Le théologien brésilien Frei Betto accuse Bolsonaro de «génocide»
Le théologien de la libération brésilien Frei Betto accuse de «génocide» le gouvernement du Brésil, en rapport à la façon dont il gère la crise du coronavirus dans le pays. Dans une lettre ouverte, le dominicain estime que le président populiste de droite Jair Bolsonaro a voulu l’hécatombe actuelle.
Pour Frei Betto, Jair Bolsonaro a spéculé sur le fait que la mort des personnes âgées et malades soulagerait le système de retraites et les fonds de l’assurance maladie. «Bolsonaro a toujours été obsédé par la mort», écrit le théologien brésilien. Il rappelle une interview télévisée de 1999 dans laquelle Bolsonaro déclarait : «Les élections ne changeront rien dans ce pays! Malheureusement, cela ne changera que si un jour nous entrons dans une guerre civile ici et faisons le travail que le régime militaire n’a pas fait: tuer 30’000 personnes».
Pas de respect pour la vie humaine
Le président a mené une «politique nécrophile», car il était soucieux de sauver l’économie aux dépens de la vie humaine, estime le théologien. Pendant ce temps, les peuples indigènes du Brésil sont «décimés» par les attaques contre leur culture et leur environnement.
Frei Betto porte ces accusations dans une Lettre à des amis de l’étranger datée du 16 juillet, rapporte l’agence allemande Katholische Nachrichten-Agentur (KNA). Le texte a été relayé par plusieurs médias au Brésil. «S’il-vous-plaît, diffusez le plus largement possible cette nouvelle du crime contre l’humanité», écrit le religieux dominicain. Les responsables de ces actions au Brésil, ainsi que les entrepreneurs et investisseurs impliqués, devraient selon lui être amenés devant le Conseil des droits de l’homme des Nations unies à Genève et la Cour internationale de justice de La Haye.
Frei Betto, victime de la dictature
Frei Betto rappelle que Jair Bolsonaro avait qualifié au début la pandémie d’»hystérie collective» et de «petite grippe». Deux ministres de la santé ont dû quitter leur poste parce qu’ils ne voulaient pas soutenir la ligne de conduite du président qui ne respectait pas la «distanciation sociale» et soutenait l’utilisation de la chloroquine, un médicament controversé contre la malaria. Il a placé il y a deux mois un général de l’armée à la tête du ministère de la Santé. Plus récemment, Bolsonaro, a lui-même été contaminé par la Covid-19. Il a alors affirmé que le virus était «comme la pluie – à un moment donné, on se retrouve mouillé». Le 23 juillet 2020, 84’000 personnes étaient mortes du coronavirus au Brésil, et 2’287’475 personnes étaient contaminées.
Frei Betto a longtemps été un opposant à la dictature (1964-1985), dont le président fait ouvertement l’éloge. Il a été emprisonné pendant deux ans, dans les années 1970, pour ses opinions. En 2013, l’Unesco l’a honoré pour son engagement en faveur des droits de l’homme et de la justice sociale. (cath.ch/kna/rz)