Donald Trump, déjà en campagne pour sa réélection, veut cimenter le soutien des évangéliques | © Flickr/G. Skidmore/(CC BY-SA 2.0)
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Donald Trump lance l’année 2020 en s’affichant avec les évangéliques

Le président américain a tenu un meeting le 3 janvier dans la megachurch hispanique King Jesus International Ministry de Miami. Candidat à sa réélection, en novembre prochain, il a bénéficié du soutien massif des évangéliques en 2016 et compte sur eux pour décrocher un deuxième mandat.

Lors de ce rassemblement, Donald Trump a déclaré que «tous les candidats démocrates qui briguent la présidence essayent de punir les croyants». Il a ajouté être «convaincu que Dieu est de notre côté», avant de passer en revue les grands thèmes chers à son auditoire, immigration et avortement en tête. 

D’ores et déjà en campagne pour l’élection présidentielle du 3 novembre prochain, le président américain compte sur l’électorat des chrétiens évangéliques pour décrocher un deuxième mandat. Ils représentent en effet le socle de son électorat: un Américain sur quatre est évangélique, selon le Pew Research Center, un institut de statistiques et de recherches en sciences sociales.

Les évangéliques, qui sont aux Etats-Unis la première famille religieuse du pays, devant les catholiques et les protestants traditionnels, ont été 81% à soutenir Donald Trump lors de son élection en 2016 et leur adhésion reste, pour l’heure, très forte. Selon le Public Religion Research Institute (PRRI), 77 % d’entre eux approuvent son travail à la Maison-Blanche et l’écrasante majorité d’entre eux (98 %) sont opposés à sa destitution. 

Blancs chrétiens en minorité

Pour Robert P. Jones, président du PRRI, l’attrait pour l’ancien homme d’affaires de New York tient d’abord à sa promesse de «bâtir un mur» à la frontière avec le Mexique et à celle, plus diffuse, d’empêcher ou de ralentir les «profonds changements» en cours au sein de la société américaine. Les blancs chrétiens, explique-t-il à l’AFP, qui étaient majoritaires aux Etats-Unis il y a dix ans, ne représentent désormais plus que 42% de la population.

Reste que le président républicain, qui n’a jamais cherché à élargir ce socle électoral, doit jouer serré. Son érosion, même minime, pourrait être fatale dans des Etats clés comme la Floride, qui lui ont permis de remporter le collège électoral il y a trois ans, en dépit d’un déficit de près de trois millions de voix au niveau national sur Hillary Clinton.

Édito au vitriol

Or un éditorial au vitriol publié juste avant Noël par un magazine évangélique, Christianity Today, a semé le doute. Il se prononçait sans détour en faveur de la destitution de Donald Trump. «Les faits dans ce cas précis sont sans ambiguïté», écrivait Mark Galli, son rédacteur en chef, dénonçant l’utilisation de sa position pour pousser son homologue ukrainien à discréditer l’un de ses opposants, l’ex-vice-président démocrate Joe Biden. «Ce n’est pas seulement une violation de la Constitution (…) c’est profondément immoral».

Sans surprise, la réplique du locataire de la Maison Blanche a été cinglante. «Aucun président n’a fait davantage pour les évangéliques ou pour la religion elle-même!», a-t-il écrit, qualifiant la publication de «magazine d’extrême gauche». L’organisation du meeting du 3 janvier apparaît aussi comme une réponse directe à la charge de Christianity Today, afin de cimenter le soutien des chrétiens évangéliques.

Soutien évangélique

Face à l’édito du Christianity Today, nombre de figures du mouvement évangélique ont aussi fait corps. L’un des fils du célèbre pasteur Billy Graham, fondateur du magazine décédé début 2018, a donné de la voix. «Mon père connaissait Donald Trump, croyait en Donald Trump et a voté pour Donald Trump», a assuré Franklin Graham, affirmant qu’il aurait été «très déçu» par ce texte.

Tony Perkins, président du Family Research Council, organisation phare de la droite religieuse, voit lui dans l’éditorial de Christianity Today une «voix isolée» et assure n’être pas inquiet «du tout» d’un éventuel fléchissement du soutien évangélique. «Je pense que l’adhésion est aussi forte qu’en 2016, si ce n’est plus forte», explique-t-il à l’AFP.

L’élection de Donald Trump fin 2016 a souligné le renforcement politique des courants religieux conservateurs aux États-Unis et favorisé leur expansion. Durant ses trois années à la Maison-Blanche, le président américain a notamment remanié la composition de la Cour suprême, la plus haute instance judiciaire du pays.

Les conservateurs espèrent que cela conduira à une remise en cause de l’arrêt historique de 1973, «Roe v. Wade», qui avait légalisé l’avortement. Dans cette perspective, plusieurs Etats américains ont adopté des lois très restrictives sur l’IVG, comptant sur des recours pour provoquer un nouvel arbitrage de la Cour suprême. (cath.ch/ag/lcr/jcp/cp)

Donald Trump, déjà en campagne pour sa réélection, veut cimenter le soutien des évangéliques | © Flickr/G. Skidmore/(CC BY-SA 2.0)
7 janvier 2020 | 09:18
par Carole Pirker
Temps de lecture : env. 3  min.
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