Les évêques italiens s’opposent à une loi contre l’homophobie

«Il n’y a pas besoin d’une nouvelle loi», a déclaré la Conférence des évêques d’Italie (CEI) dans une note publiée le 10 juin 2020, à propos d’une proposition de législation contre l’homophobie et la transphobie. Les évêques italiens considèrent que le dispositif légal existe déjà et doit être appliqué, et que le risque est de mettre en place un «crime d’opinion».

Portée notamment par la gauche et le Mouvement Cinq Étoiles au pouvoir, une loi sur la transphobie et l’homophobie doit être présentée devant la Chambre des députés en juillet 2020. La CEI est intervenue dans le débat, considérant que rien ne justifie l’urgence de légiférer actuellement sur le sujet.

«La discrimination – y compris la discrimination fondée sur l’orientation sexuelle – est une violation de la dignité humaine, qui – en tant que telle – doit toujours être respectée en paroles, en actes et dans la législation», affirment les évêques d’Italie dans une note intitulée Les évêques contre toute discrimination. Considérant que le dispositif légal existant est suffisant et doit dès lors être appliqué, ils affirment regarder «avec inquiétude les propositions législatives actuellement examinées». «Il n’y a pas besoin d’une nouvelle loi», insistent-ils.

Le risque de dérives liberticides

«Une éventuelle introduction de nouvelles réglementations incriminantes risquerait d’ouvrir la porte à des dérives liberticides», affirme encore le document de la CEI. S’appuyant sur «l’expérience des systèmes d’autres nations dans lesquelles des réglementations similaires ont déjà été introduites», les évêques italiens craignent que la nouvelle loi vienne condamner «une opinion légitime».

Ils citent en exemple le fait de «soumettre à une procédure pénale ceux qui pensent que la famille a besoin d’un père et d’une mère». Il s’agirait d’introduire «un crime d’opinion» qui limiterait «la liberté personnelle, les choix éducatifs, le façon de penser et d’être, l’exercice de la critique et de la dissidence».

Citant le pape François, la CEI insiste sur le fait que «rien ne se gagne par la violence et beaucoup se perd». «Il n’y a pas besoin de controverse ou d’excommunication mutuelle à ce sujet, mais une volonté de s’engager dans une confrontation authentique et intellectuellement honnête».

Le peuple suisse a voté en février 2020 en faveur d’une loi sanctionnant ceux qui discriminent des personnes en raison de leur orientation sexuelle. La Conférence des évêques suisses (CES) n’avait pas donné de recommandations de vote, à cette occasion. (cath.ch/imedia/cd/rz)