Amsterdam: la maison d’Etty Hillesum menacée de disparition
A Amsterdam, la maison où a vécu Etty Hillesum, auteur et philosophe juive, déportée en 1943 à Auschwitz, où elle est morte le 30 novembre de la même année, est menacée de démolition. Une pétition circule pour sauvegarder le bâtiment.
Voir la maison d’Etty Hillesum à Amsterdam détruite par des bulldozers soulève une vague de réprobation internationale. L’immeuble de la Gabriel Metsustraat 6, au centre d’Amsterdam, doit faire place à un nouveau plan d’aménagement, effaçant ainsi une partie importante du patrimoine historique de la ville. Or c’est ici qu’Etty Hillesum a écrit en 1941 et 1942 ses journaux, qui ont atteint une notoriété internationale, en français sous le titre Une vie bouleversée: Journal (1941-1943).
Les autorités néerlandaises semblent insensibles aux protestations, indique le quotidien catholique italien Avvenire dans son édition du 26 avril 2020. Toutefois, à la demande de l’association Cuypers, qui se bat pour sauvegarder le patrimoine historique et architectural d’Amsterdam, l’inscription du bâtiment concerné sur la liste municipale des monuments a commencé. Ce n’est pas encore une décision finale, mais il y a de bons espoirs de sauver la maison de l’écrivaine et philosophe. La procédure d’urgence pour la désignation de l’ancienne maison d’Etty Hillesum comme monument municipal va peut-être la sauver de la démolition. Une pétition en ligne a été lancée.
Patrimoine mondial
La maison d’Etty Hillesum fait partie du patrimoine mondial et devrait le rester, écrit le conseiller municipal d’Amsterdam Tiers Bakker dans le quotidien néerlandais «Het Parool» (La Parole). Le politicien socialiste rappelle qu’Etty Hillesum «a écrit l’un des plus importants documents sur l’Holocauste».
Dans son journal intime (qui fait écho à celui d’Anne Franck, cachée dans un appartement à Amsterdam), Etty Hillesum rapporte comment la communauté juive amstellodamoise a subi des restrictions progressives, puis son internement dans les camps de transit, antichambre des camps de concentration.
Au camp de regroupement et de transit nazi de Westerbork
Elle s’engagera au camp de regroupement et de transit nazi de Westerbork, au nord-est des Pays-Bas. Elle y travaillera dans l’»assistance sociale aux personnes en transit» organisée par le Conseil juif, le «Judenrat» créé par les Allemands. Elle sera chargée d’enregistrer les noms des personnes partant en déportation, entre autres celui de la carmélite Edith Stein, sœur Bénédicte de la Croix. Elle sera à son tour déportée à Auschwitz avec sa famille.
Etty Hillesum évoque également, dans ses écrits, son propre cheminement spirituel qui la rapproche du christianisme, tout en gardant son amour de la vie et sa foi inébranlable en l’humain. Ce journal d’une grande sensibilité et plein de délicatesse, a rencontré un vaste écho dans les cercles chrétiens. Le témoignage de cette Néerlandaise, de culture européenne et d’ascendance juive, révèle les nuances subtiles des diverses traditions religieuses, un fil tendu entre le judaïsme et le catholicisme d’inspiration féminine et européenne. (cath.ch/bl)