Mgr Marc Ouellet, préfet de la Congrégation pour les évêques | © Joshua Lanzarini/Flickr/CC BY-NC-ND 2.0)
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Cardinal Ouellet: 30% des prêtres sollicités n'acceptent pas la mitre

Dans une interview au site Vida Nueva Digital, le cardinal canadien Marc Ouellet, préfet de la Congrégation pour les évêques, révèle que le nombre de ceux qui n’acceptent pas la mitre d’évêque a triplé au cours des dix dernières années.

30 % des prêtres que le pape François choisit pour être ordonnés évêques rejettent cette offre, un chiffre trois fois plus élevé qu’il y a dix ans, affirme le prélat québécois. «Quand je suis arrivé ici [à Rome, où depuis juin 2010, il occupe les fonctions de préfet de la Congrégation pour les évêques, ndlr] il y a près d’une décennie, un sur dix n’acceptait pas, pour des raisons personnelles ou autres. Maintenant, c’est trois sur dix», révèle le cardinal Marc Ouellet, préfet de la Congrégation pour les évêques, dans une longue entrevue qui sera publiée dans le prochain numéro de la revue catholique espagnole Vida Nueva.

«C’est peut-être parce qu’ils ne se sentent pas capables, qu’ils manquent de foi, qu’ils ont des difficultés dans leur vie ou qu’ils préfèrent ne pas courir le risque de nuire à l’Eglise. Cela est dû à diverses raisons qui sont respectées», explique le cardinal de curie, dont la congrégation joue un rôle central dans la sélection des nouveaux évêques par le pape.

Le Québécois met cette situation en relation avec la «crise générale de foi» qui se vit dans une bonne partie du monde et qui se manifeste aussi «dans le mariage, dans la vie consacrée, dans la vie sacerdotale et dans la culture».

Moins de professeurs, plus de pasteurs

Le cardinal Ouellet, en dressant en quelque sorte un «portrait-robot» de l’évêque idéal, estime que dans le monde d’aujourd’hui, l’Eglise a besoin de «moins de professeurs et de plus de pasteurs», des pasteurs pénétrés de «l’odeur de leurs brebis», comme le demande le pape François. Des prêtres qui ont de l’empathie et un intérêt pour «les plus pauvres et les plus éloignés».

«Si nous prenons davantage soin de ceux qui souffrent, des abandonnés, des pauvres qui luttent pour survivre, toute la communauté est en mission et se renouvelle ainsi par le moyen de la charité concrète», assène-t-il.  «Il ne suffit pas de souligner les vérités de la foi, car la culture a tellement changé au cours des 40 dernières années qu’il faut entrer dans une nouvelle ère du dialogue».

Et de déplorer qu’il y a même des «prêtres et évêques» qui n’ont pas encore compris pleinement ce concept. Les pauvres ne sont pas une idéologie pour le pape, poursuit-il, mais quelque chose d’évangélique. Et si la mission n’est pas précédée de la charité, «l’explication ne passe pas, la parole ne pénètre pas». (cath.ch/vidanueva/be)

Mgr Marc Ouellet, préfet de la Congrégation pour les évêques | © Joshua Lanzarini/Flickr/CC BY-NC-ND 2.0)
11 décembre 2019 | 16:22
par Jacques Berset
Temps de lecture : env. 2  min.
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