Le pape François mis sur écoute par les services secrets argentins
L’Agence fédérale de renseignement argentine (Agencia Federal de Inteligencia – AFI) a fiché et mis sous écoute 500 personnalités pendant la présidence de Mauricio Macri (2015-2019), dont un certain nombre de prêtres et un évêque, Mgr Jorge Lugones, a révélé le 11 juin la justice argentine, relayée par des médias du pays le 15 juin. Celle-ci a notamment mis en avant l’espionnage des conversations qu’avait par téléphone ce dernier avec le pape François.
Mgr Lugones, évêque au profil très social de Lomas de Zamora, diocèse de la banlieue de Buenos Aires, est un légat très proche du pontife : ce dernier a ainsi procédé à son ordination sacerdotale en 1999 alors qu’il était archevêque de la capitale argentine. Les liens de l’actuel prélat avec les organisations sociales du pays (syndicats, associations, etc.) ont poussé les services secrets argentins de la présidence Macri à procéder à une surveillance très poussée de l’homme d’Église.
Outre ses comptes bancaires et cartes de crédit, l’agence gouvernementale a procédé à plusieurs mises sur écoute de l’évêque, surveillant en particulier ses conversations avec le pape François, a révélé au prélat le juge en charge de l’enquête sur ces pratiques illégales, Federico Villena. Selon le média argentin Pagina 12, les agents du gouvernement pensaient que Mgr Lugones «travaillait à [la formation] d’une armée politique liée au pontife».
Les évêques argentins solidaires de Mgr Lugones
La conférence des évêques d’Argentine a réagi par un communiqué, publié le 11 juin, témoignant de sa solidarité à Mgr Lugones et condamnant les «crimes d’espionnage illégal» dont il a été victime. Elle a appelé à bannir du pays ces «actions qui sont contraires aux valeurs de la démocratie et qui affectent gravement la liberté individuelle et la vie privée des citoyens».
Ce n’est pas la première fois que le gouvernement argentin surveille «de trop près» les évêques de son pays. Alors archevêque de Buenos Aires, le cardinal Jorge Mario Bergoglio avait subi le même sort sous la présidence de Néstor Kirchner, entre 2003 et 2007, le pouvoir craignant son fort engagement social. (cath.ch/imedia/cd/rz)