En Inde, la crise sanitaire aggrave la pauvreté
Plusieurs responsables catholiques ont lancé un appel aux autorités pour faciliter l’accès des plus pauvres à la nourriture. Ils s’inquiètent des mesures de confinement mises en place dans le pays en raison du coronavirus, quoi ont creusé un peu plus les inégalités.
En Inde, une autre bataille s’est ajoutée ces dernières semaines à l’urgence sanitaire du coronavirus: celle de la faim et de la grande pauvreté. Des activistes des droits fondamentaux et des bénévoles chrétiens ont lancé un appel au gouvernement afin que des denrées alimentaires soient assurées aux plus pauvres et à ceux qui ont perdu leur emploi à cause du décret du gouvernement prolongeant le confinement au 30 juin et verrouillant toute reprise des activités économiques.
Le Père Irudaya Jyothi SI, impliqué dans une campagne sur le droit à la nourriture dans l’Etat du Bengale occidental, relève auprès de l’agence Fides plusieurs anomalies dans le système de distribution publique géré par le gouvernement, en particulier en ce qui concerne les nécessiteux. «A moins que ces lacunes ne soient comblées, le nombre des personnes mourant de faim pourrait se multiplier» s’inquiète-t-il. Selon ce prêtre jésuite, de nombreuses personnes pauvres n’ont pas accès à la nourriture et le gouvernement régional ne semble pas s’en préoccuper sérieusement.
Trouver de nouvelles solutions
Le père capucin Nithya Sagayam, ancien Secrétaire de la commission Justice et Paix de la Conférence épiscopale indienne, fait le même constat préoccupant, puisqu’il concerne des centaines de milliers d’Indiens. «Le gouvernement a le devoir de trouver de nouvelles manières d’affronter la pauvreté au cours de l’urgence sanitaire alors que l’économie chute drastiquement».
À travers ses structures, l’Eglise en Inde fait de son mieux pour fournir de la nourriture aux personnes les plus vulnérables. Parmi les nombreuses initiatives d’assistance, le Board for Research Education and Development (BREAD), une ONG chrétienne ayant son siège à Noida, à la frontière entre Delhi et l’Uttar Pradesh, gérée par la Société missionnaire indienne, fournit un repas par jour à quelques 36’000 élèves et jeunes défavorisés dans 75 écoles du Jharkhand.
À Bombay, dans l’ouest du pays, les Soeurs canossiennes donnent à manger aux pauvres avec l’aide de bénévoles laïcs. «Les bénéficiaires sont des familles de travailleurs journaliers, de chômeurs, de domestiques et d’autres personnes très pauvres de Bombay», précise une religieuse.
Des indicateurs économiques inquiétants
Dans ce pays de plus de 1,3 milliards d’habitants, les mesures de confinement en Inde, pays de plus d’1,3 milliard d’habitants pourraient pousser au moins 12 millions d’Indiens dans une situation d’extrême pauvreté (moins d’1,90 dollar par jour), selon la Banque Mondiale. Par ailleurs, quelques 122 millions d’indiens ont perdu leur emploi rien que pour le mois d’avril, d’après les estimations du Center for Monitoring Indian Economy, un groupe de réflexion indépendant.
Les projections des Nations-Unies ne sont guère plus optimistes. Selon elles, 104 millions d’Indiens supplémentaires pourraient passer en dessous du seuil de pauvreté en raison de la crise sanitaire et des mesures de confinement, portant ainsi à 920 millions (68% de la population du pays) le nombre de personnes vulnérables dans le pays.
Le gouvernement de Narendra Modi a pris plusieurs mesures pour amortir le choc économique, en débloquant notamment 255 milliards de dollars (10% du PIB du pays) pour relancer l’activité. (cath.ch/vatnews/fides/cp)