L’Eglise catholique s’éveille à la transition écologique
En Suisse romande, les initiatives concrètes en faveur d’une transition écologique sont encore rares, côté catholique, comparées à la Suisse alémanique et aux réformés. Les processus de labellisation et la sensibilisation n’en sont qu’à leurs débuts.
Les initiatives pratiques, qui permettent aux couvents, aux paroisses et aux familles d’entamer en Suisse romande une conversion écologique sont moins développées chez les catholiques que chez les protestants. Le constat est celui de Kurt Aufdereggen, responsable des questions pratiques auprès d’œco Eglise et environnement, l’organe de consultation pour les questions écologiques reconnu par la Conférence des évêques suisses (CES) et la Fédération des Eglises Protestantes de Suisse (FEPS). Il ne mentionne que deux projets, celui du Centre de Sainte-Ursule, à Fribourg, et de l’Eglise de Beurnevésin, dans le canton du Jura.
Depuis mai 2018, celle-ci est engagée dans un processus de labellisation du Coq Vert, un label allemand visant à mettre en place un système de management environnemental pour réduire l’impact des activités de la paroisse (efficience énergétique des bâtiments, gestion des déchêts, mobilité, etc.). «C’est la première paroisse de Suisse romande qui a engagé cette démarche», souligne Fabien Vallat, un coach formé pour les accompagner. «On bouge moins vite qu’en Suisse allemande, observe-t-il, mais je pense que la dynamique liées aux élections fédérales va amener une vraie prise de conscience».
Une analyse de l’empreinte CO2 de l’évêché de Fribourg, ainsi que des bureaux des vicaires épiscopaux de Genève, Lausanne, Fribourg et Neuchâtel est par ailleurs aussi en cours. Les résultats devraient être connus en 2020.
État embryonnaire
Du côté de certaines paroisses, comme celle de Saint-Joseph à Lausanne ou de l’Unité Pastorale Chasseron-Lac à Yverdon, un autre projet se met en place pour une démarche de labellisation sur le modèle du label français Église verte. «Mais il en est à l’état embryonnaire», explique Alain Viret, formateur au Centre Catholique Romand de Formations en Eglise.
En Valais, la préoccupation écologique n’en est aussi qu’à ses débuts. Président de la Commission Diocésaine d’Art Sacré (CDAS), Stéphane Vergère confirme que moins de cinq paroisses ont fait la demande pour installer des panneaux photovoltaïques sur leur toiture. «Ce sont surtout celles des années 70 et 80 avec toiture plate, comme l’église de Maze, dont le projet de toiture solaire vient d’être accepté». Celles qui doivent être restaurées suivent, cela dit, les directives du Canton en matière d’efficacité énergétique, précise-t-il. En revanche, deux églises ont reçu un veto du canton, car elles étaient classées monuments historiques. «On ne fait pas de promotion active, mais on suit les demandes», résume le chancelier épiscopal.
Les débuts de la sensibilisation
La réflexion et la sensibilisation aux questions écologiques démarre elle aussi doucement. Organisé du 25 au 27 novembre prochain, à l’Hôpital des Bourgeois, à Fribourg, le colloque sur l’écologie intégrale, organisé conjointement par le Centre Catholique Romand de Formations en Eglise (CCRFE) et l’Institut européen d’études anthropologiques Philanthropos, est «le premier colloque sur ces questions», confirme Alain Viret, formateur au CCRFE. Au programme, état des lieux de notre maison commune et écologie intégrale à l’école du pape François.
L’association œco Eglise et environnement organise enfin des journées des conseils de paroisse, comme celle qui se tiendra le 16 novembre à Morges. Des rencontrent qui abordent la question sous l’angle spirituel, avec un atelier lié au message de l’encyclique du Pape François Laudato si, et sous l’angle pratique, avec un atelier sur la gestion énergétique. (cath.ch/cp)