Le pape délivre son plan pour «ressusciter» après la pandémie
Après cette pandémie, «nous ne pouvons pas nous permettre d’écrire l’histoire présente et future en tournant le dos aux souffrances de tant de personnes», considère le pape François dans une méditation publiée par l’hebdomadaire catholique espagnol Vida Nueva du 18 au 24 avril 2020. Dans ce texte intitulé ›Un plan pour réssusciter’, le pontife argentin invite les fidèles à changer leur mode de vie.
Cette pandémie nous a permis de prendre conscience de l’importance »d’unir toute la famille humaine dans la recherche d’un développement durable et intégral», estime le pape. L’effort solidaire du confinement, rendu possible grâce à chacun, prouve en effet que nos actes ne sont pas isolés. Cette leçon brise «le fatalisme dans lequel nous nous sommes plongés et nous rend architectes et protagonistes» d’une histoire commune.
A présent, «nous ne pouvons pas nous permettre d’écrire l’histoire présente et future en tournant le dos aux souffrances de tant de personnes», écrit le pontife argentin. «J’espère que se révèlera l’âme de nos peuples», souhaite-t-il en espérant que renaisse «ce réservoir (…) de foi et de charité dans lequel nous avons été engendrés», et si longtemps anesthésié.
Après cette pandémie, il est nécessaire de cultiver les anticorps de la justice, de charité et de solidarité, demande le pontife. «N’ayons pas peur de vivre l’alternative de la civilisation de l’amour», appelle-t-il : elle seule est le rempart contre l’anxiété et la peur, la tristesse ou encore le découragement. Cette civilisation se construit selon lui quotidiennement et sans interruption. Elle implique encore l’effort engagé de chacun.
Agir comme un seul peuple
C’est en effet agissant comme un seul peuple face aux autres épidémies futures, que l’impact sera réel, poursuit le successeur de Pierre. Ainsi il interroge : «serons-nous capables d’agir de manière responsable contre la faim dont souffrent tant de personnes, sachant qu’il y a de la nourriture pour tout le monde?» De même, allons-nous garder un silence complice devant ces guerres alimentées par des désirs de domination et de pouvoir ?
Cette pandémie permet de mettre en lumière que personne ne se sauve seul, ajoute le pontife. Devant la fragilité dont nous sommes faits, les frontières tombent, les murs s’effondrent et tous les discours fondamentalistes se dissolvent.
Pour l’évêque de Rome, il faudra donc changer nos modes de vie en adoptant un quotidien plus austère et humain qui permette une répartition équitable des ressources. A l’échelle internationale, il s’agira encore de cesser de nier les preuves de la dévastation de l’environnement et d’adopter des mesures. Car la mondialisation de l’indifférence continuera à nous tenter, prévient-il.
Une nouvelle imagination
Si l’homme pourrait vouloir instaurer des logiques substitutives ou palliatives pour survivre, le temps est pourtant venu d’une nouvelle imagination, portée par le seul réalisme de l’Evangile. En réalité, la source de ce renouvellement trouve pour le pontife son origine en l’Esprit saint. Celui-ci ne se laisse pas enfermer dans des schémas, des modalités ou des structures fixes, relève le pape.
Au contraire, il nous entraîne dans son mouvement afin de faire toute chose nouvelle. C’est donc en accueillant sa présence discrète et généreuse que nos horizons s’ouvriront et que nous pourrons faire face à «l’énorme et urgente tâche qui nous attend». De lui, émergera la vie nouvelle que le Seigneur veut générer à ce moment précis de l’histoire.
Pâques permet d’entrevoir que les efforts menés durant cette pandémie ne sont pas vains, déclare encore le pontife. Car chaque fois que «nous prenons part à la Passion du Seigneur qui accompagne la Passion de nos frères», surgira la nouveauté de la Résurrection. En effet, le Seigneur nous précède sur ce chemin.
La vie bat à nouveau
«La vie arrachée, détruite, anéantie sur la croix s’est réveillée et bat à nouveau», souligne le pape citant le théologien Romano Guardini. Cette espérance ne peut être volée, réduite au silence ou contaminée. Le Christ veut «ressusciter l’humanité dans son ensemble» et nous faire participer à la condition du ressuscité qui nous attend.
Porté par cette espérance, le pape argentin invite donc à croire que le Seigneur peut renouveler notre vie et celle de notre communauté. «Dieu n’abandonne jamais son peuple, il est toujours près de lui, surtout lorsque la douleur devient plus présente». C’est pourquoi la lourdeur de la pierre du sépulcre qui pèse sur l’avenir et menace d’enterrer tout espérance doit ainsi être changée en allégresse. (cath.ch/imedia/cg/mp)