Des évêques catholiques et des opposants politiques au Togo ont été espionnés en 2019 par le pouvoir en place, avec le logiciel ultrasophistiqué Pegasus, développé et vendu aux Etats par la société israélienne NSO Group, basée dans la ville Herzliya. Le gouvernement prétend qu'il l'utilise "pour lutter contre le terrorisme et la grande criminalité".
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Togo: Des évêques et des opposants espionnés avec le logiciel Pegasus

Des évêques catholiques et des opposants politiques au Togo ont été espionnés en 2019 par le pouvoir en place, avec le logiciel ultrasophistiqué Pegasus, développé et vendu aux Etats par la société israélienne NSO Group, basée à Herzliya. Le gouvernement prétend qu’il l’utilise «pour lutter contre le terrorisme et la grande criminalité».

Le journal togolais en ligne Télégramme228.com, citant une enquête des journaux français et britannique, Le Monde et The Guardian, a rapporté que, parmi les religieux, figurait le président de la Conférence des évêques du Togo (CET), Mgr Benoît Colman Alowonou, évêque du diocèse de Kpalimé, au sud-ouest du pays. Des militants de la société civile et des opposants politiques, dont l’identité n’a pas été révélée, étaient aussi ciblés.

Relations tendues avec le gouvernement togolais

Depuis deux ans, l’Eglise catholique du Togo entretient des relations tendues avec le gouvernement togolais à cause de ses critiques répétées. Fin 2018, le gouvernement avait accusé la Commission justice et paix (CJP) de l’Eglise catholique de bénéficier de «financements douteux» pour ses activités.

Il a aussi refusé d’accréditer l’ACAT (Action chrétienne pour l’abolition de la torture et de la peine de mort), partenaire de la CJP, comme observateur lors des élections législatives de décembre 2018. L’ACAT et la CJP voulaient déployer ensemble 3’000 agents électoraux à travers le pays, pour ce scrutin.

Jusqu’au contenu du smartphone de l’évêque…

Cette année encore, l’Eglise catholique n’a pas été autorisée à déployer ses 9’000 observateurs prévus, lors de l’élection présidentielle du 22 février, le pouvoir accusant les religieux de parti-pris et de bénéficier de financements opaques.

Au lendemain de la proclamation  officielle des résultats du scrutin, la Conférence épiscopale du Togo (CET) a mis en doute la transparence et l’équité du vote. L’élection a été remportée par le président Faure Gnassingbé, au pouvoir depuis le décès de son père en 2005, par 70,78 % des voix, selon les résultats officiels. Dans leurs articles rapportés par le journal togolais, les quotidiens français et britannique ont relevé que «le régime de Lomé s’est intéressé jusqu’au contenu du smartphone de Mgr Benoît Alowonou».

Les évêques savent qu’ils sont espionnés

Joint jeudi 6 août par téléphone depuis Dakar, au Sénégal, par le correspondant de cath.ch, un responsable de la CET a déclaré que les évêques togolais sont au courant de ces articles de presse, «mais n’ont pas pris position». 

«L’évêque visé est tranquille, car il savait qu’il était espionné. Il s’étonne seulement des moyens sophistiqués utilisés pour le faire», a-t-il poursuivi, ajoutant que «tous les évêques semblent être avertis depuis. Ils savaient être espionnés. Ils ne s’en inquiètent pas. Ils sont en sécurité, tranquilles, et disent ce qu’ils pensent», a-t-il encore relevé, avant de demander l’anonymat. Les autres membres de la société civile et les opposants du régime,  concernés par l’espionnage n’ont pas été identifiés. (cath.ch/ibc/be)

Des évêques catholiques et des opposants politiques au Togo ont été espionnés en 2019 par le pouvoir en place, avec le logiciel ultrasophistiqué Pegasus, développé et vendu aux Etats par la société israélienne NSO Group, basée dans la ville Herzliya. Le gouvernement prétend qu'il l'utilise «pour lutter contre le terrorisme et la grande criminalité».
6 août 2020 | 18:02
par Ibrahima Cisse
Temps de lecture : env. 2  min.
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