Pandémie: au Royaume-Uni, les enfants souffrent de la faim
Au Royaume-Uni, trois millions d’enfants de familles vulnérables souffrent de la faim, depuis la fermeture des écoles imposée par la pandémie. Les ONG et les directions d’école tirent la sonnette d’alarme et se mobilisent.
Le problème se pose à l’échelle nationale. Trois millions d’enfants issus de familles à faibles revenus reçoivent normalement des repas scolaires gratuits, mais comme les écoles fermées n’offrent plus cette soupape aux enfants, les familles les plus pauvres sont au bord de la crise.
David Watson, qui dirige l’école secondaire catholique du Tyneside, dans le nord-est de l’Angleterre, alerte sur cette situation. Il demande au gouvernement d’améliorer son système de bons pour les enfants de familles vulnérables qui ont droit à des repas scolaires gratuits.
«J’entends des histoires de familles qui se battent tous les jours pendant la fermeture de l’école et d’enfants qui souffrent de la faim, explique David Watson, directeur de l’académie catholique St Thomas More dans le nord du Tyneside. Nous devons faire en sorte que toutes les familles dans le besoin sachent comment obtenir de l’aide et puissent le faire rapidement».
La pauvreté alimentaire
L’association britannique Citizens UK, qui œuvre pour la justice sociale, demande au gouvernement de confirmer que les écoles seront remboursées si elles émettent des bons alimentaires. Elle milite aussi pour étendre le système de bons pour couvrir la moitié du mois de mai et les vacances d’été plus longues : «Cette question met en évidence la pauvreté alimentaire en Grande-Bretagne.»
Selon David Watson, chaque année, pendant les six semaines de vacances d’été, les enfants qui bénéficient de repas scolaires gratuits lorsqu’ils sont à l’école ne reçoivent aucune aide, et les écoles ont dû intervenir. Au cours de la période de fermeture pendant la pandémie, son école a acheté des bons de supermarché pour aider environ 200 enfants de 160 familles vulnérables. D’autres écoles font de même.
Accès problématique à l’aide gouvernementale
Un programme gouvernemental visant à donner aux élèves des bons d’alimentation jusqu’à la réouverture des écoles a connu de nombreux problèmes, de nombreux parents n’étant pas en mesure de télécharger les bons ou de les échanger dans les supermarchés. Selon la Food Foundation, 31 % des enfants ayant droit à des repas scolaires gratuits n’ont toujours pas de substitut, ce qui laisse plus de 500 000 enfants sans nourriture.
Dans le sud-est du pays, la Catholic Children’s Society a apporté son soutien aux familles vulnérables. «Jusqu’à présent, nous avons pu aider plus de 2 300 enfants (1 400 familles) en finançant des aliments et des produits de première nécessité», a déclaré le Dr Rosemary Keenan, PDG de la société.
«Nous entendons parler de tant de familles qui passent à travers les mailles de l’aide gouvernementale. Les banques alimentaires sont débordées et ces familles sont au point de rupture absolu».
Douze francs pour vivre …
Il cite le cas d’une veuve, mère de deux jeunes enfants qui a perdu son emploi de femme de ménage à cause de la crise du coronavirus. Lorsque l’école de ses enfants a découvert qu’il ne lui restait que 10 livres, soit environ 12 francs suisses, pour subvenir aux besoins de sa famille jusqu’à ce qu’elle puisse reprendre le travail, «nous avons pu alléger la pression sur cette famille vulnérable en lui fournissant des fonds pour acheter de la nourriture pour les six prochaines semaines».
De son côté, Bernadette Fisher, directrice de la Brentwood Catholic Children’s Society, a indiqué que son association dispose d’un fonds de crise, qui lui a permis de distribuer des bons d’achat dans les supermarchés. Ici aussi, le constat est le même: depuis la fermeture des écoles, le nombre de familles dans la précarité a augmenté. Un appel spécial a donc été lancé pour compléter les fonds.
L’aide des écoles
Directeur de Caritas Salford, au nord-ouest de Manchester, Mark Wiggan observe lui aussi que les familles sans travail sont confrontées à la pauvreté alimentaire. Il est reconnaissant aux écoles de leur fournir des colis alimentaires et des bons pour nourrir leurs enfants. Il relève toutefois qu’il y a des différences entre les autorités locales sur la manière d’allouer cette aide et que certaines familles en difficulté n’y ont pas accès. (cath.ch/thetablet/et/cp)