Le Père Thierry Magnin, ancien recteur de l’Université catholique de Lyon et secrétaire général de la Conférence des évêques de France depuis le 1er juillet 2019 | © Jacques Berset
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Porte-parole de l’Eglise de France, le Père Thierry Magnin démissionne

Secrétaire général et porte-parole de la Conférence des évêques de France (CEF), le Père Thierry Magnin a présenté sa démission moins d’un an après le début de son mandat. A 67 ans, le prêtre et scientifique veut pouvoir à nouveau se consacrer à la recherche, à l’enseignement et à l’étude sur les rapports entre science et foi.

Dans un communiqué publié le 12 mai 2020, la CEF écrit que le Père Thierry Magnin, en plein accord avec le Conseil permanent de l’épiscopat, prévoit donc de terminer sa mission à la fin de l’été 2020, soit deux ans avant l’échéance prévue. Par une lettre envoyée le 11 mai aux évêques de France, le prêtre stéphanois a fait part aux évêques de son intention de mettre fin avant terme au mandat qu’ils lui avaient donné il y a un an.  

Le Père Thierry Magnin a succédé au Père Olivier Ribadeau Dumas, qui est aujourd’hui recteur du sanctuaire de Lourdes. Les mandats de ce dernier comme secrétaire général (2013) et porte-parole de la CEF (2015) n’étaient pas renouvelables.

Un «tourbillon qui ne finit jamais»

Tout en soulignant beaucoup apprécier la grande richesse de cette charge dans ses multiples facettes et collaborations, le Père Thierry Magnin la décrit cependant, pour lui-même, comme un «tourbillon qui ne finit jamais», avec l’insatisfaction de ne pas pouvoir approfondir chaque domaine. Il ajoute qu’à 67 ans, «on peut souhaiter vivre plus sereinement ses engagements». Il a jugé préférable pour la CEF de remettre sa charge.

Soulignant «le climat de totale confiance et de vérité» vécu avec la Présidence de la CEF, y compris dans le discernement et l’accueil de cette décision, le Père Thierry Magnin «tient à remercier les évêques de France de la qualité des liens tissés».

Un poste exposé et très médiatique

De son côté, dans un courrier adressé aux évêques de France, Mgr Eric de Moulins-Beaufort, Président de la CEF, relève que les évêques travaillent avec lui avec bonheur. «Nous apprécions son entrain, sa capacité à entrer dans des perspectives à long terme, sa faculté à croire tout possible, sa confiance spontanée dans les personnes et leurs compétences. Nous bénéficions de la précision de son travail et de son engagement qui ne cherche pas le repos. Mais nous admirons qu’il ait pu décider d’entamer un tel discernement; nous y reconnaissons une liberté intérieure que nous saluons». Les autres membres du Conseil permanent partagent  cette attitude, souligne Mgr de Moulins-Beaufort.   

A ce poste très exposé et médiatique, le Père Thierry Magnin a dû faire face à des dossiers sensibles: révision des lois de bioéthique, mouvement social des «gilets jaunes», affaires de pédophilie dans l’Eglise, polémique sur les signes religieux dans l’espace public, et maintenant la crise du Covid-19, avec les négociations avec l’Etat pour la réouverture des églises et l’accès aux sacrements. Le chercheur pourra à nouveau se consacrer à l’un de ses thèmes favoris: les défis du transhumanisme (*). (cath.ch/be)

Un prêtre reconnu pour ses travaux scientifiques
Le Père Thierry Magnin avait pris ses fonctions auprès de la Conférence des évêques de France le 1er juillet 2019. En plus d’être prêtre et théologien, il est aussi physicien, et fut notamment lauréat du Grand prix de l’Académie des Sciences en 1991 et membre du Comité national du CNRS de 1995 à 2000. Passionné par la question de l’articulation entre la science et la foi, qui fut son sujet de thèse, il a exercé de nombreuses responsabilités dans le domaine universitaire, notamment comme recteur de l’Université catholique de Lyon de 2011 à 2019. Il est incardiné dans le diocèse de Saint-Etienne, dont il fut le vicaire général de 2002 à 2010.(*)

Dans Penser l’humain au temps de l’homme augmenté (Albin Michel 2017), le Père Thierry Magnin nous entraîne à discerner en quoi les progrès technologiques peuvent servir la dignité de l’homme ou asservir celui-ci en maximisant son utilité. Pour son ouvrage, Thierry Magnin a reçu le Prix Humanisme chrétien 2018.

Le Père Thierry Magnin, ancien recteur de l’Université catholique de Lyon et secrétaire général de la Conférence des évêques de France depuis le 1er juillet 2019 | © Jacques Berset
12 mai 2020 | 12:01
par Jacques Berset
Temps de lecture : env. 3  min.
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