégations de la demande justifie son autorisation», et en précisant que le débat devrait aussi porter sur les fautes qu’aurait commises la congrégation.
Me Christian Trépanier, avocat assurant la défense des Sœurs de la Charité de Québec, expliquait cependant en 2018 que la majorité des personnes ayant rejoint l’action collective n’avaient pas subi d’abus sexuels, mais des abus physiques ou psychologiques. (cath.ch/radiocanada/be)