Marcher en pleine conscience sur les pas de saint Colomban

Vera Rüttimann/Kath.ch – Traduction et adaptation: Raphaël Zbinden

Le Chemin de saint Colomban, qui mène de l’Irlande du Nord à l’Italie du Nord, passe par la Suisse. Le pèlerin peut y découvrir maints lieux spirituels, tels que des sanctuaires ou des églises, mais également des curiosités profanes, dont un tunnel appelé «Karin Keller-Sutter», du nom de la conseillère fédérale saint-galloise.

L’étape 15b, dans la Vallée du Rhin, mène de Haag à Sargans (SG). J’arrive à la gare de Trübbach (SG), où Wolfgang Sieber m’attend déjà. Il est président de l’association du Chemin de saint Colomban (IG Kolumbansweg).

Du côté suisse, nous suivons un itinéraire qui a probablement été emprunté par les moines irlandais saint Colomban et saint Gall, lorsqu’ils sont arrivés en Europe continentale depuis la ville de Bangor, en Irlande du Nord, à la fin du 6e siècle. Colomban de Luxeuil, le plus célèbre des saints Colomban a évangélisé les populations campagnardes de Gaule, d’Allemagne, d’Helvétie, et d’Italie.

Peu après notre départ, nous apercevons le Gonzen, la principale montagne de la région de Sargans, qui dévoile ses parois à pic. De l’autre côté de la vallée, nous voyons le col de St. Luzisteig, qui délimite la principauté du Liechtenstein et les Grisons, ainsi que le village de Triesenberg (Liechtenstein).

Nombreuses traces en Suisse

Colomban a laissé de nombreuses traces en Suisse. Il a demeuré avec ses compagnons à Tuggen (SZ), Arbon (TG) et Bregenz (Autriche). D’Arbon, son compagnon Gall s’installa dans le secteur du Steinachtobel (SG), où il construisit un ermitage. Plus tard y fut construit le monastère de Saint-Gall.

Wolfgang Sieber indique que les moines ont probablement suivi le cours de la rivière. Colomban, Gall et leurs compagnons ont transmis au peuple des connaissances spirituelles et profanes. Plus d’une centaine de fondations de monastères sont associées à Colomban et à ses disciples. Même un lac, au-dessus de Bivio, en Italie du Nord, porte son nom.

L’idyllique Schollbergstrasse, sur laquelle nous marchons à présent, est vieille de 500 ans. Nous passons un vieux pont, suivi d’un tronçon d’une route bordée par des parois rocheuses presque en surplomb. Nous continuons vers Sargans.

«Rester ouvert à ce qui arrive»

Wolfgang Sieber est un passionné de marches de longue distance. Cela se voit à sa démarche souple et assurée, qu’il progresse à travers des champs, des buissons, sur des chemins forestiers ou des sentiers caillouteux. Il a déjà fait à plusieurs reprises le Chemin de Colomban. «Pour moi, réaliser un pèlerinage veut dire laisser sa maison derrière soi, s’engager dans l’inconnu et rester ouvert à ce qui arrive», explique le natif de Sargans.

Le pèlerinage offre en effet chaque jour de multiples découvertes. Aujourd’hui, une fleur orange qui détone dans la forêt, un lézard qui court sur une paroi rocheuse abrupte ou de gros escargots qui réalisent à leur rythme la randonnée. Wolfgang Sieber assure que c’est sur ce chemin qu’il a appris à percevoir le monde avec davantage de conscience.

Le tunnel Karine Keller-Sutter

L’inscription «Glück auf» (Bonne chance) se lit sur une plaque à l’entrée du tunnel «Karin Keller-Sutter»- dénommé ainsi en hommage à l’ancienne conseillère d’Etat saint-galloise et actuelle conseillère fédérale. A côté, se trouve une petite maison en pierre où veille sainte Barbe, patronne des mineurs.

Nous nous approchons de la Hohwand. La vue depuis la passerelle est fantastique. On y aperçoit notamment les localités de Wangs, de Vilters, et la vallée du Rhin en direction de Coire. La route continue vers Sargans.

L’oratoire «An der Randstiege»

Là, nous atteignons le château. L’édifice massif trône au-dessus de la petite ville. Juste en dessous, dans un jardin idyllique, se trouve l’oratoire «An der Randstiege», situé au bord de la route. Le lieu a été mentionné pour la première fois en 1484. Outre la date, il porte également les armoiries du bailli donateur, Karl Josef Brandenberg de Zoug.

Depuis le château, l’église catholique St. Oswald et la vieille ville de Sargans sont visibles. Non loin de là, se trouve également la chapelle St. Sebastian de Splee, où se déroulent de nombreux mariages, souligne Wolfgang Sieber.

En bas du village, nous voyons la petite chapelle de la Trinité au Vorderen Stutz. Construite en 1615, elle servait au service religieux auprès des malades et des pauvres. La chapelle Saint-Léonard, dans la localité voisine de Bad Ragaz, vaut également le détour.

21 étapes et 500 km

l’IG Kolumbansweg est membre de la plateforme internet Gesundheitsland Schweiz, qui promeut la santé des citoyens, notamment à travers la marche et les produits naturels. Wolfgang Sieber salue ce choix. «L’église et les monastères se sont engagés dès leur début dans la production de remèdes naturels», note-t-il.

La partie suisse du Chemin de Colomban sera certainement arpentée cet été par de nombreux pèlerins. Avec 21 étapes et 500 km de long, il fait partie du sentier de grande randonnée européen «Via Columbani». Les grands chemins de pèlerinage, comme la Via Francigena ou le Chemin de Saint-Jacques sont plus connus et fréquentés.

Wolfgang Sieber espère que le Chemin de Colomban en Suisse sera bientôt, à l’instar des deux autres, reconnu par le Conseil de l’Europe comme «chemin culturel européen». (cath.ch/kath.ch/vr/rz)

Le Chemin de Colomban
En 2013, les maires de Bangor en Irlande du Nord, de Luxeuil  en France et de Bobbio en Italie ont décidé de créer un Chemin de saint Colomban, allant de Bangor à Bobbio. Ils ont recherché un contact en Suisse pour créer une section nationale. Wolfgang Sieber s’est chargé de cette tâche, car il avait des contacts personnels avec Jacques Prudhon, président de l’Association française des amis de Colomban.
L’association du Chemin de Colomban Suisse (IG Kolumbansweg Schweiz) a été fondée en 2017. «L’objectif de l’association est de créer et de faire connaître la section suisse avec ses 21 étapes», explique Wolfgang Sieber. Pour ce faire, il s’est assuré le concours de «compagnons d’armes», tels que Cornel Dora, bibliothécaire de l’abbaye de Saint-Gall, et Josef Schönauer, président du Foyer des pèlerins de Saint-Gall. VR