La famille Farnese, toute dévouée à la papauté (2/5)
Devenue puissante dès le 10e siècle, la famille Farnese est systématiquement à compter parmi les guelfes (dévoués au pape) et vassaux des États pontificaux. Au 12e et 13e siècles, ses membres sont considérés comme des opposants farouches aux gibelins (opposés au pape).
Arthur Herlin. I.MEDIA
En 1340, l’ensemble de la famille jure obéissance aux domaines papaux du nord de Rome. Elle est aussitôt récompensée par l’obtention de fiefs et de grands domaines notamment dans cette région des États pontificaux. Dès lors, les Farnese engagent de fortes relations avec l’aristocratie romaine de l’époque: les Orsini, les Savelli ou les Colonna.
Cette ascension au sommet de la société romaine est illustrée parfaitement par le parcours éloquent d’Alexandre Farnese, né à Rome le 29 février 1468, il est créé cardinal en 1493, à peine âgé de 25 ans, par Alexandre VI (1492-1503). Cette rapide consécration est en partie due à sa sœur Giulia Farnese, maîtresse favorite du pontife d’alors.
Il porte ainsi la pourpre cardinalice pendant plus de quarante ans, traversant tous les grades jusqu’à devenir doyen du Sacré Collège. Cette longue expérience lui vaut un grand prestige au sein du Collège cardinalice, d’autant plus que son Palais Farnèse – aujourd’hui résidence de l’ambassade de France en Italie – dépasse en splendeur toutes les autres places prisées de Rome.
Sans grande surprise, il est donc élu le 13 octobre 1534, 220e pontife à l’âge de 66 ans prenant le nom de Paul III (1534-1549). Pape mécène et réformateur, il créé la Compagnie de Jésus (les jésuites) et en fait même son bras armé pour le représenter au Concile de Trente (dit aussi «concile de la Contre-Réforme catholique »), dont il est l’initiateur. Il réorganise par ailleurs l’Inquisition, mettant en place l’Inquisition romaine et autorisant la création de l’Inquisition portugaise.
Les Indiens sont de «véritables êtres humains»
On lui doit également la condamnation officielle par l’Église catholique de l’esclavage des Indiens «ou de tout autre peuple qui viendrait à être découvert». Paul III y déclare encore que ceux qui présentent les Indiens comme des bêtes, devant être utilisés sous prétexte qu’ils ne connaissent pas la foi catholique, sont des «suppôts de Satan» dont le but est d’»empêcher que la parole de Dieu soit annoncée pour le salut de ces nations «.
Dès 1537, Paul III condamne fermement, par la lettre apostolique Veritas ipsa et la bulle pontificale Sublimis Deus, la pratique de l’esclavage en général, et des Indiens en particulier. Paul III y déclare que les Indiens sont de «véritables êtres humains», «capables de comprendre la foi catholique». De plus, il leur reconnaît le droit de vivre libres et de posséder des biens, «même s’ils demeurent en dehors de la foi de Jésus Chris». Dans la réalité ces bulles resteront cependant lettre morte.
Voulant inscrire sa famille dans la durée, Paul III voit son règne quelque peu entaché par le népotisme, après avoir créé son neveu Alessandro Farnese cardinal à seulement 14 ans. Le pontife ne s’arrête pas là lorsqu’en 1537, il fait de son fils Pier Luigi Farnese – qu’il avait eu avec Silvia Ruffini avant de devenir prêtre – Duc de Castro, détenant ainsi tous les fiefs du nord-Latium. Un peu plus tard, en 1545, c’est le duché de Parme et de Plaisance qu’il inscrit dans les possessions de la famille grâce à son intervention.
Le Vatican embelli
Paul III est également reconnu pour sa modernisation de Rome où il installe de nouvelles fontaines, rénove les rues et embellit considérablement le Vatican. Il appelle Michel-Ange pour réaliser le Jugement dernier dans la chapelle Sixtine et afin de planifier la place du Capitole. Il commande encore à l’artiste florentin la chapelle Pauline réalisée de 1537 à 1539 au Palais apostolique, ornée de deux fresques célèbres représentant la Crucifixion de Saint-Pierre et la Conversion de Saint-Paul, les toutes dernières œuvres peintes de Michel-Ange. En possession de sculptures antiques amassées par la famille, Paul III crée en 1543 la Collection Farnese conservée aujourd’hui au Musée archéologique national de Naples.
La mort du pontife en 1549 marque le début du déclin de cette grande famille enviée par les autres clans romains, cible du Saint-Empire romain germanique, et soumise à la couronne d’Espagne. En 1731 Antoine Farnese meurt sans héritier, les possessions de la famille reviennent alors aux Bourbons, descendants et légataires des derniers Farnese. (cath.ch/imedia)
Les familles romaines
Certaines familles romaines sont si profondément enracinées dans l’histoire de la Ville Éternelle qu’il est parfois difficile de démêler la réalité de la légende. Certaines ont compté plusieurs papes dans leurs rangs. D'autres faisaient ou défaisaient les papes.