Le cardinal Dominik Duka, avec une délégation d'évêques tchèques, a rencontré le pape émérite Benoît XVI le 11 novembre 2019 | © Vatican Media
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Le pape émérite Benoît XVI reçoit la visite d'évêques tchèques

En pèlerinage à Rome, une délégation d’évêques de la République tchèque a rendu visite au pape émérite Benoît XVI le 11 novembre 2019 au Vatican, a annoncé le portail officiel Vatican News. Les prélats étaient menés par l’archevêque de Prague, le cardinal Dominik Duka.

La Conférence épiscopale tchèque organise du 11 au 13 novembre un pèlerinage autour de sainte Agnès de Bohème (1205-1282), sainte patronne de la Bohême, l’une des régions de la République tchèque.

Quelque 2’000 catholiques de ce pays et une délégation du parlement national accompagnent les évêques sur les traces de celle que le pape Jean Paul II a inscrite dans le martyrologe romain le 12 novembre 1989, il y a tout juste trente ans.

«Révolution de velours»

La canonisation de la fille du roi de Bohème Ottokar Ier Premysl et de Constance de Hongrie a ouvert un espace nécessaire «pour proclamer l’Evangile librement», a ainsi confié Mgr Jan Vokál, évêque de Hradec Králové.

Quelques jours après la reconnaissance de la sainteté de cette clarisse commençait en effet le début de la «révolution de velours». Sans aucune effusion de sang, cette révolution a entraîné en un mois la chute du régime communiste et la fin de la République socialiste tchécoslovaque. PAD

Dominik Duka, 30 ans après

Comment le cardinal Dominik Duka, archevêque de Prague, a-t-il vécu la chute du Mur de Berlin en 1989 ? Il se souvient avec émotion de ce passage délicat. Lui qui était ouvrier de l’usine Skoda à Pilsen ouvre l’armoire à souvenirs pour le journal allemand Die Tagespost:»Le 12 novembre 1989, Agnès de Prague a été canonisée à Rome. C’était la première fois depuis 40 ans que la télévision tchécoslovaque transmettait une cérémonie du Vatican».

«L’Eglise a été dirigée comme l’Eglise allemande

Pourtant le passage à la liberté, sans la tutelle communiste, ne fut pas un long fleuve tranquille, même pour les catholiques: «L’Eglise a été dirigée comme l’Eglise allemande. Cela a posé deux problèmes: nous n’étions pas des bureaucrates rigoureux comme les Allemands, mais étions davantage sous le régime de l’improvisation à la slave. Et nous n’étions pas une Eglise grande et puissante comme en Allemagne ou en Autriche. Mais il faut dire que 80% de l’aide financière que nous avons reçue à ce moment-là provenait de l’espace germanique: d’Allemagne, d’Autriche et de Suisse».

«Quelque chose au-dessus de nous»

La République tchèque actuelle, issue de la division de l’ancienne Tchécoslovaquie, fait face à des questions délicates, en raison de son histoire particulière: «Le 20e siècle a été pour l’Eglise de mon pays, dit de manière métaphorique, le temps du génocide. Après la Première Guerre mondiale, fut fondée l’Eglise tchécoslovaque, l’actuelle Eglise hussite tchécoslovaque, par des prêtres catholiques modernistes. Un quart des Tchèques y a adhéré. Et après la Seconde Guerre mondiale, un quart des catholiques a été renvoyée avec les Allemands habitant les Sudètes. Le diocèse de Litomerice (Leitmeritz en allemand) a perdu 70% de ses prêtres, Prague 40%. Ce fut une catastrophe. Et après trois ans, nous avons eu la dictature communiste qui avait la volonté délibérée de liquider l’Eglise». Du coup, la sécularisation est forte en Tchéquie. «La foi de notre peuple est un ›quelque chose-isme’, la croyance que quelque chose existe au-dessus de nous. En un sens, c’est le fondement pour une nouvelle évangélisation, mais nous avons aussi besoin de vraie philosophie», indique le cardinal Duka, qui milite pour un retour à une formation théologique sérieuse. (cath.ch/tgpost/bl)

Le cardinal Dominik Duka, avec une délégation d'évêques tchèques, a rencontré le pape émérite Benoît XVI le 11 novembre 2019 | © Vatican Media
13 novembre 2019 | 14:03
par Bernard Litzler
Temps de lecture : env. 2  min.
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