Pape François: «Le célibat des prêtres est une grâce, pas une limite»
Pour le pape François, le célibat des prêtres est une «grâce», et non pas une «limite». Le pontif argentin se dit en parfaite ‘syntonie’ sur la question du sacerdoce avec la pensée de son prédécesseur Jean Paul II.
Dans son San Giovanni Paolo Magno consacré au pape Jean Paul II et publié en italien le 11 février 2020, le Père Luigi Maria Epicoco rapporte les conversations familières qu’il a eu avec le pape François entre mars 2019 et janvier 2020. Le prêtre italien, auteur de plus d’une vingtaine d’ouvrages est également très actif sur les réseaux sociaux.
Si l’ouvrage est centré sur la figure de saint Jean Paul II, dont on fête cette année le centenaire de la naissance, le pape François se livre aussi sur des sujets concernant l’Eglise catholique toute entière: célibat des prêtres, place de la femme dans l’Eglise, idéologie du gender, etc. Ses réponses, constate-t-on avec l’auteur de l’ouvrage, conservent «la fraîcheur du dialogue» et «la saveur de la langue parlée».
Sur les pas de Paul VI, Jean Paul II et Benoît XVI
Le pape François assure ainsi être en «totale syntonie» avec la pensée de son prédecesseur polonais sur la question du sacerdoce. «Je suis convaincu que le célibat est un don, une grâce et, marchant dans le sillon de Paul VI puis de Jean Paul II et de Benoît XVI, je sens avec force le devoir de penser au célibat comme à une grâce décisive qui caractérise l’Eglise catholique latine». Puis s’exprimant avec force, le pape renchérit: le célibat des prêtres «est une grâce, pas une limite.»
Si les défis d’hier ont pu évoluer sur certains aspects, concède le pontife argentin, l’essentiel de la mission du pasteur reste inchangé. «La prière et l’annonce de la parole sont les deux devoirs fondamentaux de tout prêtre», souligne-t-il. Puis, un peu plus loin : le prêtre est avant tout appelé à montrer «l’amour miséricordieux» de Dieu. «Là où il y a un cœur miséricorideux, là se trouve le clair signe de l’action de Dieu».
Une question revient souvent dans les interrogations ecclésiales, celle du sacerdoce féminin. Une fois encore, l’évêque de Rome se veut catégorique et en parfait accord avec son prédécesseur : «la question n’est plus en discussion» depuis que Jean Paul II s’est prononcé sur le sujet de manière «définitive» à travers sa lettre apostolique Ordinatio sacerdotalis (1994).
La «dangeureuse» idéologie du genre
Trop souvent, la question féminine et celle du sacerdoce se trouvent liées selon des termes purement «fonctionnels», déplore le pape François, mais pas jugées selon leur importance. «Marie a un rôle et une dignité supérieure à celles des apôtres». Pour le pontife, la «leçon de la femme» est celle de la Sainte Vierge. La Mère du Christ est «celle qui sait lire les événements avec la promesse de Dieu, à travers la lumière de la promesse de l’histoire du Salut». Ainsi, «le rôle de la femme transcende la simple fonctionnalité».
Le pape François s’inquiète de l’un des maux actuels les plus graves selon lui : la théorie du gender, un projet idéologique qui ne tient compte ni de la réalité ni de l’unicité de chacun. Cette «dangeureuse» théorie cherche avant tout à «détruire à la racine» le projet de la Création de Dieu, «la diversité et la distinction». Cette «apparente uniformité» ne peut conduire selon le chef de l’Eglise catholique qu’à «l’auto-destruction».
La diversité est un sujet qui touche également le successeur de Pierre, note finalement le Père Epicoco. Après un pape slave, un pape latino-américain, «l’Eglise catholique serait-elle prête à avoir un pape qui vient d’Afrique ou d’Asie ?», interroge-t-il. Le choix du successeur de Pierre est toujours celui du Saint-Esprit, répond le pontife. L’Esprit-Saint devrait «continuer à nous surprendre», conclut-il. (cath.ch/imedia/pad/mp)
Le programme missionnaire du futur pape François
L’auteur de l’ouvrage révèle également une note manuscrite du pape François retraçant les grandes orientations pastorales qui lui semblaient importantes, en plein conclave, en 2013. Sur un papier confié au cardinal Jaime Lucas Ortega y Alamino, archevêque de La Havane (Cuba), le cardinal Bergoglio avait listé quatre idées clés.
En premier lieu, l’évangélisation implique un «zèle apostolique«. Evangéliser, écrivait le cardinal argentin, implique pour l’Eglise la «parresia de sortir d’elle-même». Au sens littéral, ce terme grec veut dire ‘liberté de tout dire’. Sortir pour aller vers les périphéries existentielles: «celles du mystère du péché, de la douleur, de l’injustice, de l’ignorance et de la foi, de toutes formes de misère». Si l’Eglise ne sort pas d’elle même pour évangéliser, elle court le risque de devenir «autoréférentielle» et alors de «tomber malade». Cette maladie porte un autre nom, le «narcissisme théologique». «L’Eglise, quand elle n’est pas autoréférentielle, sans s’en rendre compte, croit avoir sa propre lumière, arrête d’être le mysterium lunea (la lumière réfléchie, en latin) et donne lieu à ce mal aussi grave que la mondanité spirituelle».
En simplifiant, l’archevêque dessine deux images de l’Eglise : «l’Eglise évangélisatrice» qui n’hésite pas à sortir et «l’Eglise mondaine» qui vit centrée sur elle-même. «Ceci doit illuminer les possibles changements et réformes à réaliser pour le salut des âmes».
Enfin, à propos de l’identité du futur pape, le cardinal Bergoglio écrit déjà qu’il faut un homme qui, «avec la contemplation» et «l’adoration» de Jésus Christ, aide l’Eglise à sortir d’elle même pour aller vers les périphéries existentielles. Le futur pape devra l’aider à devenir une «mère féconde» afin de «vivre la douce et confortante joie d’évangéliser». PAD