Entre autres: Rapport McCarrrick, nouvelle Constitution apostolique, exhortation post-synodale, le pape aura fort à faire en 2020 | © Antoine Mekary/ALETEIA/I.Media
Vatican

2020: un programme chargé pour le pape

Si aucun voyage n’a encore été annoncé, la septième année du pape François s’annonce chargée. Suivi de la législation en matière d’abus sexuels, nouvelle Constitution apostolique ou encore publication du rapport McCarrick: certains chantiers chers au pontife argentin semblent enfin arriver à leur terme.

L’année 2019 aura sans aucun doute été marquée par des événements phares, douloureux pour l’Eglise catholique. Du cardinal Barbarin en passant par l’Eglise chilienne dans la tourmente, la crise des abus sexuels et leur gestion aura été au cœur des préoccupations du pontife. 

Sur ce sujet très houleux des abus sexuels, en ce début d’année 2020, il est probable qu’un rapport sur l’affaire McCarrick soit délivré par le Saint-Siège. Le Vatican a annoncé depuis longtemps sa volonté de communiquer sur les agissements de l’ancien cardinal, assurant mener une enquête dans ses archives.

Ce rapport très attendu par les médias pourrait paraître en janvier. S’il est enfin publié plus d’un an et demi après que le Saint-Siège ait été secoué par l’affaire, c’est qu’à présent tout le dispositif nécessaire pour lutter contre les abus est en place. 

Le dernier pas en date effectué par le Saint-Siège en la matière a été la publication de l’instruction Normae de gravioribus à la veille de cette nouvelle année. Permettant la levée du secret pontifical pour les cas d’abus sexuels, celle-ci a constitué un pas en avant concret et une forme d’aboutissement de la part du Vatican. A présent, reste à savoir si la collaboration entre le Vatican et la justice civile de chaque pays sera effective et permettra davantage de transparence. 

En outre, chaque diocèse devra, d’ici le mois de juin, mettre en place la batterie d’actions concrètes exigées par Vos estis lux mundi, motu proprio publié en mai dernier rendant obligatoire la dénonciation des abus sexuels. Au pas de course, tous les diocèses devront se doter de «dispositifs stables et facilement accessibles» pour permettre le signalement d’abus sexuels sur mineurs.

La nouvelle Constitution apostolique publiée?

Autre tournant décisif dans le pontificat de François, la réforme de la Curie devrait, en 2020, se concrétiser avec la publication de la nouvelle Constitution ‘Praedicateevangelium‘ vouée à remplacer ‘Pastor Bonus’. Annoncée depuis plusieurs années, et sans cesse repoussée, ‘Praedicate evangelium‘ sera sans doute dévoilée au printemps. C’est du moins ce que laissent penser les récentes déclarations du cardinal Pietro Parolin, secrétaire d’Etat du Saint-Siège, sur le sujet comme le discours du pape à la Curie le 21 décembre dernier.  

Avec ce texte, François veut façonner sur le papier une Eglise en sortie, profondément «missionnaire», pour qui l’annonce de l’Evangile est un prérequis. Pour mener à bien cette «conversion anthropologique» dont l’Eglise a besoin, le pape argentin établira une convergence des objectifs entre la Congrégation pour la doctrine de la foi, congrégation souvent considérée comme l’organe le plus important du Saint-Siège, et la Congrégation pour l’évangélisation des peuples. Comme un signe tangible que la foi chrétienne ne peut exister sans être annoncée.

Pour préparer l’Eglise à ce tournant missionnaire, le chef de l’Eglise catholique a récemment nommé le cardinal Luis Antonio Tagle à la tête de la Congrégation pour l’évangélisation des peuples. Théologien mais aussi connecté aux réalités du terrain il incarne cette Eglise aux périphéries voulue par le pape argentin.

Une exhortation post-synodale à paraître 

En ce début 2020, le pape fera également paraître son exhortation suite à la tenue du synode sur l’Amazonie d’octobre dernier. Il se prononcera sur les suggestions votées par les 181 Pères synodaux et en premier lieu sur celle visant à permettre l’ordination sacerdotale de diacres permanents mariés pour pallier aux «difficultés» d’accès à l’eucharistie de certaines communautés. Autre point sur lequel l’évêque de Rome devra trancher: la réouverture ou non de la commission d’études sur le diaconat féminin.

Quelle que soit sa position sur ce dernier point, le successeur de Pierre aura en tout cas à cœur de donner une place toujours plus grande aux femmes au sein de l’Eglise en 2020. S’il a martelé que leur mission ne saurait se limiter à une simple fonction, le pape François pourra procéder à d’autres nominations de femmes à des postes à responsabilité. La présence de femmes candidates au poste de préfet du Secrétariat pour l’économie tout comme ses déclarations bien souvent improvisées sur le sujet laissent penser qu’une femme pourrait prendre la tête d’un dicastère. Dans l’ensemble, le pape pourrait joindre les gestes à la parole en valorisant la collaboration des laïcs au sein de l’Eglise.

Aucun voyage à l’étranger officiellement annoncé

Concernant ses déplacements, c’est d’abord sur le sol italien que de manière certaine, le pape argentin est déjà attendu. Le chef de l’Eglise se déplacera à Lorette à une date inconnue mais aussi à Bari le 20 février à l’occasion d’une réunion de réflexion et de spiritualité pour la paix et les migrants baptisée ‘La Méditerranée, une frontière de paix’. Notons encore qu’il se rendra à Assise fin mars pour présider une rencontre sur l’économie. Cette volonté de réformer le monde économique sera accompagnée d’un nouveau souffle dans le domaine de l’éducation: le 14 mai à Rome, il lancera un événement voué à ‘reconstruire le pacte éducatif mondial’

Hors d’Italie, aucun voyage n’a encore été annoncé. Un pèlerinage historique est cependant à l’étude: l›Irak, pays dans lequel le pape a été formellement convié. Le contexte sécuritaire de cet Etat rend cependant un tel déplacement difficile. Pays voisin et cité par le pape lors de son urbi et orbi, le Liban pourrait apparaître comme une option plus sage et permettrait au pontife de délivrer une voix forte au Proche-Orient en matière interreligieuse.

Autre destination possible, le Soudan du Sud. Si ce pays est actuellement miné par une guerre civile, le pape François et son homologue anglican, l’archevêque de Cantorbéry, Justin Welby, semblent espérer qu’un dénouement positif soit possible. A Noël, ils ont encore rappelé aux leaders du Soudan du Sud qu’ils s’y rendraient ensemble si la situation politique de leur pays «devait permettre l’établissement d’un gouvernement transitoire d’unité nationale dans les 100 prochains jours». Si déplacement il y avait, ce voyage serait annoncé en février. (cath.ch/imedia/cg/cd/bh)

Entre autres: Rapport McCarrrick, nouvelle Constitution apostolique, exhortation post-synodale, le pape aura fort à faire en 2020 | © Antoine Mekary/ALETEIA/I.Media
8 janvier 2020 | 14:30
par I.MEDIA
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