«Bolsonaro nie les droits des indigènes face à la Covid-19»
Plusieurs entités de l’Église Catholique au Brésil ont critiqué le président Jair Bolsonaro dans son approche de la pandémie de Covid-19. Le chef d’Etat est notamment accusé de paralyser un projet de loi destiné à aider les populations indigènes touchées par le virus.
Le président Jair Bolsonaro a mis son veto sur pas moins de seize articles clés du projet de loi «PL n°1142/2020», voté le 8 juillet 2020 à la quasi unanimité par l’Assemblée et le Sénat. Le texte approuvait des mesures urgentes d’appui aux peuples indigènes. Le président brésilien s’est justifié en assurant que l’administration fédérale n’était pas en mesure de financer cette loi.
Cette décision est d’autant plus incompréhensible et critiquée qu’un amendement constitutionnel lié à la crise provoquée par le coronavirus et surnommé «budget de guerre» a justement été voté début juin. Objectif? Permettre de dépasser les dépenses prévues, votées avant la pandémie dans le cadre du budget de la Nation.
«Vetos inhumains»
Outre de nombreuses organisations de défense des peuples indigènes, des voix se sont élevées au sein de l’Église catholique brésilienne pour critiquer l’attitude du président. «Ces vetos sont éthiquement indéfendables et inhumains en ce qu’ils nient les garanties fondamentales pour la vie des populations indigènes», affirme un document signé par Mgr Walmor Azevedo de Oliveira, archevêque de Belo Horizonte et président de la Conférence épiscopale (CNBB).
Dans un communiqué, le Conseil indigéniste missionnaire (Cimi) a, lui aussi, condamné la posture du leader d’extrême droite. «Les vetos présidentiel au projet de loi démontrent une nouvelle fois les préjugés, la haine et la violence de l’actuel gouvernement à l’égard des populations indigènes, quilombolas (n.d.l.r. descendants des esclaves), et des populations traditionnelles».
Urgence sanitaire et alimentaire
Ces vetos sont d’autant plus étonnants que le projet de loi, approuvé par les deux assemblées, contient, comme le souligne un communiqué du Réseau ecclésial panamazonien (Repam) «des mesures urgentes d’appui aux peuples indigènes telles que l’accès à l’eau potable, la mise à disposition de lits de réanimation dans les unités de santé indigènes, ainsi que la distribution de produits alimentaires et d’hygiène».
Dans son communiqué, le Cimi a enfin rappelé que ce veto posé sur seize articles du projet de loi par le président Jair Bolosonaro constituait un record historique dans l’histoire de la République brésilienne depuis l’adoption de la Constitution, en octobre 1988.
Cette décision intervient alors que, selon le Secrétariat de la santé indigène, plus de 8’000 indigènes vivant dans des villages d’Amazonie ont développé le Covid-19 et 184 en sont morts. Des chiffres sans doute en deçà de la réalité. (cath.ch/jcg/rz)