Congo RDC: après le coronavirus, la famine?
Alors que le coronavirus n’a pas encore touché sérieusement l’est de la République démocratique du Congo, le danger le plus grave pourrait bien être celui de la famine, avertissent les Pères blancs de Bukavu.
«La diffusion du Covid-19 n’est pas dramatique mais nous ne pouvons la sous-évaluer. Nous devons mettre en place toutes les précautions possibles pour éviter d’être contaminés et pour aider la population à ne pas l’être», a expliqué à l’agence missionnaire vaticane Fides, le Père Alberto Rovelli, missionnaire à Bukavu, capitale du Sud Kivu. «Ici, à Bukavu, elle ne devrait pas concerner plus de 40 personnes et le virus n’a pas fait de victime. Il est cependant difficile de dire combien d’autres cas sont présents dans le reste du pays.»
Le chef de l’Etat, Félix Tshisekedi, a décrété l’état d’urgence dans un message télévisé le 25 mars, annonçant l’isolement de la capitale, Kinshasa, qui compte près de 18 millions d’habitants.
La messe suspendue
A Bukavu, les Pères blancs gèrent un centre de formation à la philosophie comptant de nombreux étudiants. Par précaution, ils ont suspendu les cours mais ont invité les jeunes à ne pas quitter la structure. « Notre maison – explique le Père Rovelli – est un peu isolée de la ville et se trouve peut-être pour cela également un peu plus à l’abri de la contamination. Les jeunes risqueraient certainement davantage s’ils retournaient dans leur famille. Pour les occuper, nous avons organisé des cours d’anglais et nous leur faisons faire des travaux manuels. Nous leur avons demandé de ne pas faire de visites à des amis et à des parents et de ne pas recevoir de visite ici, en communauté ».
L Les missionnaires ont réduit au maximum leurs sorties. Ils quittent la communauté seulement pour acquérir de la nourriture. L’activité pastorale est elle aussi ralentie. «Nous avons suivi les indications de nos évêques. La messe dominicale et les obsèques ont été suspendus.
Le Père Rovelli craint la diffusion du virus mais plus encore le possible manque de nourriture. «La peur fait actuellement de graves dommages. Les prix des denrées alimentaires ont augmenté fortement. Du Rwanda arrive encore quelque camions de farine mais lorsque les stocks finiront, comment feront les familles à se procurer la nourriture? J’ai reçu un appel téléphonique d’une mère de famille qui m’a dit qu’elle n’a plus rien à manger et pas d’argent pour acheter la nourriture pour ses enfants. Le danger est que le virus porte avec lui une famine qui pourrait se révéler plus létale que le virus lui-même». (cath.ch/fides/mp)