Sur Vatican News, Mgr Morerod s’exprime sur le suicide assisté
«Il y a un manque d’espoir. En Suisse, nous sommes dans une société trop matérialiste», affirme Mgr Charles Morerod, interviewé le 14 décembre 2019 sur Vatican News. L’évêque de Lausanne, Genève et Fribourg (LGF) y commente les «Orientations pastorales» concernant le suicide assisté, publiées récemment par la Conférence des évêques suisses (CES). Le document réaffirme que cette pratique est «radicalement contraire au message évangélique».
«En Suisse, le suicide est répandu. Le nombre de personnes qui choisissent de s’ôter la vie est assez élevé», constate Mgr Charles Morerod, dans un très bon italien, au micro de Vatican News. «Ceux qui ont de l’argent pensent qu’ils peuvent tout acheter. Mais à un certain moment, ils se retrouvent désespérés parce qu’avec de l’argent on n’achète pas le bonheur», affirme-t-il.
«Mais il y a aussi la pression de la famille. Quand une personne vieillit, cela coûte beaucoup d’argent et donc les proches risquent d’hériter moins. C’est cynique. Les membres de la famille disent alors : regarde, ta vie n’est plus satisfaisante et cela coûte beaucoup à la société…»
Réponse aux doutes des aumôniers
Selon l’évêque de LGF, le document de la CES, intitulé «Comportement pastoral face à la pratique de l’aide au suicide», est une réponse aux doutes exprimés par beaucoup de prêtres qui se trouvent face à cette situation pastorale nouvelle. Ils sont en effet de plus en plus confrontés à des personnes qui ont opté pour le suicide assisté, mais qui, avant de passer à l’acte, désirent le réconfort d’un aumônier.
Dans sa nouvelle prise de position en faveur de la vie, la CES souligne l’importance d’aller trouver ces hommes et ces femmes. «Parce qu’il y a toujours de l’espoir qu’au dernier moment ils pourraient y renoncer, repenser», assure Charles Morerod, en précisant qu’il faut aussi prendre en compte la question des sacrements. Car les prêtres ne peuvent pas donner l’absolution à une personne qui veut commettre un péché de façon intentionnelle.
«Et puis il y a le danger du découragement des proches. Ceux qui sont témoins d’un suicide, ou de sa préparation, peuvent en effet se dire : qu’aurais-je pu faire de plus pour l’éviter ?», remarque Mgr Morerod.
Oui à la personne, non au geste
«La règle générale est qu’il ne faut pas laisser la personne qui veut se suicider seule, parce qu’un changement d’avis ou une repentance in extremis sont toujours possibles. Mais au début du protocole médical, les personnes qui représentent l’Église doivent quitter la salle», précise l’évêque romand.
«Car il ne faut pas donner l’impression que l’Église approuve ce geste», explique le prélat suisse, qui est aussi membre de la commission de bioéthique de la CES. «Peut-être le prêtre ou l’agent pastoral laïc pourra-t-il revenir plus tard, afin de ne pas laisser la famille dans la douleur. Mais il faut évaluer au cas par cas. Chaque situation est différente».
Quand à savoir, si la possibilité que la position de l’Eglise en Suisse puisse contribuer à une modification de la législation en rapport au suicide assisté, Mgr Morerod est catégorique: «Nous, les Suisses, nous votons très souvent et lorsque le peuple est en faveur de quelque chose, il n’y a rien à faire. L’Église en Suisse essaye de faire changer les mentalités, mais elle n’y arrive pas.» (cath.ch/vaticannews/fp/dp)