Pour Bernd Nilles, Le soutien de la Conférence des évêques suisses (CES) est également très important | © Grégory Roth
Suisse

Bernd Nilles: «Il faut mobiliser les forces pour gagner l’initiative»

Georges Scherrer/Kath.ch

L’initiative pour des multinationales responsables a des chances de remporter la votation populaire. Bernd Nilles, directeur d’Action de Carême, en est persuadé. L’organisation jouera un rôle actif dans la campagne de votation. La date du vote n’est pas encore connue.

Quel rôle joue l’association «Eglises pour multinationales responsables» dans cette initiative?
Bernd Nilles: L’association «Eglises pour multinationales responsables » permet de mobiliser les Eglises et de les sensibiliser à l’initiative. Elle est l’expression de personnes engagées dans l’Eglise qui soutiennent les préoccupations de l’initiative: les entreprises doivent assumer la responsabilité des dommages qu’elles causent. «Eglises pour multinationales responsables» est un organe œcuménique soutenu par des institutions ainsi que des personnes tant catholiques que réformées. Action de Carême en est l’une des fondatrices.

Où en est l’initiative aujourd’hui?
La conférence de conciliation a proposé au Conseil national et au Conseil des Etats d’adopter le contre-projet alibi. Cela signifie que l’initiative ne sera pas retirée et que la bataille des votes va commencer.

«Action de Carême accordera une priorité absolue à la question de la responsabilité des entreprises dans les prochains mois.»

Comment remporter la votation?
L’association «Eglises pour multinationales responsables» sera active dans les églises, les communautés et les comités locaux de l’initiative et se mobilisera pour un vote favorable. Pour l’association ainsi que pour les autres organisations et réseaux qui soutiennent l’initiative, la décision de la conférence de conciliation ne signifie donc rien d’autre que: il faut maintenant mobiliser toutes les forces pour gagner l’initiative.
Nous le devons aux nombreuses victimes, aux populations les plus démunies mais aussi aux générations futures afin de leur léguer un monde respectueux des droits humains et de l’environnement. En conséquence, Action de Carême accordera une priorité absolue à la question de la responsabilité des entreprises dans les prochains mois.

Comment Action de Carême s’engagera-t-elle auprès l’initiative dans les mois à venir?
Action de Carême participera à la mobilisation du grand réseau de la société civile qui veut faire passer l’initiative. Au sein de l’association, notre organisation coordonnera les stratégies de la campagne électorale et fera un travail de relations publiques.
Il s’agit également de dénoncer le non-respect des droits humains et la destruction de l’environnement par les multinationales dans les pays de nos organisations partenaires au Sud. Nombre d’entre elles sont directement confrontées à ces violations.

De nombreux prêtres, évêques et laïcs des pays du Sud sont également très impliqués. L’Eglise catholique doit être mobilisée autour des acteurs et actrices catholiques qui soutiennent l’initiative. Le soutien de la Conférence des évêques suisses (CES) est également très important. Pour Felix Gmür, président du CES et également président du conseil de fondation d’Action de Carême, l’initiative ainsi que la protection des droits humains sont des préoccupations majeures.

«L’Eglise catholique doit être mobilisée autour des acteurs et actrices catholiques qui soutiennent l’initiative.»

Les multinationales génèrent de nombreux profits qui bénéficient à la Suisse. Cette initiative n’est-elle pas un coup de semonce pour la prospérité de notre pays?
Avec un millier de multinationales, la Suisse accueille le monde entier. Ces entreprises contribuent certes à notre richesse mais celle-ci doit également impliquer une responsabilité commune. Plus la prospérité est grande, plus les responsabilités doivent l’être également.
Lorsqu’une entreprise ayant son siège en Suisse pollue l’environnement pour extraire des matières premières au Congo ou que nous raffinons, dans notre pays, de l’or provenant de zones de conflit, nous ne pouvons rester indifférents. En outre, la protection des droits humains et de l’environnement ne constitue pas un désavantage économique pour les entreprises, mais plutôt une gestion durable sur le long terme.

Si les violations des droits humains et la destruction de l’environnement se traduisent par des avantages concurrentiels et des profits à court terme, cela est éthiquement inacceptable. Sans les droits humains, le respect de la dignité humaine n’est plus garanti.

Selon vous, quelle chance a l’initiative de gagner la votation devant le peuple?
Si nous n’étions pas convaincus de pouvoir remporter le vote, nous n’aurions pas lancé l’initiative. Tous les sondages effectués jusqu’à présent montrent une nette approbation du peuple suisse. Beaucoup de personnes ont compris que cela ne peut plus continuer ainsi.
Elles ont compris que la prospérité ne doit pas s’atteindre au détriment des personnes et de l’environnement et qu’elle peut revenir tel un boomerang pour, en fin de compte, toucher tout le monde. La période difficile liée à la pandémie de coronavirus a rendu les gens particulièrement sensibles au commerce et à la consommation éthiques.
En même temps, nous attendons une campagne massive des associations économiques qui pourraient tenter d’effrayer la population et jouer sur un sentiment d’insécurité. Mais je doute que cela fonctionne, car des dizaines de milliers de personnes soutiennent déjà l’initiative pour des multinationales responsables à l’échelle nationale. (cath.ch/kath.ch/gs/bh)

Pour Bernd Nilles, Le soutien de la Conférence des évêques suisses (CES) est également très important | © Grégory Roth
9 juin 2020 | 00:58
par Rédaction
Temps de lecture : env. 3  min.
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