Mgr Eric de Moulins-Beaufort, archevêque de Reims, président de la Conférence des évêques de France | © I.Media
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Les évêques de France scrutent la relation Eglise-Etat

Le discours de clôture de l’Assemblée plénière de la Conférence des évêques de France (CEF), qui s’est déroulée du 8 au 10 juin 2020 en visioconférence, s’est centré sur la «liberté de l’Eglise», notamment face à l’Etat. Mgr Éric de Moulins-Beaufort, président de la CEF, a en outre salué l’engagement des catholiques durant le confinement.

La lutte contre l’épidémie de Covid-19 a fait réémerger le thème de la libertas ecclesiae, la «liberté de l’Eglise», a souligné Mgr de Moulins-Beaufort dans son discours. Celui-ci clôturait une assemblée plénière inhabituelle, effectuée par visioconférence, étant donné les recommandations de distanciation sociale toujours en cours en France.

Le président de la CEF est revenu sur les circonstances particulières du confinement. Des tensions étaient apparues entre le gouvernement et l’épiscopat français, qui s’était plaint d’avoir été «oublié» lors de l’assouplissement des restrictions. Ainsi, dans la préparation du déconfinement, la liberté de l’Eglise «a pu paraître menacée par l’interdiction maintenue de toute réunion ou rassemblement dans les établissements de culte, alors que les réunions de moins de dix personnes étaient autorisées dans l’espace public et qu’il n’était plus question d’encadrer les réunions dans les lieux privés», note le prélat français. Il explique cela par «une maladresse d’écriture dans un temps de précipitation». La liberté de l’Eglise n’est pas, en régime de séparation, «le souci des responsables politiques», a toutefois déploré l’archevêque de Reims.

Pour une Eucharistie accessible au plus grand nombre

«L’Etat est dans son droit lorsqu’il édicte des règles sanitaires; il sort de son rôle lorsqu’il prétend déterminer comment les citoyens vont mettre en œuvre ces règles dans l’organisation de leur foi religieuse et du culte qui y est lié». Il souligne que l’Eglise a revendiqué de pouvoir appliquer les règles de précautions sanitaires «pas seulement par peur de la contagion, mais pour servir le bien de tous». Mgr de Moulins-Beaufort a ainsi salué les initiatives de messes à distance et les actions d’entraide organisées par des catholiques dans le pays.

Revenant sur l’impossibilité de la communion lors du confinement, il a rappelé que la liberté de l’Eglise «est précisément l’exigence de pouvoir donner au milieu de ce monde une forme visible à la venue du Seigneur». Il a ainsi exhorté à la réorganisation des diocèses «pour que l’Eucharistie soit accessible au plus grand nombre dans la plénitude de son déploiement, malgré le nombre réduit de prêtres».

Reconnaissance nécessaire des abus sexuels

Cette liberté engage en outre l’Eglise à «vivre à partir d’elle-même pour accomplir sa mission». Dans ce cadre, il a précisé que les évêques des France s’étaient penchés sur la situation économique des diocèses suite au confinement, préconisant une intensification de la solidarité interdiocésaine en matière de finances.

La libertas ecclesiae engage aussi l’Eglise à poursuivre son travail de reconnaissance des abus sexuels, a relevé le président de la CEF. Il a noté la poursuite, dans ce domaine, du travail de la Commission indépendant sur les abus sexuels dans l’Eglise (CIASE), mise en place par l’Eglise en France.

L’archevêque de Reims a finalement confié à la prière adressée au Sacré-Cœur les personnes consacrées, qui sont le signe de «la liberté de vivre autrement que le monde, non pour condamner le monde mais plutôt pour aider les hommes et les femmes à s’ouvrir à l’espérance d’une vie plus humaine qui soit divinisante». (cath.ch/com/rz)

Mgr Eric de Moulins-Beaufort, archevêque de Reims, président de la Conférence des évêques de France | © I.Media
11 juin 2020 | 12:23
par Raphaël Zbinden
Temps de lecture : env. 2  min.
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