Le cardinal Charles Maung Bo est archevêque de Rangoun depuis 2003. | Capture d'écran: Youtube/Thomas Khai
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Cardinal Bo: «J’appelle tous les croyants à prier pour Hong-Kong»

En réponse à la loi sur la sécurité nationale imposée à Hong-Kong,  le cardinal Charles Maung Bo, archevêque de Rangoun, dans un message publié le 1er juillet 2020, a appelé «les chrétiens de toutes traditions et tous les croyants à travers l’Asie et le monde à prier pour Hong-Kong, pour la Chine et pour son peuple».

Le cardinal birman de 71 ans, président de la FABC (Fédération des conférences épiscopales asiatiques) qui rassemble 19 conférences épiscopales en Asie, a publié sa lettre en réaction à l’entrée en vigueur, le 1er juillet, de la loi sur la sécurité nationale à Hong-Kong, imposée «sans consultation de la population locale», rapporte Eglises d’Asie (EdA), agence d’information des Missions Etrangères de Paris.

Cette loi fragilise les libertés à Hong-Kong et menace le «haut degré d’autonomie» promis dans le cadre du principe «un pays, deux systèmes». Ceci représente un vrai changement constitutionnel et contredit l’esprit de l’accord de rétrocession de la région administrative spéciale à la Chine en 1997.

Hong-Kong est un carrefour entre l’Est et l’Ouest, une passerelle vers la Chine et un centre régional de libre-échange. Et jusqu’à maintenant, la métropole a joui d’un mélange de liberté et de créativité.

Liberté de religion et de croyance menacée

Une loi sur la sécurité nationale n’est pas mauvaise en soi. Chaque pays a le droit de légiférer pour protéger et maintenir sa sécurité. Mais une telle législation doit être équilibrée en garantissant le respect des droits de l’homme, de la dignité humaine et des libertés fondamentales. L’imposition de cette loi par l’Assemblée nationale populaire chinoise fragilise clairement le Conseil législatif de Hong-Kong et son autonomie. Elle transforme son identité de façon radicale.

Cette législation risque de fragiliser la liberté d’expression, la liberté de rassemblement, la liberté de la presse et la liberté académique. La liberté de religion et de croyance est sans-doute également menacée.

Selon beaucoup de témoignages, la liberté de religion et de croyance en Chine continentale subit les attaques les plus violentes depuis la Révolution culturelle. Même si la liberté de culte à Hong-Kong n’est pas directement ou immédiatement affectée, la nouvelle loi sur la sécurité et les criminalisations qu’elle implique (pour les actes de «subversion», de «sécession» et de «complicité avec des forces politiques étrangères») pourraient, par exemple, entraîner le contrôle des prêches religieux, la pénalisation des veillées de prière aux chandelles et le harcèlement des lieux de culte protégeant ou assistant les manifestants.

La Loi actuelle garantit la liberté de culte

«Je prie pour que cette loi ne conduise pas le gouvernement à interférer avec les affaires internes des organisations religieuses et avec les services pastoraux qu’elles proposent au public. Mes frères prêtres et évêques doivent pouvoir préparer leurs homélies en toute confiance, ainsi que les membres du clergé protestant en préparant leurs sermons, de même pour les responsables religieux des autres confessions», précise le cardinal Bo.

La participation des organisations religieuses dans les affaires sociales ne doit pas pouvoir être affectée. De fait, la Loi fondamentale [qui sert de mini-Constitution pour Hong-Kong] garantit la liberté de culte. «Dorénavant, les responsables religieux seront-ils poursuivis pour avoir défendu la dignité humaine, les droits de l’homme, la justice, la liberté et la vérité? Nous en avons fait l’expérience, dès que la liberté est menacée dans son ensemble, la liberté de religion ou de culte est tôt ou tard affectée», déplore le prélat birman.

Manifestants et policiers devraient être égaux devant la loi

Durant plus d’un an, il y a eu de nombreuses manifestations à Hong-Kong, dont la plupart étaient pacifiques. Toutefois, plus de 9’000 manifestants ont été arrêtés, et pas un seul policier n’a été poursuivi pour usage disproportionné de la force. Il faut que tous, manifestants et policiers, soient égaux devant la loi.

Les causes des tensions actuelles doivent être traitées impérativement, en trouvant des compromis et en menant des réformes significatives. Cette loi sur la sécurité nationale risque d’aggraver les tensions, et non d’apporter des solutions. (cath.ch/eda/gr)

Le cardinal Charles Maung Bo est archevêque de Rangoun depuis 2003. | Capture d'écran: Youtube/Thomas Khai
5 juillet 2020 | 17:07
par Grégory Roth
Temps de lecture : env. 3  min.
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