La justice se prononce contre le retrait d'un bas-relief antisémite
Un tribunal allemand s’est prononcé le 4 février 2020, en appel, contre le retrait d’un bas-relief antisémite de l’église de Wittenberg où prêchait Luther, objet de controverse depuis des années.
Le tribunal de grande instance de Naumburg, à l’est du pays, a estimé que le bas-relief «ne portait pas atteinte à l’honneur des juifs» car il était «intégré dans un ensemble commémoratif», a expliqué son président Volker Buchloh.
Connu comme la «truie des juifs», le bas-relief montre des personnages et des porcelets tètant le lait d’une truie pendant qu’un rabbin soulève la patte et la queue de l’animal pour scruter son anus. Le motif animalier métaphorique visait à provoquer l’aversion pour les juifs. A huit mètres de hauteur, ce bas-relief orne depuis le Moyen Age l’Eglise Sainte-Marie de cette ville, berceau du protestantisme.
Une plaque informative placée à proximité en 1988, au temps de la RDA communiste, indique «sans équivoque» que la communauté de l’Eglise se distancie du contenu du bas-relief, a-t-il ajouté. La Cour a ainsi confirmé le verdict prononcé par un autre tribunal du district de Dessau-Rosslau. Le plaignant, Michael Düllmann, est un membre de la communauté juive allemande.
D’autres bas-reliefs similaires en Allemagne
Plusieurs dizaines d’édifices religieux, en Allemagne essentiellement, présentent une telle «truie des Juifs» en bas-relief ou en gargouilles, comme la cathédrale de Cologne ou la collégiale Saint-Martin de Colmar, en France.
Mais il dérange particulièrement à Wittenberg, d’autant plus que l’antisémitisme de Martin Luther a été abondamment documenté par les historiens. Il exhorta à l’époque à brûler les synagogues et rédigea le libelle «Des Juifs et de leurs mensonges».
A l’occasion du 500e anniversaire de la Réforme en 2017, des pétitions avaient circulé pour faire retirer l’oeuvre calomnieuse ou pour qu’elle soit assortie d’un monument explicatif la replaçant dans son contexte historique. La plaque actuelle au pied de l’édifice était jugée insuffisante. Le plaignant a encore la possibilité de faire un recours auprès de la Cour fédérale de Justice. (cath.ch/ag/cp)