François: les violences faites aux femmes, une «profanation de Dieu»
Le «niveau d’humanité» se mesure à la façon dont est considéré le corps de la femme, a déclaré le pape François le 1er janvier 2020 à l’occasion d’une messe célébrée à la basilique Saint-Pierre au Vatican. Le pontife a appelé à libérer le corps de la femme des «autels profanes» du consumérisme.
Le pape François, à l’occasion de la solennité de Sainte Marie Mère de Dieu, a dénoncé comme une «profanation» les violences faites aux femmes et l’exploitation de leur corps à travers «le consumérisme» et «la pornographie».
Sans les femmes, «sources de vie», point de salut
Au premier jour de l’année civile, l’Eglise catholique célèbre les noces entre Dieu et l’homme, «inaugurées dans le sein d’une femme». C’est par la Sainte Vierge, Mère de Dieu, que le salut a été apporté sur la terre et qu’a été inaugurée la «révolution de la tendresse», a expliqué le pontife argentin. Sans les femmes, «sources de vie», point de salut, a-t-il noté.
Trop souvent cependant, ces dernières sont «offensées, battues, violentées, poussées à se prostituer et à supprimer la vie qu’elles portent en elles», a déclaré le pape François. Or, toute violence faite aux femmes est une «profanation de Dieu», a-t-il poursuivi. «De la façon dont nous traitons le corps de la femme, nous comprenons notre niveau d’humanité».
Le corps de la femme doit être «libéré du consumérisme»
Combien de fois le corps de la femme a été «sacrifié sur les autels profanes de la publicité, du gain, de la pornographie», exploité comme quelque chose à utiliser, a encore dénoncé le chef de l’Eglise catholique au cours de sa première intervention publique de l’année 2020. Chair «la plus noble» du monde, le corps de la femme doit être «libéré du consumérisme», respecté et honoré, a-t-il demandé.
Aujourd’hui encore, la maternité est «humiliée», a ajouté le primat d’Italie, parce que l’unique croissance qui importe est économique. L’évêque de Rome, très attentif au sort des migrants, a évoqué ces nombreuses mères prenant le risque de voyages dangereux à la recherche d’un avenir meilleur pour leurs enfants. Elles sont cependant jugées par des personnes qui ont «le ventre plein» et «le cœur vide» d’amour, a-t-il déploré.
«Une conquête pour la femme est une conquête pour l’humanité»
Le propre de la femme est de «prendre à cœur la vie», a indiqué le ‘serviteur des serviteurs’. Selon lui, la femme montre que le sens de la vie ne consiste pas à produire des choses, mais à «prendre à cœur les choses qui existent». Seul celui qui regarde avec le cœur voit bien, parce qu’il sait «regarder à l’intérieur»: la personne au-delà de ses erreurs, le frère au-delà de ses fragilités, l’espérance dans les difficultés, Dieu en tout.
Un monde meilleur suppose d’avoir à cœur la dignité de toute femme, a par ailleurs souligné le pape François. La femme est «donneuse et médiatrice de paix», a-t-il ainsi martelé, et doit être pleinement associée aux processus décisionnels. Lorsque les femmes peuvent transmettre leurs dons, le monde se trouve «plus uni et plus en paix». Pour cela, a-t-il confié, «une conquête pour la femme est une conquête pour l’humanité entière».
Le démon cherche à diviser l’Eglise
Ennemi de la nature humaine, le diable cherche à diviser l’Eglise catholique en mettant au premier plan les différences, les idéologies, les pensées partisanes et les partis, a averti le pontife argentin. «Mais nous ne comprenons pas l’Eglise si nous la regardons à partir des structures, des programmes et des tendances: nous en cueillerons quelque chose, mais pas le cœur».
Pour sa première messe de la nouvelle année, le pape a conclu son homélie en demandant aux fidèles de se mettre debout et de répéter par trois fois: «Sainte Mère de Dieu !» (cath.ch/imedia/pad/be)