Face à la répression, les catholiques prient de plus en plus à domicile | © Irayani Queencyputri/Flickr/CC BY-NC 2.0)
International

La Chine accélère sa politique de «sinisation» des religions

Introduite en février 2018, mais mise en œuvre intégralement dès février 2020, la politique de «sinisation» des religions du gouvernement chinois vise à placer les religions sous le contrôle de l’Etat. Les dirigeants chrétiens craignent une répression accrue, notamment des catholiques clandestins.

De nouvelles règles révisées l’an dernier et concernant toutes les religions sont entrées en vigueur le 1er février dans l’ensemble du pays, selon l’annonce faite l’an dernier par le Parti communiste chinois (PCC). Chaque religion sera désormais dirigée par une conférence nommée par l’Etat, qui fonctionnera comme son organe décisionnel suprême. Le président Xi Jinping l’avait déclaré en 2016, «la sinisation de la religion vise à adapter les religions à la société chinoise» et le PCC doit guider cette adaptation à la société socialiste.

Actif dans la province de Hebei, au nord-est de la Chine, le Père Li a déclaré à UCA News que les prêtres catholiques et les membres de l’Eglise s’étaient opposés à ces mesures qui les privent de leur position en plaçant leur Eglise sous le contrôle du PCC, mais qu’ils n’avaient pas réussi à les arrêter.

Les mesures révisées, incorporées dans six chapitres et 41 articles, exigent de toutes les organisations religieuses qu’elles «respectent la constitution, les lois, les règlements, les ordonnances et les politiques, adhèrent au principe d’indépendance et d’autonomie, se conforment aux directives sur les religions en Chine, mettant en œuvre les valeurs du socialisme». Elles incluent l’organisation, les fonctions, les bureaux, la supervision, les projets et l’administration financière des communautés religieuses aux niveaux national et local.

Répression accrue

Le père Li a déclaré que «Depuis l’introduction de ces règles, la communauté chrétienne en Chine a été témoin d’une persécution incessante, avec la démolition d’églises, l’interdiction de la vente de la Bible en ligne et l’arrestation de plusieurs centaines de chrétiens pour incitation à la subversion du pouvoir de l’État». Wang Baoen, un autre chrétien de la province de Shaanxi, a déclaré que l’Eglise dans sa région avait fait face à une répression sévère dans le passé, mais que les nouvelles règles vont la réprimer davantage.

«Le Parti communiste chinois ne considère pas l’église comme un lieu de respect de Dieu, et n’accepte pas non plus la position des prêtres»

Plus prosaïque, Cao Ruoser, un catholique de l’église clandestine du sud du Jiangsu, a déclaré que les nouvelles règles n’auront aucun effet sur eux. «Nous avons été opprimés par le Parti communiste chinois. Ils ne considèrent pas l’église comme un lieu de respect de Dieu, et n’acceptent pas non plus la position des prêtres. Nous ne pouvons pas l’accepter. Nous nous réunissons et nous assistons à la messe, donc ces nouvelles règles n’ont aucun impact sur nous».

Lui se déclare à l’abri d’une fermeture d’église, car il n’en a pas! Cependant, dit-il, pour les communautés clandestines qui ont des églises, «il peut y avoir un certain impact. Cependant, les groupes clandestins ont vécu une vie religieuse sans église pendant de nombreuses années, et tout au plus sont-ils retournés à leurs origines». (cath.ch/ucanews/cp)

Face à la répression, les catholiques prient de plus en plus à domicile | © Irayani Queencyputri/Flickr/CC BY-NC 2.0)
4 février 2020 | 12:27
par Carole Pirker
Temps de lecture : env. 2  min.
Chine (400), répression (15), Sinisation (4)
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