Dominic Cummings est accusé d'avoir violé les règles du confinement | © KEYSTONE/PRESS ASSOCIATION IMAGES/Jonathan Brady
International

Menaces de mort contre des évêques ayant critiqué Dominic Cummings

Des évêques anglicans du Royaume-Uni ont été menacés de mort après avoir publiquement critiqué le comportement de Dominic Cummings. Le conseiller du Premier ministre britannique Boris Johnson est accusé d’avoir violé à plusieurs reprises les règles de confinement imposées pour faire face à la pandémie de coronavirus.

«Restez en dehors de la politique, ou nous vous tuerons!» Tel est le message reçu par John Inge, l’évêque anglican de Worcester, rapporte le 27 mai 2020 le quotidien britannique The Independent. Plusieurs autres prélats de l’Eglise d’Angleterre ont reçu des menaces du même type. En cause, leurs commentaires, diffusés sur plusieurs types de médias, concernant «l’affaire Dominic Cummings». Les dignitaires anglicans se sont insurgés contre ce conseiller spécial du Premier ministre britannique, accusé d’avoir gravement violé les règles de confinement imposées au Royaume-Uni.

Trajets controversés

Dominic Cummings, considéré comme l’éminence grise de Boris Johnson et principal artisan du Brexit, a avoué avoir réalisé, le 27 mars 2020, un trajet de plus de 400km en voiture. Il emmenait sa femme et leurs fils de quatre ans de Londres vers la maison de ses parents, située à Durham, dans le nord de l’Angleterre. N’exprimant ni regret, ni excuse, il a expliqué avoir voulu s’assurer que ses nièces pourraient garder leurs fils si lui et sa femme tombaient malades. Dominic Cummings aurait également voulu échapper au «harcèlement» dont il aurait été victime de la part d’agitateurs devant sa maison.

Suite à son arrivée dans sa ville natale, le conseiller de Boris Johnson et sa femme ont effectivement développé des symptômes de la Covid-19. Ses explications ont paru encore plus «fumeuses» lorsqu’il a présenté les raisons d’une excursion en dehors de la maison de ses parents, le 12 avril, avant de retourner à Londres. Il a notamment assuré qu’il avait conduit, avec sa femme et son fils jusqu’au site touristique de Barnard Castle, à 30 minutes en voiture de Durham, pour «tester sa vue», dont il craignait qu’elle ait pu être endommagée par le virus.

Mauvais exemple

Des arguments qui n’ont pas convaincu beaucoup de personnes au Royaume-Uni, au vu de la déferlante d’appels à sa démission qui secoue actuellement le pays, dont une partie non négligeable proviennent de son propre camp politique. Boris Johnson a malgré cela refusé de se séparer de son conseiller, estimant que ce dernier avait agi «de manière raisonnable, légale et honnête».

Cette décision a provoqué l’ire de nombreuses personnalités dans le pays, également en dehors du milieu politique. Une dizaine d’évêques anglicans se sont joints au concert de critiques. «La question, à présent, est la suivante, s’est par exemple interrogé Nick Baines, l’évêque de Leeds: va-t-on accepter que l’on nous mente et que le Premier ministre nous prenne pour des poires?» Pour l’évêque John Inge, qui est l’un des plus hauts responsables de l’Eglise d’Angleterre (dont la reine est le chef), «la défense risible de Cummings par le Premier ministre est une insulte à tous ceux qui ont réalisé de lourds sacrifices pour garantir la sécurité des autres». Certains prélats ont également mis en avant le mauvais exemple donné par Boris Johnson en défendant le comportement de son conseiller. Ils ont dénoncé une politique de «deux poids deux mesures» dans un contexte où des citoyens britanniques ont dû payer de lourdes amendes pour le même type d’infractions.

L’Eglise peut-elle se mêler de politique?

Vivienne Faull, évêque de Bristol, a ainsi affirmé sur Twitter que «les liens de paix et de vie en commun (qui ont été merveilleusement renforcés durant l’épreuve de la Covid-19) ont été dangereusement sapés ce soir [suite à la défense de Dominic Cummings par Boris Johnson]». David Walker, évêque de Manchester, a même brandi le risque d’une rupture de collaboration de l’Eglise d’Angleterre avec le gouvernement dans la lutte contre la pandémie, tant que des «repentirs» ne sont pas exprimés et que Dominic Cummings reste en fonction.

Suite à ces commentaires, de nombreux messages s’offusquant de «l’ingérence» des évêques dans la politique leur sont parvenus, certains d’une grande violence et un petit nombre contenant même des menaces de mort. Des prélats ont toutefois défendu leur droit de s’exprimer dans le domaine politique. L’évêque de Ripon, Helen-Ann Hartley, a ainsi écrit dans le quotidien Yorkshire Post: «La politique touche les personnes et l’ordre juste de la société. Si le christianisme n’a rien à dire à propos de cela, il ne sert à rien».

A noter que l’Eglise catholique en Angleterre et au Pays de Galles ne s’est pas exprimée sur cette affaire. (cath.ch/ag/rz)

Dominic Cummings est accusé d'avoir violé les règles du confinement | © KEYSTONE/PRESS ASSOCIATION IMAGES/Jonathan Brady
27 mai 2020 | 12:38
par Raphaël Zbinden
Temps de lecture : env. 3  min.
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