L’aumônier du pape critique la reprise tardive des messes publiques
«C’est une libération après une longue et douloureuse attente. Trop longue, c’est pourquoi je la ressens plutôt comme un dû», a déclaré le cardinal Konrad Krajewski, aumônier apostolique, à propos de la reprise des messes publiques, dans une tribune publiée par le quotidien La Stampa le 25 mai 2020. Le prélat polonais considère qu’un retour à la normale aurait pu être envisagé «peu après Pâques» et regrette qu’en Italie les églises aient été parmi les derniers endroits accessibles lors du déconfinement.
Le gouvernement italien a trouvé un accord avec la Conférence des évêques d’Italie (CEI) pour une reprise des messes publiques à partir du 18 mai, soit deux semaines après le lancement de la ›phase 2’. Actif pendant toute la période de confinement auprès des plus pauvres, le cardinal Krajewski a exprimé son mécontentement face à une reprise des messes publiques qu’il juge trop tardive.
«Nous avions l’espace suffisant qui nous aurait permis de revenir plus tôt pour préparer les cérémonies avec le peuple. Et au lieu de cela, [les églises] étaient parmi les derniers endroits accessibles à nouveau», a déploré le Polonais. «C’est une libération après une longue et douloureuse attente. Trop longue, c’est pourquoi je la ressens plutôt comme un dû».
L’aspect communautaire est fondamental
Le cardinal Krajewski a aussi déploré «tous les enterrements manqués: les proches des défunts souffriront toute leur vie aussi pour ce vide injuste et inconsolable». Si l’aspect religieux est crucial dans la vie, considère-t-il, «l’intimité et l’intériorité ne suffisent pas, et internet non plus». «L’aspect communautaire est fondamental», affirme le prélat. «C’est la plus grande et la plus importante leçon à tirer de ces mois de fermeture des lieux de culte», a-t-il expliqué.
Selon l’aumônier du pontife, les prêtres sont appelés à ne pas échapper à leur rôle de source d’espérance, surtout pour ceux qui sont en difficulté. «En temps de guerre, de pauvreté ou de maladie […] ou de pandémie», les pasteurs doivent donc impérativement pouvoir soutenir toute la société.
«Un peu plus de courage aurait suffi»
Pour celui qui s’est beaucoup investi pour venir en aide aux sans-abri et pauvres de Rome pendant les deux mois de confinement, «le cri de colère, la tristesse et la protestation de milliers de fidèles au cours de ces mois» doivent pousser à ne plus «laisser les gens sans les sacrements […] surtout lorsque le désespoir les pousse à s’accrocher à Dieu.»
«Un peu plus de courage aurait suffi pour nous équiper de masques, de gants et de combinaisons de protection, et nous aurions pu atteindre et réconforter spirituellement les malades, les patients des hôpitaux». Il a rappelé l’importance fondamentale des sacrements: «Soit nous les traitons comme tels, soit ils sont un conte de fée». Si le gouvernement doit être remercié parce qu’il montre le chemin de la santé, les chrétiens ne doivent pas oublier l’importance de la sainteté pour autant, a-t-il dit.
«Si nous chérissons les témoignages de responsabilité, de générosité inconditionnelle et de solidarité concrète qui nous ont maintenus debout dans ce temps suspendu entre l’angoisse et la privation, le retour à la messe peut se révéler non pas un sentiment éphémère, mais une véritable joie», a déclaré le cardinal. Selon lui, cela vaut aussi d’un point de vue social et politique: «les bienfaits d’une communauté qui se retrouve à prier vont au-delà des paroisses et des oratoires et rayonnent dans toute la société». (cath.ch/imedia/rz)