«Les mots du pape peuvent être un repère après le confinement»

Journaliste spécialiste du Vatican pour Paris Match, Caroline Pigozzi publie le 18 juin 2020 «François en poche» aux éditions du Cherche Midi. L’ouvrage répertorie les pensées du pape François parmi les plus marquantes. Loin de vouloir s’adresser aux seuls catholiques pratiquants, la journaliste française, qui a couvert trois pontificats, souhaite transmettre à tous «l’optimisme et l’espérance» du pontife argentin.

Propos recueillis par Claire Guigou, I.MEDIA

Pourquoi ce livre maintenant? Comment en avez-vous eu l’idée?
Je viens de finir un ouvrage sur Charles de Gaulle qui m’a demandé un long travail, et j’avais envie de quelque chose d’un autre genre, plus léger. Cela faisait longtemps que je portais ce projet en moi, car j’ai toujours été frappée par le vocabulaire du pape François et je n’avais jamais trouvé le temps de m’y consacrer. J’ai cru que cela allait être rapide, mais étant donné que j’ai dû me pencher sur la traduction des textes, j’y ai passé plusieurs mois. Je n’avais jamais imaginé que ce serait un tel travail! Je voulais écrire quelque chose qui vienne du cœur en me disant: si j’arrête quelqu’un dans la rue et que je lui lis cette phrase, va-t-il m’écouter? Voilà quel était l’objectif visé.

À qui cet ouvrage s’adresse-t-il?
À tout le monde. À titre d’exemple, à quelqu’un dans le métro qui ouvre son livre et qui, au moment de descendre à sa station, le remet dans sa poche. Étant moi-même journaliste chez Paris Match, un hebdomadaire populaire, je ne voulais pas rester dans quelque chose qui relève de l’entre-soi. Ce livre ne s’adresse pas spécifiquement aux catholiques, qui n’ont pas besoin de moi, mais plutôt à tout le monde.

En quoi la spiritualité du pape peut aider des personnes qui ne sont pas catholiques?
Je pense qu’après cette période de confinement, les paroles du pape peuvent être un repère. A travers ses propos, il transmet de l’optimisme et de l’espérance et c’est ce que je souhaite montrer. Je voulais retenir des phrases pour que les gens tristes sortent de la détresse. Ce livre n’a pas pour but de convertir mais plutôt de montrer que n’importe qui peut s’inspirer des paroles du pontife sans pour autant aller à la messe tous les jours.

«L’université des mamans est leur cœur, c’est là qu’elles apprennent comment élever leurs enfants»

Pape François

Parmi les pensées retenues, quelle est votre favorite?
Il y en a plusieurs. Par exemple: «Je suis parfaitement indiscipliné de naissance, mais la discipline des jésuites, leur manière d’ordonner le temps, m’a vraiment frappé». Ou encore: «L’université des mamans est leur cœur, c’est là qu’elles apprennent comment élever leurs enfants». Il y a également: «Disputez-vous tant que vous voulez! Si les assiettes volent, laissez-les voler. Mais ne laissez jamais la journée s’achever sans avoir fait la paix». J’aime ces phrases, car elles sortent du contexte religieux. J’ai toujours été marquée par le vocabulaire de ce pape qui ne parle pas comme un ecclésiastique, qui n’est pas pompeux. Ses propos sur les migrants sont aussi fondamentaux.

Vous entretenez un lien particulier avec le pape et avez obtenu la première interview d’un média français en 2015. Comment expliquez-vous ce lien?
Je crois qu’il y a beaucoup de choses. Mon côté piémontais sans doute! [Comme Caroline Pigozzi, le pontife a des origines piémontaises, du côté maternel, NDLR] Je pense aussi qu’il y a une question de respect. Je sais garder les propos du pape pour mon journal, mais aussi certaines confidences pour moi, et je pense que c’est important. Je ne m’expose pas non plus sur les réseaux sociaux et ne tente pas de chercher des «scoops» en parlant du pape. Pour ma part, j’ai toujours été fascinée par l’esprit jésuite, cet esprit de discernement. Si celui-ci avait été dominicain, cela aurait sans doute été différent. (cath.ch/imedia/cg/rz)