Les chefs des Eglises et des communautés chrétiennes de Jérusalem sont inquiets et le font savoir | © Flickr/D. Jarvis/CC BY-SA 2.0
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Porte de Jaffa: les patriarches de Terre Sainte interpellent Israël

Dans un communiqué commun publié le 8 juillet 2020, les treize chefs des Eglises et communautés chrétiennes de Jérusalem, en appellent aux autorités israéliennes pour sauvegarder le patrimoine chrétien de la Ville Sainte, les Lieux Saints et les droits des résidents du quartier chrétien de la ville. Cette prise de position publique intervient après une décision de justice qui déboute l’Église orthodoxe dans une affaire vieille de quinze ans.

Les chefs des Eglises et des communautés chrétiennes de Jérusalem sont inquiets et le font savoir, rapporte le site Vatican News. En cause, le récent jugement du tribunal de district de Jérusalem qui n’a pas bloqué le transfert des droits sur trois bâtiments de la Vieille Ville appartenant à l’Eglise orthodoxe à l’association juive Ateret Cohanim qui agit pour peupler toute la Vieille Ville par des résidents juifs.

Depuis le début de cette complexe affaire, l’Eglise orthodoxe affirme que la transaction a été entachée de corruption et est donc caduque. Mais pour l’heure, elle ne parvient pas à faire prévaloir ses vues, comme le prouve le dernier acte judiciaire, d’où cette prise de position des patriarches: «nous soutenons résolument les efforts de l’Église grecque orthodoxe dans sa demande de justice» écrivent-ils.

Une opération d’achat jugée illégale et frauduleuse

Tout a commencé en 2004, lorsque le patriarcat grec-orthodoxe, alors sous la houlette d’Irénée Ier, conclut la vente de trois de ses propriétés situées en vieille ville de Jérusalem, dont deux à la Porte de Jaffa, dans le quartier chrétien, et une dans le quartier musulman. Ces biens ont été vendus à l’association juive Ateret Cohanim.

Quand la transaction fut révélée par un quotidien israélien en 2005, elle provoqua la colère des fidèles orthodoxes palestiniens, ce qui entraîna la destitution du patriarche contesté. Son successeur, Théophile III, décida d’en appeler à la justice, arguant que l’opération avait été entachée d’irrégularités, conclue sans l’aval des autorités orthodoxes et qu’elle s’avérait, en conséquence, illégale et donc non-valide.

Un endroit stratégique menacé

Non seulement parce que ces ventes avaient été réalisées sans l’autorisation du conseil synodal (collège supérieur qui s’occupe des questions ecclésiastiques et des détails liés à l’administration de l’Eglise grecque-orthodoxe de Jérusalem) mais aussi parce que son directeur financier aurait été soudoyé par Ateret Cohanim. Il aurait reçu des pots-de-vin et aurait fixé le prix de vente des immeubles à un niveau inférieur de leur valeur marchande.

En 2017, le tribunal de district de Jérusalem avait approuvé cette vente, faute de preuves étayant son caractère frauduleux. La décision de la Cour suprême israélienne, rendue le 10 juin 2019, vient clore une bataille juridique de 15 ans. Les trois immeubles en question – notamment les emblématiques Imperial Hotel et Petra Hotel  situés à l’entrée-ouest de la vieille ville, restent donc aux mains d’Ateret Cohanim.

Statut quo menacé

Si la transaction devait finalement se faire, le Status Quo serait menacé. Il ne s’agit pas «d’un simple litige de propriété» assure le communiqué. «Nous voyons l’engagement de groupes radicaux pour prendre le contrôle de propriétés à la Porte de Jaffa comme une tentative systématique de saper l’intégrité de la Ville Sainte, d’entraver la route des pèlerins chrétiens et d’affaiblir la présence chrétienne à Jérusalem» est-il encore écrit, en référence à Ateret Cohanim qui pourrait dans ce cas précis parvenir à expulser les résidents palestiniens vivant dans ces propriétés.

«Cette affaire n’affecte pas seulement l’Eglise grecque-orthodoxe et ses propriétés. Elle affectera aussi la nature pacifique de la coexistence entre les communautés pour laquelle est connue Jérusalem» insistent les chefs des Églises chrétiennes. D’où leur appel au gouvernement israélien pour qu’il agisse en faveur de la sauvegarde de «l’intégrité de l’héritage chrétien et du patrimoine de la Vieille Ville ainsi que des Lieux Saints et des droits des résidents du quartier chrétien de Jérusalem». (cath.ch/vatnews/bh)

Les chefs des Eglises et des communautés chrétiennes de Jérusalem sont inquiets et le font savoir | © Flickr/D. Jarvis/CC BY-SA 2.0
8 juillet 2020 | 16:58
par Bernard Hallet
Temps de lecture : env. 3  min.
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